Les hommes ont peur de la lumière de Douglas Kennedy
Thriller
LECTURE AUDIO – Roman lu par François Cognard.
Lorsque j’ai vu ce roman dans le catalogue des sorties audio, je n’ai pu m’empêcher d’être intriguée. Mon expérience avec cet auteur est assez mitigée, et si j’avais adoré son roman Piège nuptial, j’avais véritablement détesté La femme du Ve. Mais concernant celui-ci, les thématiques abordées me semblaient intéressantes et j’étais curieuse de découvrir comment l’auteur allait réussir à les intégrer à l’intrigue. Une lecture passionnante, dévorée en un temps record.
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Suite à son licenciement, Brendan, un ancien ingénieur d’une cinquantaine d’années, est devenu chauffeur Uber à Los Angeles. Esclave d’une entreprise où l’humain ne compte pas, il doit cumuler les heures de travail pour espérer gagner un salaire à peu près décent. Dans son taxi, il voit défiler toutes sortes de personnes, des bavards, des taiseux, des méprisants, des pressés. Un jour qu’il dépose une femme sur son lieu de destination, il va être le témoin d’un attentat. Embarqué malgré lui dans une situation qui le dépasse, les heures qui vont suivre seront particulièrement intenses et éprouvantes.
Dans ce roman, Douglas Kennedy nous ouvre les portes d’une autre Amérique et nous plonge dans l’envers du décor. Un pays où les grosses entreprises s’enrichissent au mépris de l’humain, où les mentalités rétrogrades occupent le devant de la scène, où les personnalités les plus noires sont portées aux nues, et où l’argent mène la danse. Pourtant il existe encore des personnes qui luttent pour leurs droits, pour leurs opinions et pour un monde plus juste. C’est le cas de la fille de Brendan, Klara, assistance sociale qui apporte son aide aux femmes battues. Ou encore d’Elise, cette ancienne professeure d’université qui accompagne les femmes souhaitant interrompre leur grossesse. Deux rôles, deux positions délicates qui, face à la recrudescence de violence, mettent chaque jour un peu plus leur vie en danger. Si leur démarche est pacifique et bienveillante, elle se heurte parfois à une haine brutale, viscérale et meurtrière. C’est ainsi qu’Elise va entrer dans la vie de Brendan. Cette passagère exigeante va se retrouver prise dans l’attentat d’un centre d’avortement, organisé par des militants « pro-vie ». Profondément secoué par cette attaque qui a coûté la vie à un homme, Brendan va sortir de sa léthargie routinière et s’impliquer, un peu malgré lui, dans une lutte frontale de grande ampleur.
« Pendant toutes ces heures quotidiennes, ma vie se résumait à laisser un écran de téléphone me balader d’un bout à l’autre du labyrinthe dément dans lequel je vivais. »
Brendan est un personnage qui m’a beaucoup touchée, notamment par la lassitude qui semble l’étreindre. Cet homme sans histoires s’ennuie autant dans sa vie de couple que dans sa vie professionnelle. Un homme ancré dans un quotidien morose, entouré de personnes plus ou moins nocives. Sa femme, fervente catholique, tient des propos particulièrement radicaux et intolérants, principale source de conflits entre elle et leur fille Klara. Des opinions que Brendan ne cautionne pas et subit en faisant le dos rond. Ce dernier fait preuve d’un regard cru et sans espoir sur une société remplit de contradictions révoltantes. J’ai apprécié le voir évoluer au fil des pages, le voir sortir de sa torpeur, s’animer de courage, en partie grâce à deux femmes bien campées, points d’ancrage de cette intrigue efficace.
Je me suis d’ailleurs attachée au personnage d’Elise, qui consacre son existence à accompagner des femmes en situation de grande fragilité physique et psychologique. J’ai aimé sa force de caractère, son altruisme et sa bienveillance, elle qui, au premier abord, a tout l’air d’une enquiquineuse de premier ordre. Si ses intentions sont aussi louables que celles de Klara, elle est cependant plus posée, là où la jeune femme est plus impulsive et engagée. Car Klara se donne corps et âme dans son travail, allant jusqu’à mettre sa vie en péril.
Un trio de personnages intéressants, comme je les aime, bien qu’ils ne soient pas d’une remarquable complexité.
Je me suis souvent indignée devant tant de violence. Comment peut-on se décréter pro-vie et commettre des attentats mortels ? Comment peut-on avoir la foi et accepter des comportements aussi infâmes et intolérables ? Mais si ce roman aborde des thématiques sociétales importantes, aujourd’hui à la une de l’actualité américaine, il n’en reste pas moins un thriller captivant. J’ai immédiatement été emportée par cette histoire au rythme effréné, qui a su me tenir en haleine de bout en bout. Ainsi ce roman m’a réconciliée avec l’auteur et j’y ai retrouvé ce même dynamisme qui m’avait conquise dans son brillant Piège nuptial.
Mon avis sur la version audio
François Cognard nous offre une interprétation de qualité, incarnant à la perfection les différents personnages.
Date de lecture : 29-30 mai 2022
Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux qu’écouter un extrait pour se faire un avis.
Infos et Quatrième de couverture
Les hommes ont peur de la lumière de Douglas Kennedy
Edition papier : Belfond – Parution : 05/05/2022 – 255 pages – ISBN : 9782714474063
Edition audio : Lizzie – Parution : 05/05/2022 – Durée : 7h32min – ISBN : 9791036613722 – Lu par François Cognard
« Après le succès d’ Isabelle l’après-midi, Douglas Kennedy se réinvente encore et change de décor. Direction Los Angeles et une Amérique rongée par la crise… A mi-chemin entre roman noir et chronique sociale, Les hommes ont peur de la lumière est surtout le bouleversant portrait d’un homme bien, piégé par la violence.
Dans un Los Angeles crépusculaire, le grand retour de Douglas Kennedy au roman noir ! Un après-midi calme et ensoleillé, un bâtiment en apparence anonyme et soudain, l’explosion d’une bombe.
L’immeuble dévasté abritait l’une des rares cliniques pratiquant l’avortement. Une victime est à déplorer et parmi les témoins impuissants, Brendan, un chauffeur Uber d’une cinquantaine d’années, et sa cliente Elise, une ancienne professeure de fac qui aide des femmes en difficulté à se faire avorter.
Au mauvais endroit au mauvais moment, l’intellectuelle bourgeoise et le chic type sans histoires vont se retrouver embarqués malgré eux dans une dangereuse course contre la montre. Car si au départ tout semble prouver qu’il s’agit d’un attentat perpétré par un groupuscule d’intégristes religieux, la réalité est bien plus trouble et inquiétante…
Tout à la fois thriller haletant et chronique d’une Amérique en crise, Les hommes ont peur de la lumière est surtout le puissant portrait d’un homme et d’une femme qui, envers et contre tout, essaient de rester debout. »
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En voilà un sujet malheureusement trop véritable, quand le profit passe avant l’humanité. Et pourtant dans cette lecture tu sembles avoir rencontré des personnages profondément humains. 🙂
Oui c’était un bon moment avec un roman qui se lit vraiment bien.
Ce livre sera l’une de mes prochaines lectures, d’autant qu’une rencontre-dédicaces est organisée dans une librairie de ma ville ce mercredi avec l’auteur.
J’espère que vous passerez un bon moment de lecture !
Je le note autant pour le côté thriller que les personnages et les thématiques abordées hélas très actuelles… J’aime aussi beaucoup le fait qu’il semble y avoir une réelle évolution de Brendan qui finit par prendre part au monde au lieu rester passif. Et les deux personnages féminins ont l’air d’avoir un sacré courage !
Les deux personnages féminins devraient te plaire ! 😁 En tout cas, on ne s’ennuie pas avec ce roman !
Je n’en doute pas ! Et j’ai vérifié, je vais pouvoir l’emprunter 🙂
Merci, j’ai découvert l’extrait audio… Le premier chapitre donne envie d’en lire (d’en écouter) davantage.
Je n’ai pas aimé la femme du Vème. J’ai aimé Piège nuptial et surtout l’homme qui voulait vivre sa vie : en film et en roman, les deux histoires sont différentes mais quel plaisir !
Je n’ai pas lu de nouveaux Douglas Kennedy depuis un certain temps… Celui-ci me faisait envie.
Ah je ne connaissais pas « L’homme qui voulait vivre sa vie ». En tout cas, j’ai passé un très bon moment avec celui-ci. C’est un roman dynamique, qui se lit très bien. Une bonne occasion de se remettre à lire l’auteur. 😁