Chronique – Ne me regarde pas de Martine Grandjan Marquès

Ne me regarde pas de Martine Grandjan Marquès

Thriller psychologique

Lorsque j’ai vu le synopsis de ce livre sur la page des éditions MVO, j’ai immédiatement été emballée et j’ai osé faire une demande de SP.  Aussi, je remercie Marie Liebart et Martine Grandjan Marquès pour l’envoi de ce roman, dont l’histoire m’a particulièrement touchée et que j’ai dévoré en une journée. Je me suis totalement laissé porter par cette intrigue psychologique bien ficelée et par la plume poétique de l’autrice.

« Du haut de mes dix ans, je sais déjà qu’elle ne m’aime pas. »

Léa est une enfant mal aimée, introvertie, quasiment sauvage. Dans cette maison où elle vit seule avec sa « génitrice », une seule règle prime, immuable et inviolable, « Ne me regarde pas ». Marquée par l’âpreté des mots maternels et la méchanceté qu’elle subit chaque jour, l’enfant apprend à se fondre dans le décor, silencieuse et furtive. Les fourmis et les livres sont ses principales sources de réconfort. Elle communique avec les unes et s’évade grâce aux autres. L’enfant grandit dans ce quotidien morose, jusqu’au jour où l’espérance d’une vie nouvelle s’offre à elle.

Dès les premières lignes, Ne me regarde pas accapare l’esprit. Car si la plume est imagée et poétique, les mots n’en restent pas moins percutants. Aussi, j’ai été saisie par la haine viscérale de cette mère envers sa fille, par ces gestes froids et sans amour. « Momoche ? C’est le surnom qu’elle me donne, elle ne m’a jamais appelée Léa. » L’autrice dépeint avec brio Léa, cette héroïne si particulière, touchante et pleine de ressources, qui va devoir s’adapter à un monde encore inconnu. L’émotion de la première marque d’affection, le choc du premier regard. Un nouveau départ qui, on l’espère, pourrait bien effacer les traces d’une enfance meurtrie, et reléguer aux oubliettes la peur et l’angoisse.

A l’image d’une vie, on fait connaissance avec des personnages inoubliables, comme autant de tremplins pour Léa. A travers leur regard, on observe d’abord un certain désarroi, puis la joie quant à la transformation de la jeune fille. J’ai aimé sentir le souffle du bonheur, la (re)construction, l’équilibre rédempteur. J’ai été captivée par l’histoire de Léa, touchée par la justesse de son personnage et sa profondeur psychologique. L’écriture, riche et fluide, sert à merveille le récit et évolue à l’image de son héroïne.

Cependant, on imagine bien que les actes comme les paroles ont des conséquences et que ce qui est enfoui finit inévitablement par refaire surface, souvent au moment où l’on s’y attend le moins. Tout au long du roman, une tension sous-jacente demeure, telle une épée de Damoclès au-dessus de Léa. Une tension tantôt désamorcée par la présence de ces personnages à la générosité sans faille, tantôt réactivée par un souvenir ou une émotion tenace. Il est parfois nécessaire de creuser, de remonter le fil, de connaître l’histoire dans son entièreté pour comprendre l’origine de la souffrance. Un mal souvent inconscient, tapis dans l’ombre, prêt à émerger des profondeurs. En cela, j’ai admiré l’habileté avec laquelle l’autrice mène le suspense, jusqu’à ce que cette phrase, tant de fois prononcée par la mère, prenne tout son sens. Une intrigue efficace et poignante, qui m’a complètement chamboulée, et dont l’issue reste incertaine jusqu’à la fin.

Ne me regarde pas est un roman fort et bouleversant, qui laissera sans aucun doute son empreinte dans mon âme de lectrice.

SP – Je remercie la maison d’édition et l’autrice pour ce roman.

Date de lecture : 03 août 2022


Infos et Quatrième de couverture

Ne me regarde pas de Martine Grandjan Marquès
Edition papier : MVO – Parution : 12/05/2022 – 288 pages – ISBN : 9782492298394

« Une mère tourmente avec jubilation sa fille unique, Léa, affligée « d’une laideur irregardable » selon elle. NE ME REGARDE PAS ! Cette injonction maternelle, devenue un mantra quotidien pendant toutes ses jeunes années, restera-t-elle un traumatisme insurmontable ou la résilience aura-t-elle sa place dans sa vie de femme ? Qui saura lui redonner confiance après la traversée de ce désert affectif ? Qui pourra lui ouvrir les yeux ? Elle, qui les a gardés si longtemps baissés.
L’amour d’un homme, Achille, suffira-t-il à vaincre tous ses démons ? Dans ce roman poignant, écrit avec justesse, pudeur et délicatesse, Martine Grandjan Marquès, de son style fluide et poétique, nous invite à suivre Léa sur son chemin de vie. Prenez la route avec elle, vous ne le regretterez pas… »


Mes recommandations en rapport avec ce livre

Lu. Chronique le 17 fév.

Quand je pense à la relation mère/fille de Ne me regarde pas, je pense au superbe roman d’Aurore Bègue, La mère de Simon. On y retrouve également la trame psychologique, la tension sous-jacente, le suspense. Lire la chronique.

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Cet article a 9 commentaires

  1. Céline

    Très tentant effectivement ! je me le note et merci pour la découverte 🙂

  2. Ta chronique m’a donnée des frissons, le vécu de cette jeune fille me chamboule déjà. Je sais que l’immersion sera certainement rude mais qu’importe, je le note dans ma liste de souhaits. Merci Caroline pour cette découverte qui promet des émotions intenses ! (Désolée si tu as reçu ce commentaire en double, un message d’erreur s’est affiché la première fois.)

    1. Caroline

      Merci Ludivine ! Le début est un peu difficile quand on est empathique, mais c’est un roman émouvant.

  3. Je ne connaissais pas mais ça a l’air d’ube histoire poignante qui laisse des marques dans l’esprit des lecteurs !

    1. Caroline

      Exactement. Léa est un personnage que l’on n’oublie pas facilement, de même pour l’histoire.

  4. Hedwige

    Voilà voilà c’est noté. Merci Caroline pour ton superbe retour et cette découverte

    1. Caroline

      😊 Avec plaisir. Je suis heureuse d’avoir pu partager mon ressenti sur cette lecture poignante.

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