Lost man de Jane Harper
Thriller
Date de lecture : 21-22 juin 2025
Qui dit été, dit Jane Harper. C’est un petit rituel que j’ai depuis plusieurs années, et « Lost Man » est du reste le seul roman d’elle que je n’avais pas encore lu.
« Il y avait quelque chose d’envoûtant dans la chaleur brutale, quand le soleil était haut dans le ciel et qu’il contemplait les lents mouvements sinueux du bétail. Quand il scrutait les plaines déployées à perte de vue, leur poussière aux couleurs changeantes. C’étaient les seuls moments où il éprouvait un sentiment proche du bonheur. »
L’outback australien, c’est le genre d’endroit où il n’y a pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde. Où quand tu te rends quelque part, c’est avec de l’eau – beaucoup d’eau, un kit de survie et un véhicule climatisé équipé d’une radio. Pas de toute première jeunesse le véhicule, sinon, il risque de ne pas durer bien longtemps, avec toute cette poussière rouge qui s’infiltre partout. Là-bas, les gens sont habitués, ils connaissent les règles à suivre pour survivre en cas de panne dans une nature hostile. Seulement voilà, Cameron Bright, un « enfant du pays », est retrouvé mort à Lehmann’s Hill, à quatre heures de route de sa ferme, alors qu’il était parti réparer les mâts de l’antenne relais. Mais pourquoi aurait-il laissé sa voiture si loin du fameux promontoire ? Pourquoi aurait-il fait les derniers kilomètres à pied, sans son eau et ses provisions ? C’est bien ce qui interroge ses deux frères, Nathan et Bub.
« — J’ai vu des touristes faire des choses vraiment débiles, répondit Harry. Mais dès que j’ai entendu la nouvelle de sa disparition, j’ai su que Cam n’était pas juste tombé en panne. Si c’était ça, il serait encore dans sa voiture avec la clim allumée, à se plaindre de cette galère dans sa radio. Tout le monde sait ça. Quand Ilse est tombée en panne il y a quelques mois, elle a fait ce qu’il fallait faire : elle est restée tranquillement assise dans sa voiture pendant quatre heures, le temps que Cam vienne la chercher. »
On se retrouve au coeur d’un véritable huis clos, la ville la plus proche se situant à des kilomètres de la ferme, où vont se côtoyer une poignée de personnages, présents pendant cette période de Noël. Parmi eux, Liz, la mère des trois frères, l’oncle Harry, Ilse, la femme de Cameron, et ses deux filles, Sophie et Lo, et Xander, le fils de Nathan. Mais aussi Simon et Katy, deux « backpackers » anglais, de passage en Australie pour se faire un peu d’argent.
Comme souvent dans les familles, c’est pas forcément la joie, mais ça, on s’en rend compte si on prête attention aux regards, aux attitudes. Celle-ci est plutôt éclatée, d’ailleurs, Nathan n’avait pas mis les pieds à la ferme depuis un bail. Faut dire qu’il s’est un peu isolé, depuis son divorce il y a quelques années. À peine s’il allume sa radio pour faire savoir qu’il est en vie, alors que c’est une règle tacite dans ces contrées. Revenir là dans ce contexte macabre, alors même que c’est censé être une période de fête, avec l’ombre du patriarche qui plane encore sur le domaine après toutes ces années, ça fait remonter chez lui une foule de souvenirs pas très agréables. Sans compter les histoires que raconte la petite Sophie. La fillette est profondément marquée par la légende du « Stockman », ce gardien de bétail, mort égaré il y a plus d’un siècle, dont la tombe hante encore les esprits. Ambiance, ambiance !
« Le nom de l’homme enterré là était depuis bien longtemps effacé, et les gens du coin – soixante-cinq en tout, plus cent mille têtes de bétail – désignaient simplement l’endroit comme la « tombe du stockman » – du gardien de bétail. Ce lopin de terre n’avait jamais été un cimetière ; l’homme avait été inhumé à l’endroit où il était mort et, au cours du siècle qui s’était écoulé depuis, personne n’était venu le rejoindre. »
Avec Lost Man, j’ai encore une fois passé un excellent moment de lecture. Jane Harper n’a pas son pareil pour dépeindre les décors et l’atmosphère de ses romans. On est littéralement accablés par la chaleur infernale, les sinus encombrés par la poussière de cette terre sèche et aride. Avec cette autrice, on n’est jamais vraiment dans un suspense haletant et sous tension. Non, c’est plutôt un suspense maîtrisé, un rythme lent – normal, avec cette chaleur, mieux vaut éviter de trop s’agiter. Quelque chose qui t’oppresse petit à petit, qui t’angoisse de manière subtile, et qui te maintient en haleine jusqu’à la dernière page.
Cette autrice est vraiment l’une de mes valeurs sûres, et elle ne m’a encore jamais déçue. Elle a un style bien à elle, et elle arrive toujours à me captiver sur la durée. Si vous ne la connaissez pas encore, je vous invite à vous plonger dans l’un de ses romans, celui-ci ou un autre, peu importe, ils sont tous bons ! Pour ma part, je l’ai découverte avec Canicule, qui a été pour moi une vraie révélation.
Bibliographie de Jane Harper :
Infos & Quatrième de couverture

Vous parler de mon fils de Philippe Besson
Éditeur : Calmann Lévy – Parution : 28/08/2019 – 416 pages – ISBN: 9782702166925 – Titre original : The Lost Man (2018) – Traduction : Daniel Fauquemberg.
Également disponible : 📕 En poche chez Le Livre de Poche, 2020.
Après des mois de silence, Nathan et Bub Bright se retrouvent sur la frontière séparant leurs ranchs, au coeur aride de l’Outback australien. Leur frère Cameron gît à leurs pieds, mort de soif. Sur ces terres isolées et suffocantes, à trois heures de voiture les uns des autres, aucune autre âme ne vit dans les environs. Alors pourquoi Cameron aurait erré sous le soleil implacable jusqu’à en mourir ?
L’enfant du milieu et le favori avait récemment repris la propriété familiale. Nathan et Bub vont y retrouver ceux qu’il a laissés derrière lui : sa femme, ses filles, leur mère, et quelques employés. Mais alors que commence le deuil, Nathan se met à avoir des soupçons, qui le forcent à remuer de terribles secrets de famille. Car si quelqu’un est responsable de la mort de Cameron… les suspects se comptent sur les doigts d’une main.
En savoir plus sur Le murmure des âmes livres
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Il pourrait me plaire, de plus je ne connais pas encore cette autrice dont tu dis tant de bien 😉
Tout comme toi Caroline j’aime beaucoup cette autrice qui a vraiment du talent. Son premier roman est une merveille du genre.
En voilà une auteure que j’ai envie de lire depuis très longtemps, notamment parce que j’ai la sensation qu’elle donne une belle place à l’ambiance dans ses romans. Merci pour cet avis, Caroline. 🤩
Merci Caroline, tu fais œuvre de bienfaisance livresque en parlant de cette auteure dont on parle trop peu et dont les livres nous font vivre la dureté de l’outback australien avec un talent rare.
J’adore tellement son style ! J’ai hâte qu’elle en écrive un nouveau !