Chronique – Sel de Jussi Adler-Olsen

Sel de Jussi Adler-Olsen

Policier

LECTURE AUDIO – Roman lu par Julien Châtelet.

Ce roman est la 9ème enquête du Département V. Il est préférable de lire la série dans l’ordre, en raison de l’histoire des protagonistes, qui évolue au fil des tomes.

Crise sanitaire oblige, la police de Copenhague est en sérieux manque d’effectifs ces derniers temps. Aussi, quand une femme se suicide en faisant référence dans une lettre à une affaire vieille de plusieurs décennies, Marcus décide de mettre le Département V sur le coup. Mais en remontant les pistes, nos fins limiers décèlent un point commun entre cet ancien dossier et des prétendus suicides survenus ces derniers mois : la présence de sel près des corps. Coïncidence ou coïncidence ?

Cette toute récente enquête est à situer dans le contexte très particulier de la crise sanitaire et de tous les protocoles mis en place pour tenter de freiner l’épidémie. Nous retrouvons donc un commissariat presque « fantôme », quelque peu dépouillé de ses agents, qui ayant attrapé le fameux virus, qui étant confiné parce que cas contact. Mais pendant ce temps-là, le monde continue quand même de tourner et les meurtriers de sévir. Tels des irréductibles gaulois, « l’équipe la plus ingérable du pays » résiste encore et toujours, fort heureusement pour la réputation de la brigade criminelle.

Dans cette intrigue complexe, plusieurs voix interviennent pour un suspense réussi. J’ai apprécié le bel équilibre entre l’enquête policière et la vie personnelle des protagonistes. Car si l’intrigue est le « sel » même d’un roman à suspense, les enquêteurs ont eux aussi un rôle à jouer dans le succès d’une série policière. En ce sens, avec le Département V, Jussi Adler-Olsen a toujours pris soin d’approfondir l’histoire et la personnalité de ses protagonistes. Dans ce tome, on ne peut pas dire que toute l’équipe soit au meilleur de sa forme. Rose et Gordon forment un duo plutôt productif, et je ne suis pas mécontente de voir ce dernier s’affirmer davantage et jouer un rôle plus important au sein de l’équipe. A sa décharge, il faut dire qu’il devait être assez compliqué de sortir de l’ombre avec de si fortes têtes dans son entourage professionnel. Carl notamment, n’est pas facile à vivre tous les jours, mais c’est ce qui fait son charme. Par ailleurs, il est mis à rude épreuve ces temps-ci, ce qui le rend un peu plus sympathique. Quant à Rose, elle m’a semblé avoir légèrement perdu de son mordant, et je l’ai trouvé plus patiente et plus disposée qu’à l’accoutumée.

« Vous savez, quand le chameau du zoo apprend qu’on veut l’envoyer à la boucherie, il met sa fourrure tachetée et il va se cacher chez la girafe. »

Pour ma part, j’ai une affection toute particulière pour Assad, et ce depuis que je l’ai rencontré dans Miséricorde. Après les évènements qui se sont déroulés dans Victime 2117, ses ennuis personnels se prolongent et cela se ressent tout au long du roman. Les anecdotes sur les chameaux m’ont paru plus rares et moins enthousiastes, aussi il m’a semblé que le syrien n’avait pas vraiment le coeur à alléger l’atmosphère. Mais qui pourrait le lui en vouloir ? Cela dit, son café est toujours un tord-boyaux pour quiconque se risquerait à en boire et ses expressions sont toujours aussi savoureuses. « Si la langue danoise manquait de proverbes, on pouvait toujours compter sur Assad pour en inventer. » Il y a des habitudes qu’on ne change pas, ce qui a suscité chez moi quelques sourires réconfortants.

Ce neuvième tome est aussi l’occasion de voir revenir sur le tapis « l’affaire du pistolet à clous », menace omniprésente sur Carl et Hardy depuis le début de la série. Une enquête toujours en cours, aux détails assez flous, dont les rebondissements risquent fort d’engendrer de fâcheuses conséquences. Au-delà même de l’intrigue propre à chaque tome, cette affaire en toile de fond attise la curiosité autant qu’elle inquiète. Je n’y connais pas grand-chose au milieu de la police, mais je trouve plutôt crédible qu’une enquête interne ne se résolve pas du jour au lendemain, mais s’étende sur plusieurs années. Aussi, il est préférable de lire les romans de la série dans l’ordre, au risque de perdre incontestablement la subtile construction de ce fil narratif.

Avec Sel, Jussi Adler-Olsen nous emmène sur les rives dangereuses de la folie vengeresse, où la violence est reine. Une neuvième enquête passionnante, dans laquelle on retrouve avec plaisir la fine équipe du Département V. Je suis une nouvelle fois sous le charme de cette série policière danoise, que je vous conseille vivement de découvrir.

Mon avis sur la version audio :

Depuis que j’ai découvert le Département V en 2016, je ne rate jamais une enquête de l’équipe de Carl Mørck. A l’époque, ma découverte s’est faite en version audio, et depuis j’ai continué à écouter toute la série. La voix de Julien Châtelet est pour moi indissociable de tous ces protagonistes. Dès que j’appuie sur « lecture », je me retrouve en terrain connu et je suis enveloppée par ce timbre réconfortant. Grâce à Julien Châtelet, j’ai l’impression de retrouver de vieux amis, compagnons de route sympathiques, le temps d’une histoire palpitante.

Date de lecture : 11-14 juil. 2022

 


Infos et Quatrième de couverture

Sel de Jussi Adler Olsen (Les enquêtes du Département V, tome 9)
Edition papier : Albin Michel – Parution : 25/05/2022 – 560 pages – ISBN : 9782226471604
Edition audio : Audiolib – Parution : 06/07/2022 – Durée : 14h09min – ISBN: 9791035409524 – Lu par Julien Châtelet

« Un nouvel opus des Enquêtes du Département V. En pleine pandémie de Covid-19, l’équipe de choc de Carl Mørck se replonge dans une vieille affaire suite à un mystérieux suicide. Un thriller aussi intelligent que politique.
En replongeant dans une affaire non résolue datant des années 1980, Carl Mørk et l’équipe du Département V découvrent avec stupeur que depuis trente ans, un tueur particulièrement rusé choisit avec une régularité effrayante une victime et l’élimine en déguisant ce meurtre en accident ou en suicide.
À chaque fois, sur le lieu du crime, un petit tas de sel.
Sur fond de restrictions sanitaires dues au Covid-19, Mørk et ses acolytes se lancent dans une enquête dont ils n’imaginent pas l’ampleur.
Un thriller au cordeau par le virtuose danois Jussi Adler-Olsen, qui explore dans un roman aussi intelligent que politique l’éthique et le sens moral. »

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Cet article a 10 commentaires

  1. dasola

    Bonjour, je n’avais lu que Miséricorde avant de me plonger dans celui-ci qui m’a plu. Je me suis rendu compte que beaucoup de choses dans la vie d’Assad et Carl m’avaient échappé mais ce n’est pas grave pour comprendre et apprécier l’histoire. Bonne fin d’après-midi.

    1. Caroline

      Oui, ce n’est pas grave car il y a une enquête différente à chaque tome, et qu’elle est souvent marquante et passionnante. 😊

    1. Caroline

      J’espère qu’elle te plaira, car ses protagonistes sont attachants et certaines enquêtent sont vraiment chouettes !

  2. Je n’ai lu aucun roman de cette série alors pour le moment je passe mon tour concernant ce roman. 🤭 Je vais déjà essayé de poursuivre la saga policière de Lisa Gardner avant de me lancer dans une nouvelle destination. Cela dit, tu sembles vraiment passer un bon moment avec ces livres, et les références au tomes précédents ont l’air assez présent ici, c’est toujours sympa de retrouver des petites touches du passé dans une saga. 😊 J’aime beaucoup le surnom de « l’équipe la plus ingérable du pays » ça donne le ton !

    1. Caroline

      Je n’ai encore jamais lu Lisa Gardner, mais c’est prévu car chaque chronique que je lis me donne envie de la découvrir. Quant aux enquêtes du Département V, elles font franchement partie de mes préférées ! C’était l’époque où je lisais énormément de polars nordiques, et j’avoue que si aujourd’hui j’en lis moins, c’est un genre que j’adore toujours autant !

  3. Hedwige

    Quelle superbe critique et comment résister à ton enthousiasme ! Merci Caroline, je suis addict à tes avis 😍

    1. Caroline

      C’est gentil Hedwige. En tout cas, cette série policière est l’une des premières que j’ai écoutée, avec Wallander et depuis, je suis accro. Les personnages sont chouettes mais j’adore également les enquêtes. Miséricorde, Profanation, ou encore Dossier 64 sont des histoires qui m’ont véritablement marquée. C’est rare que je me souvienne aussi bien de toutes les enquêtes d’une série policière.

  4. loeilnoir

    Je passe mon tour pour celui-ci car il faudrait que je lise les précédents, mais ton retour est très tentant ! Je note la série en tout cas, merci!

    1. Caroline

      Oui, c’est l’ennui avec les séries. Je suis tentée par certaines, mais comme je n’ai pas encore terminé celles que je suis déjà, j’attends un peu. Cela dit, j’espère que tu auras l’occasion un jour de faire la connaissance avec cette équipe danoise.

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