Chronique Que reviennent ceux qui sont loin de Pierre Adrian

Chronique – Que reviennent ceux qui sont loin de Pierre Adrian

Que reviennent ceux qui sont loin de Pierre Adrian

Contemporain

Date de lecture : 27-29 sept. 2022

J’ai découvert ce livre grâce à la chronique de Frédéric, du blog « La culture dans tous ses états ».

« Mais en Bretagne, dans cette terre que j’avais laissée vivre sans moi, qui n’avait pas changé, où de vieux parents se faisaient enterrer, un sentiment beau et douloureux d’appartenance émergeait désormais. Si notre pays est celui où l’on a les plus grands souvenirs, alors j’étais d’ici. Alors j’étais de cette terre entre dunes, champs et bruyères, de cette presqu’île lovée entre deux bras de mer. »

Le narrateur a une petite trentaine d’années lorsqu’il revient passer l’été dans la maison familiale en bord de mer. Cette maison, c’est le lieu des retrouvailles estivales de toute une tribu, où chacun à tour de rôle occupe les chambres, durant quelques jours ou quelques semaines. Oncles, tantes, cousins, cousines, enfants, les générations se succèdent autour de la grand-mère, ce pilier à la mémoire chancelante.

Cette grande maison en Bretagne, c’est comme une parenthèse hors du temps, où l’on vit au rythme langoureux de l’été. Non sans une certaine nostalgie, le narrateur observe son entourage, hypnotisé par toutes ces habitudes qu’il connaît bien, réminiscences d’une enfance révolue, mais omniprésente. Voilà dix ans qu’il n’était pas revenu, mais les sensations d’autrefois sont toujours là, immuables. Dans une ambiance chaleureuse, parfois festive, on profite nous aussi de cet été en famille et de ces soirées entre amis. On entend le chant de la vaisselle à l’heure des repas, on apprécie le calme à l’heure de la sieste et la lecture sur la plage de sable fin. Un récit qui alterne souvenirs et vie quotidienne.

J’ai été particulièrement touchée par ce roman, alors même qu’il y a assez peu de personnages auxquels s’attacher. La majorité d’entre eux ne sont pas nommés, tout juste évoqués de manière très générale. Pourtant, certains se démarquent pour le narrateur, qui leur voue une affection particulière, le petit cousin, la copine notamment.

Une partie de ce roman est une petite Madeleine de Proust, qui m’a replongée dans mes propres souvenirs d’enfance. Dans ces vacances d’été faites d’éclats de rire, de vie, d’allées et venues dans la maison des grands-parents. Aussi à l’instar du protagoniste, j’ai ressenti un petit pincement au cœur à l’issue de ces grandes vacances, observant avec tristesse les valises fermées, les draps retirés, les chambres vides. Le bruit qui laisse place au silence. La rentrée qui s’annonce, début de l’autre vie, la vraie, celle de tous les jours.

Puis j’ai basculé de mon petit nuage pour revenir à la réalité. J’ai compris toute la mélancolie dans les mots et j’ai succombé à une plus grande émotion. Avant cela, je croyais que ce roman racontait simplement le bonheur, et cela me contentait. J’aurais voulu rester à jamais en été, sacraliser cette maison aux couleurs de la joie, à la manière d’un sanctuaire. J’aurais voulu ne jamais avoir à y revenir, ne jamais avoir à grandir.

Un roman qui engage le lecteur, lui rappelle inévitablement son propre vécu, même s’il n’est pas similaire. Un roman d’une grande force évocatrice, sublimé par une plume délicate, qui m’a beaucoup émue.


Infos et Quatrième de couverture

Que reviennent ceux qui sont loin de Pierre Adrian
Edition : Gallimard – Parution : 18/08/2022 – 192 pages – ISBN: 9782072989681 – Genre : Littérature.

« Là, sur la route de la mer, après le portail blanc, dissimulées derrière les haies de troènes, les tilleuls et les hortensias, se trouvaient les vacances en Bretagne. Août était le mois qui ressemblait le plus à la vie. »

« Après de longues années d’absence, un jeune homme retourne dans la grande maison familiale. Dans ce décor de toujours, au contact d’un petit cousin qui lui ressemble, entre les après-midis à la plage et les fêtes sur le port, il mesure avec mélancolie le temps qui a passé. Chronique d’un été en pente douce qui commence dans la belle lumière d’août pour finir dans l’obscurité, ce roman évoque avec beaucoup de délicatesse la bascule de l’enfance à l’âge adulte. »

 

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Cet article a 9 commentaires

  1. Bibliofeel

    C’est effectivement un roman que j’ai lu en observant mon propre vécu ! Un roman de mémoire tout à fait bien écrit et intéressant !

    1. Caroline

      Je crois qui c’est ce qui le rend si émouvant, le fait qu’il fasse appel au propre ressenti du lecteur.

  2. Céline

    On ressent que tu as aimé ce roman, il a l’air beau et nostalgique 🙂
    Merci pour la découverte !

    1. Caroline

      C’est le genre de roman dont on s’imprègne facilement et qu’on lit quasiment d’une traite. 😊 J’aime beaucoup ce genre d’histoires.

  3. C'est écrit

    Il a l’air plein de pudeur ce roman et en même temps tout en force. Belle découverte, merci!

    1. Caroline

      C’est vrai, il a une grande puissance évocatrice et en même temps il a une mélancolie un peu douce.

  4. Il semble dégager une certaine intimité ce roman. Merci pour ton avis tout en délicatesse.

    1. Caroline

      Merci Audrey ! C’est un roman qui parle facilement au lecteur et l’écriture est vraiment très belle.

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