Chronique – Un été de canicule de Françoise Bourdin

Un été de canicule de Françoise Bourdin

Saga familiale

Le clan Soubeyrand en pleine tempête

C’est en flânant dans une recyclerie que je suis tombée sur ce titre, et je dois dire que cela faisait très longtemps que je ne m’étais pas plongée dans un roman de ce genre. J’ai d’ailleurs pris beaucoup de plaisir à lire cette histoire familiale qui, bien que très classique au niveau de l’intrigue, est assez addictive. Nous sommes dans le cadre type de la saga de l’été, et pourtant, je me suis surprise à vouloir retourner à ma lecture et à retrouver tous les personnages. Un roman que j’ai d’ailleurs lu rapidement, quasiment d’une traite.

Un été de canicule nous emmène dans le sud-est de la France, où nous découvrons la grande famille des Soubeyrand. Il y a la mère, Emma, les enfants, Antoine, Paul, Vincent et Sophie, la grand-mère, Mamette, et la tantine, Soeur Marie-Angèle. Le soir du mariage de Sophie, Vincent est victime d’un grave accident de moto. Suite à cet évènement dramatique et aux conséquences qu’il implique, Paul prend l’initiative de prévenir Antoine, exilé au Brésil depuis sept ans. Une décision qu’est loin d’approuver Emma, sachant que ses deux fils se sont quittés en mauvais terme. Par ailleurs, elle pressent que ce retour risque de réveiller la colère du mystérieux corbeau, qui lui envoie des lettres anonymes depuis plusieurs années. Malheureusement l’avenir va lui donner raison, et la douce quiétude dans laquelle vivaient les Soubeyrand jusqu’à présent, va être mise à mal par toute une série d’épreuves.

« Je ne sais pas d’où vous venez, monsieur le juge, mais ici, dans les petits villages, les corbeaux ne sont pas rares. Des désœuvrés, des détraqués… »

Au premier abord, ce roman fleure bon l’été, le chant des cigales et les magnifiques paysages du Luberon. On y trouve un foisonnant mélange d’amour, de trahisons et de secrets, qui ne nous laisse pas une minute de répit. Aux personnages non plus d’ailleurs. Car depuis le retour d’Antoine, la vie des Soubeyrand semble être emportée dans un tourbillon infernal, qui balaye tout sur son passage. Un tourbillon qui va finir par craqueler le vernis protecteur qu’Emma, en bonne matriarche, avait réussi à mettre en place autour de son cocon familial. Pour quelle(s) raison(s) ? On l’ignore encore. Mais on se doute bien que le secret qui les lie tous remonte à sept ans, juste avant le départ d’Antoine pour le Brésil. Le corbeau aussi le sait bien, et il est tout spécialement décidé à partager certaines de ses informations avec la gendarmerie. Quand le cadavre de Laurent Labaume est découvert au fond d’un puits, suite à ses révélations, les soupçons se tournent immédiatement vers les Soubeyrand. Et c’est là que le bât blesse, et que le vernis se fissure pour de bon. Mais qui est donc ce mystérieux corbeau, et pourquoi en veut-il aux Soubeyrand ?

« Elle restait immobile, les mains sur les hanches, occupée par le spectacle de tous les Soubeyrand qui avançaient vers elle, réunis au complet, ou presque. Ils étaient sa famille et, coûte que coûte, elle continuerait à les préserver. Ce serment-là, elle se l’était fait certaine nuit une dont elle ne voulait plus se souvenir et, jusqu’à présent, elle n’avait pas failli. »

Concernant les personnages, ceux du noyau central en particulier, ils sont tous plus ou moins prévisibles et légèrement agaçants. Pour autant, je m’y attendais et cela ne m’a pas gênée outre mesure. Véritable figure de ce roman, Emma est une femme de caractère, qui semble vouloir tout contrôler. Elle est parfaitement à son aise dans le Café des Tilleuls, qu’elle gère d’une main de maître. Si les choix de certains de ses enfants lui déplaisent fortement, elle tente néanmoins de ne pas rajouter de l’huile sur le feu et de rester (un peu) en retrait. Cependant, elle a tout de même une certaine « emprise » sur les siens, ce qui fait des Soubeyrand une famille davantage fusionnelle qu’unie. Les autres membres « indirects » du clan, qu’ils soient conjoints, beaux-enfants ou amants, ne sont pas toujours considérés à leur juste mesure, ce qui m’a agacée plus d’une fois. Notamment concernant Simon qui, au bout de vingt ans, n’a toujours pas évolué du rang d’amant d’Emma à celui de compagnon. « Pièce rapportée du clan, Simon n’était pas dans la confidence, il ne faisait pas partie du pacte qui liait les Soubeyrand entre eux. »

Ce qui est valable pour les personnages l’est aussi pour leurs comportements. Tous se complaisent dans le rôle qui leur est attribué et j’avoue que cela nuit beaucoup à l’intrigue. En effet, les ficelles sont tellement grosses qu’on en vient à se demander si ce n’est pas volontaire de la part de l’autrice. Et je dirais que si, très probablement. Pour le suspense, on repassera ! Pourtant, j’ai malgré tout passé un très agréable moment de lecture. La construction de ce roman, somme toute très ordinaire, s’est finalement avérée « rassurante », et la lecture en est d’autant plus fluide. Tout au long du roman, j’ai été traversée par une foule de sensations, comme la caresse du soleil sur ma peau ou l’odeur de la pluie, le tout sublimé par la jolie plume de Françoise Bourdin. En résumé, si vous avez envie d’une lecture estivale, addictive et « sans prise de tête », Un été de canicule pourrait aisément combler vos attentes.

Date de lecture : 23-25 avril 2022


Infos et Quatrième de couverture

Un été de canicule de Françoise Bourdin
Edition : Belfond – Parution : 03/05/2018 – 286 pages – ISBN : 9782714479402 (Nv. éd.)
Ce roman est également disponible en version audio chez Lizzie.

« Sous le soleil d’août du Lubéron, une fratrie de quatre enfants, jusque-là unie, est mise à mal par un secret imposé par leur mère des années auparavant.
Emma Soubeyrand, la patronne du Café des Tilleuls, est une femme de caractère qui voue à ses quatre enfants un amour sans limites. Lorsque Vincent, le cadet, est victime d’un accident de moto, son frère Paul hésite à faire revenir du Brésil l’aîné des Soubeyrand, Antoine. Comment lui annoncer qu’il vient d’épouser celle qu’Antoine a toujours aimée ? Toute la famille se réjouit pourtant de revoir ce dernier et, s’il a le coeur brisé par ce mariage et par le drame qui frappe Vincent, il est heureux de retrouver son pays, sa mère et sa jeune soeur Sophie, qui entame une prometteuse carrière d’avocate.
Chacun semble oublier le silence imposé par Emma à son clan sept ans plus tôt. Personne ne peut imaginer qu’un mystérieux corbeau et un juge d’instruction particulièrement tenace vont bientôt faire ressurgir les drames du passé… »

  J'ai lu/aimé cet article

Cet article a 5 commentaires

  1. Céline

    Ce n’est pas mon genre habituel de lectures mais là tu me tentes du coup, je prends note 🙂
    Bonne journée !

    1. Caroline

      En fait, je me rends compte que j’avais beaucoup de préjugés sur ce type de romans, pourtant, c’est plutôt sympa à lire. Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à une certaine crédibilité, mais ça n’empêche que c’est agréable.

  2. Lily

    Je n’ai jamais lu cette autrice. Ça ne m’attire pas particulièrement je ne sais pas pourquoi. Il faudrait que je tente 🤗

    1. Caroline

      Je te comprends, moi aussi avec ce roman je me suis assez éloignée de mes lectures habituelles. Mais finalement, j’ai trouvé cette découverte sympa.

  3. Le personnage de la matriarche a l’air intéressant et la présence d’un corbeau m’intrigue tout comme ses motivations d’ailleurs !

Répondre à CélineAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.