Miroir de nos peines de Pierre Lemaitre
Historique
LECTURE AUDIO – Roman lu par l’auteur
Date de lecture : 20-24 janv. 2023
Ce roman est le 3ème tome de la trilogie des enfants du désastre.
Dans ce dernier volet de la trilogie des enfants du désastre, nous avons le plaisir de (re)découvrir Louise, l’une des figures secondaires d’Au revoir là-haut, qui à l’époque devait avoir une dizaine d’années.
Devenue institutrice, la jeune femme travaille également comme serveuse dans le café-restaurant de monsieur Jules. (Quand j’imagine ce café, je pense tout de suite au Café des deux Moulins dans Amélie Poulain) Un petit café parisien où défilent de nombreux habitués, venus pour la cuisine de M. Jules ou peut-être bien pour l’écouter ronchonner à propos des sujets rapportés dans les journaux. Les « Boches » sont sur le point d’envahir la France pour la seconde fois, alors il y a matière à commenter ! Toujours est-il que parmi cette fidèle clientèle se trouve “le docteur”. Le genre de type qui prend tous les jours la même chose et que l’on pourrait volontiers croire muet tant jamais une parole ne franchit ses lèvres. Jamais, sauf ce jour-là. Et ce jour-là, Louise ne l’oubliera jamais.
“Il lisait les nouvelles, regardait dans la rue, mangeait, vidait sa carafe et, vers quatorze heures, au moment où Louise comptait sa caisse, il se levait, pliait son Paris-Soir qu’il abandonnait sur le coin de la table, posait son pourboire dans la soucoupe, saluait et quittait le restaurant.”
A travers l’histoire de Louise, nous allons faire la rencontre de toute une galerie de personnages hauts en couleur et inoubliables. Comme chaque fois, ces derniers sont très attachants et particulièrement bien travaillés. J’en ai d’ailleurs compté sept, soit exactement le même nombre que dans Couleurs de l’incendie.
Pierre Lemaitre nous raconte, toujours avec le même art, toutes ces petites histoires qui se déroulent parallèlement à la grande Histoire. Les forces allemandes s’apprêtent à envahir la France, qui tente tant bien que mal de se défendre et d’accueillir les réfugiés, venant principalement de Belgique et des zones frontalières.
Pourtant, d’après les journaux, la situation n’est pas préoccupante et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ne surtout pas saper le moral des troupes par des nouvelles alarmantes, surtout si elles sont vraies ! « Des déplacements du général Gamelin à la météo du jour, des informations sur le prix des denrées alimentaires aux propos pacifistes, des revendications salariales aux menus des régiments, tout ce qui pouvait être utile à l’ennemi ou susceptible d’atteindre le moral des Français devait être rigoureusement censuré. » Et en cela, notre ami Désiré est un maître en la matière, un as dans sa profession. Enfin sa profession, quelle profession ?! « Désiré Migault n’avait pas toujours été maître Migault. L’année précédant ce procès, il avait été pendant trois mois « M. Mignon », instituteur de la classe unique de Rivaret-en-Puisaye, où il avait appliqué des méthodes pédagogiques extrêmement innovantes. L’école, vidée de ses pupitres, avait été transformée en odéon et le premier trimestre entièrement consacré à la rédaction d’une « constitution pour une société idéale ». M. Mignon avait soudainement disparu la veille de la venue de l’inspecteur d’Académie, mais avait laissé un souvenir inaltérable dans le cœur des élèves (et dans l’esprit des parents pour des raisons diamétralement opposées). »
Un véritable caméléon cet homme-là ! Mais un charisme ! D’entre tous, je dois bien dire que c’est mon préféré. Je me suis esclaffée à plusieurs reprises à l’évocation de ses multiples facettes. Un homme brillant mais filou, à la fois avocat, journaliste ou prêtre, mais toujours avec classe et talent. J’ai admiré sa confiance sans borne, son audace et son éloquence. Il est absolument incroyable et apporte un peu de joie à cette histoire. J’ai jubilé de le voir manipuler si aisément les plus grands pontes du pays. Mais au fond, c’est un homme qui m’a paru généreux, même si c’est un peu malgré lui.
Quant à tous les autres, Raoul, Gabriel, Alice ou Fernand, comment ne pas les aimer ? Même Raoul n’est finalement pas un si mauvais bougre. J’étais d’ailleurs ravie que l’auteur nous propose comme chaque fois son épilogue, car je n’avais absolument aucune envie de quitter tous ces personnages.
Dans Miroir de nos peines, j’ai retrouvé cette plume énergique et efficace, tellement agréable à lire. L’interprétation formidable de l’auteur dans la version audio a fait de cette lecture un pur moment de bonheur.
Pierre Lemaitre est sans conteste l’un de mes auteurs français favoris, pour son talent de conteur, sa plume, et ses personnages inoubliables.
Si vous n’avez pas encore découvert cette trilogie et que vous aimez les romans historiques, je vous la recommande absolument. Pour ma part, je suis enfin prête à partir pour le “Grand Monde”, et toujours en version audio, car il n’y a rien de mieux qu’écouter Pierre Lemaitre raconter ses propres histoires !
Trilogie « Les enfants du désastre » :
- Au revoir là-haut
- Couleurs de l’incendie
- Miroir de nos peines ←
Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux qu’écouter un extrait pour se faire un avis.
Infos et Quatrième de couverture
Miroir de nos peines (Les enfants du désastre, tome 3) de Pierre Lemaitre
Édition audio : Audiolib – Parution : 15/01/2020 – Durée : 14h01min – ISBN/ASIN: 9791035401795 – Lu par l’auteur – Genre : Saga familiale, Historique.
« Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu’elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d’une période sans équivalent dans l’histoire, où la France tout entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches… Et quelques hommes de bonne volonté. Il fallait toute la verve et la générosité d’un chroniqueur hors pair des passions françaises pour saisir la grandeur et la décadence d’un peuple broyé par les circonstances. Secret de famille, grands personnages, puissance du récit, rebondissements, burlesque et tragique… Le talent de Pierre Lemaitre, prix Goncourt pour Au revoir là-haut, est à son sommet dans ce dernier volet de la trilogie Les Enfants du désastre. Une fois encore, Pierre Lemaitre donne par sa voix vie à ses personnages, avec un talent qui lui a valu déjà deux Coups de Coeur de l’Académie Charles Cros. Suivi d’un entretien avec l’auteur »
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Je me souviens de cette écoute. Les premières secondes, je me souviens du bond que j’ai fait en entendant la voix de Pierre Lemaitre. Je me suis dit : « je ne vais pas aimer, ça voix est trop forte ». Mais évidemment, je me suis laissée porter et j’ai aimé que ce soit lui qui lise son propre texte 😉
Je pense que c’était peut-être le temps d’adaptation, car c’est vrai que lors de sa lecture, il arrive facilement à communiquer son émotion et même sa manière d’écrire je trouve.
Tu le sais, je n’ai toujours pas testé les livres audio, mais le fait que l’histoire soit conté directement par l’auteur lui-même doit apporté un charme supplémentaire à l’écoute !
Disons qu’avec Pierre Lemaitre, ça fonctionne vraiment très bien, surtout dans cette trilogie. 😁 Cela dit, j’aime aussi lorsque ses romans sont lus par d’autres, comme « Le serpent majuscule » par exemple, où Nicolas Djermag est remarquable !
Comme j’adore l’écriture de Pierre Lemaitre et que je n’aime pas trop les livres historiques, je serais très attirée par ce roman en audio.
😊 Pierre Lemaitre fait désormais partie de mes auteurs préférés. Je crois que j’ai aimé tous les livres que j’ai lus de lui, tous genres confondus. En tout cas, ce dernier tome des Enfants du désastre m’a complètement séduite.
Je le trouve aussi excellent, il est un des rares auteurs à me faire lire des romans historiques, je tenterai peut-être une version audio pour un des romans que je n’ai pas encore lu car écouter ce passionné raconter ses propres histoires doit être très intéressant…
Oh oui, il a une façon de lire qui retranscrit à merveille son écriture. Je suis chaque fois étonnée de la qualité de son interprétation.
« Pierre Lemaitre nous raconte, toujours avec le même art, toutes ces petites histoires qui se déroulent parallèlement à la grande Histoire. » C’est ce que je préfère dans les livres historiques 🙂
Quant à découvrir un roman lu par l’auteur lui-même, c’est une expérience qui ajoute un degré de plus au sentiment d’immersion.
Pierre Lemaitre est franchement bon pour lire ses romans. On sent toute la passion qui l’habite au cours de sa lecture.