Les promesses orphelines de Gilles Marchand

Historique
Date de lecture : 3-12 oct. 2025
Lecture audio, roman lu par Laurent Natrella
Lecture n°21 du Pumpkin Autumn Challenge organisé par Guimause Terrier. 🍂 Menu Automne Extraordinaire, Catégorie Le cercle de la Com’thé (Réconfort, Joie, Diversité, Empathie, Vivre ensemble) 🍂
« Alors, je n’étais pas exigeant, et je me disais que je me serais bien contenté d’un rêve d’occasion, un que j’aurais trouvé sur le trottoir quand j’étais gamin. Je l’aurais retapé, un peu lustré, et j’en aurais fait un beau projet de vie. Alors que les Trente gloriaient, j’étais enfermé dans une petite maison isolée au centre de la France. Il n’y avait même pas de trottoir devant chez moi. De l’herbe, ça oui, il y en avait. Des mauvaises, pour la plupart. Et un peu de gravier. Personne n’irait abandonner un rêve sur le bas-côté d’une départementale. À la limite, un automobiliste ingénieur en trop-plein de projets. Mais qu’est-ce qu’il serait venu faire ici ? Il n’y avait rien à ingénier là où j’habitais. »
Les promesses orphelines nous emmène au beau milieu des Trente Glorieuses, à la rencontre de Gino et de sa famille. Le petit Gino, je l’ai chéri dès les premières minutes et sans condition. Puis, je l’ai chéri à tous les âges de sa vie, parce que c’est le genre de personne qui te fait chavirer le cœur. J’ai chéri ses rêves et ses espoirs, et si j’avais pu, je les aurais portés moi-même jusqu’à la lune, et même vers l’infini et au-delà, pour qu’ils brillent à jamais parmi les étoiles. N’en déplaise aux briseurs de rêves et aux professeurs trop terre à terre, qui obligent les poètes à cesser de pelleter les nuages et à revoir leurs ambitions à la baisse.
« Non, Gino. Polytechnique, c’est pour l’élite. Faut être bon en maths, faut être bon en tout. Non, Gino, oublie. Polytechnique, c’est trop dur pour toi, ce n’est pas pour les rêveurs. Non, Gino, tu as trop de lacunes, tu n’y arriveras pas. »
Gino, lui, il était fasciné par l’Aérotrain et il voulait en être l’ingénieur. Comme un clin d’œil à son père, qui a participé à la construction du plus haut téléphérique du monde, celui de l’Aiguille du midi. Seulement voilà, Gino, l’école, c’était pas son truc, les maths surtout. Il préférait rêver sa vie. Il préférait penser à Roxane, la fille de la boule à neige. La brillante Roxane. La belle Roxane. L’Amour avec un grand A.
«Il y avait toujours plein de gens au bistrot. Ça défilait du matin au soir, sauf un qui ne bougeait pas. Il s’appelait René, surnommé le Pilier de comptoir. Parce que c’était un pilier de comptoir. Littéralement. Il ne quittait plus le bar, il le soutenait. »
J’ai aimé plonger dans l’effervescence de cette époque, et surtout dans la vie de toutes ces personnalités attachantes, Gino et son imagination rafraîchissante, Jacques et sa simplicité toute naturelle, la frétillante Vieille tante et ses conseils avisés. Et puis, il y a l’ambiance du café de Jean-Georges, où ça rigole et ça refait le monde, en s’interrogeant parfois sur le bonheur. Alors, même quand, taquine, la vie s’amuse à jouer à contretemps, emprunte d’autres chemins que ceux espérés, on continue d’y croire. À l’image de Gino et de sa « foi indéfectible en l’avenir. »
« J’ai sorti la boule à neige de ma poche au cas où elle y serait revenue. Le couple de danseurs m’a regardé d’un air désolé. Elle n’y était pas. Et l’accordéoniste avait arrêté de jouer. »
Avec Les promesses orphelines, j’ai retrouvé l’inestimable talent de conteur de Gilles Marchand, qui une fois encore a su me toucher en plein cœur. Ce que j’aime dans ses histoires, c’est qu’elles fourmillent toujours d’idées fantastiquement originales, comme cette « dame de l’Institut français d’opinion publique », qui tout au long de notre vie veut savoir si on est « très heureux, assez heureux ou pas très heureux ». Ou encore ces « réclames » à l’ancienne intercalées entre les chapitres. C’est poétique. C’est émouvant. C’est beau. C’est un roman inoubliable. Merveilleux de la première à la dernière ligne. Un coup de cœur.
L’an dernier, j’avais été bouleversée par mon écoute du Soldat désaccordé, lu par Laurent Natrella. C’est pour cette raison que j’ai également choisi le format audio pour Les promesses orphelines. Cette fois encore, l’interprétation du comédien est en osmose avec les mots. J’ai adoré la mise en scène sonore des interludes publicitaires, qui offre une expérience d’écoute riche et immersive.
Roman lu dans le cadre d’une masse critique. Je remercie Babelio et l’éditeur pour cet envoi.

Infos & Quatrième de couverture

Les promesses orphelines de Gilles Marchand
Éditeur : Audiolib – Parution : 22/08/2025 – Durée : 6h06min – ISBN/ASIN: 9791035420086 – Lu par Laurent Natrella – Genre : Historique.
Également disponible : 📕 En grand format chez Aux forges de Vulcain, 2025.
On racontait qu’on allait marcher sur la Lune, on disait qu’en l’an 2000 on se déplacerait en voiture volante. On parlait d’un Aérotrain capable de battre tous les records de vitesse.
Mais comment participer à tout ça quand on vit, comme Gino, au fin fond d’un village de l’Orléanais, quand le bulletin scolaire est en berne, quand on se demande comment séduire Roxane, la fille entrevue au bal du village des années plus tôt ?
Gilles Marchand, fidèle à ses personnages toujours en décalage, nous offre une traversée poétique des Trente glorieuses par un jeune idéaliste, la tête pleine de rêves plus grands que lui, acteur à sa manière d’un monde en accélération où le bonheur pour tous semblait à portée de main.
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C’est très beau ce que tu écris sur ce livre, Caroline, et s’il te venait l’envie d’écrire, ce que j’espère, ce que je t’invite vivement à entreprendre si ce n’est déjà fait, fais-nous signe s’il te plaît, qu’on se précipite 🥰
Un livre que j’ai très envie de découvrir. S’il est sur mon application je choisirai la version audio. En tout cas tu m’as persuadée de le le lire. Bonne journée
Merci Caroline pour ce petit intermède joyeux de cette superbe chronique 🥰, qui m’a fait sourire ! Un petit bonbon de bonheur que l’écoute de ce roman, et un nouveau coup de cœur (je vais finir par t’envier, avec tous ces coups de cœur, alors que je rame avec mes lectures 🤣).
J’avais beaucoup aimé « Le soldat désaccordé », et je lirai évidemment celui-ci, car j’apprécie la plume de l’auteur et ce que tu nous contes joliment de l’histoire ne peut que me donner envie. Merci !
Trop bien. Je continuerais ma découverte de l’auteur avec celui ci. Merci pour la recommandation et cette chronique dithyrambique;)
Quelle magnifique chronique, Caroline. Je n’ai pas trop l’habitude des romans audio, mais ici, il semblerait que c’est un vrai plus, alors je me laisserais bien tenter. 😀