Chronique – Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été de Clara Héraut

Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été de Clara Héraut

Contemporain, Jeune adulte

Date de lecture : 17-18 juin 2024

Lecture audio → Roman lu par Violette Erhart et Natalia Pujszo ❤️

Cela fait plusieurs jours maintenant que je cherche à vous parler de ce roman, que j’avais repéré lors de ma sélection des nouveautés audio à paraître en juin. Le titre et la couverture me faisaient envie, mais j’étais à mille lieues d’imaginer à quel point ce livre allait me bouleverser. Je ne m’attendais pas à trouver une telle profondeur dans ce récit. Je pensais découvrir un roman léger, optimiste et feel good comme j’aime en lire parfois. Mais ce roman, c’est bien plus que cela. Il est d’une force et d’une justesse incroyable. Il raconte l’histoire de Phoebe et de Léna. Deux sœurs au tempérament différent. L’une a 20 ans, l’autre bientôt 18.

« Les souvenirs que je garde de mes dix-neuf étés passés ici défilent sous mes paupières à la vitesse de l’éclair : les fous rires sur la plage, le sel sur ma peau, le ciel rose au-dessus de l’océan, le parfum des glaces sur mes lèvres, l’odeur de monoï qui flotte dans l’air, le reflet du soleil sur les pages cornées de romans que je dévore en quelques heures… Ma madeleine de Proust à moi. »

Au premier abord, il s’agit d’une histoire classique. Une famille de la région parisienne est venue passer les vacances d’été dans la maison de la grand-mère paternelle, au Pays basque. Au premier abord seulement. Car dès les premières lignes, sur le trajet qui les mène à destination, le mal-être de Phoebe nous percute de plein fouet. Je me suis surprise à me fondre instantanément dans la peau de cette jeune femme. Dans l’habitacle de la voiture, l’air est chargé de tension, la colère vibre. Phoebe se sent oppressée, elle n’arrive plus à s’entendre penser. Il faut dire que Léna est en colère, et que ça fait un moment que ça dure. Entre la mère et la fille, la communication est bloquée, et il ne faut pas compter sur le père pour dire ce qu’il pense. Ça finira encore en claquement de porte, ou de portière, c’est selon. Et comme toujours, Phoebe se retrouvera impliquée dans ce tumulte alors qu’elle n’a rien demandé et qu’elle cherche à se fondre dans le décor. Le début des vacances d’été ne paraît pas idyllique et nul doute que ces dernières seront mouvementées.

« À mes côtés, Léna bout de rage. Sa jambe tressaute et capture toute mon attention.
Tac. Tac. Tac. Tac. Tac.
L’implosion est imminente. Je résiste à la tentation de poser ma main sur sa cuisse pour la calmer, parce que ça ne ferait que l’agacer davantage. »

Les protagonistes semblent évoluer sur une route différente, incapables de se parler, de se comprendre. J’ai aimé suivre les deux sœurs, notamment Léna, qui nous propulse dans le monde des vivants, avec la fougue de la jeunesse. Avec elle, on profite de l’été, des rencontres entre amis, on surfe sur les vagues et on laisse libre cours à l’amour. Léna, c’est une boule d’énergie, pas tout à fait canalisée l’énergie, mais elle m’a plu comme ça. Elle a tendance à bousculer son entourage par ses mots francs, parfois indélicats. La colère qui l’habite reste perceptible, d’autant qu’on a accès à ses pensées et qu’on découvre peu à peu ce qu’elle a vécu au cours de l’année.

« J’étouffe. Je me perds dans le tourbillon de mes pensées, dans l’obscurité qui recouvre tout et qui, pendant une fraction de seconde, m’aspire ailleurs. Nulle part.
Je disparais. »

Si Léna profite de la vie, Phoebe, elle, reste enfermée. Elle a mal au coeur, elle suffoque et nous avec elle. Le noir semble envahir tout son être, ses pensées. Elle, la fille que tout le monde aime, qui a toujours fait tout ce qu’on attendait d’elle, qui met un point d’honneur à ne jamais décevoir personne, surtout pas sa mère. C’est tellement dur de la voir sombrer. On voudrait lui tendre la main, lui sortir la tête de l’eau, lui dire de respirer, que tout va bien aller. Mais on ne peut qu’assister, impuissants, à sa dépression. On voudrait dire à tous les autres : « Eh, oh, regardez-la ! Elle va mal ! » Je ne sais pas si c’est parce que j’ai vécu un tel passage que son personnage m’a autant touchée, mais j’ai ressenti toutes ses émotions avec une force démesurée.

Quant à la mère, elle a su me toucher aussi, malgré sa maladresse évidente envers ses deux filles. Être parent n’est pas toujours aisé. Clara Héraut a su écrire des personnages profonds et nuancés. Vous avez sûrement tous déjà rencontré, au cours de votre existence, une Phoebe et une Léna. Peut-être même que vous vous reconnaîtrez en elles et c’est là le tour de force de l’autrice.

Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été est un roman qui aborde des thématiques essentielles avec une perspicacité remarquable. Mais c’est aussi un roman qui fleure bon les vacances d’été, de celles qui illuminent notre jeunesse par ses instants mémorables. J’ai été subjuguée par la justesse de ce livre, qui m’a émue, et qui convoque nos propres souvenirs d’une époque charnière, à cheval entre la fin d’un monde et le début d’un nouveau. Une très belle surprise, que je ne cesse de conseiller autour de moi.

Mon avis sur la version audio : ❤️ Coup de coeur

Dans la version Audiolib, deux narratrices donnent vie à ces deux merveilleuses jeunes femmes, Violette Erhart (Léna) et Natalia Pujszo (Phoebe). Les deux comédiennes sont extrêmement talentueuses et font corps avec leur personnage. Elles ont réussi à décupler mes émotions, j’ai ressenti avec intensité toute la colère de Léna et la détresse de Phoebe. C’est un énorme coup de cœur pour la version audio, que j’ai trouvé parfaite. Un magnifique hommage au texte de Clara Héraut !

Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux que d’écouter un extrait pour se faire un avis.

Infos & Quatrième de couverture

Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été de Clara Héraut
Éditeur : Audiolib – Parution : 26/06/2024 – 9h46min – ISBN: 9791035416492 – Lu par Violette Erhart et Natalia Pujszo.
📕En grand format chez Hachette, 2024

Comme chaque année, Léna et Phoebe passent les vacances d’été sur la côte basque. Léna ne rêve que de surf et de fêtes sur la plage, tandis que Phoebe peine à reprendre son souffle après une première année de fac compliquée. Les deux sœurs ne se parlent presque plus et leur famille est au bord de l’implosion.

Mais cet été, il y a Inaya, cette fille qui bouleverse toutes les certitudes de Léna. Il y a aussi Isaac, le premier amour de Phoebe à qui elle a brisé le cœur l’été dernier. Il y a surtout ces choses que les deux sœurs ne se sont jamais dites.

Ce roman d’été explore avec délicatesse le passage à l’âge adulte.

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Cet article a 5 commentaires

  1. Oh, mais je note tout de suite. J’ai beaucoup vu passer ce roman, et ton avis me tente carrément. 🤩

    1. Caroline

      Il m’a beaucoup touchée. L’autrice aborde des sujets forts et elle le fait avec beaucoup de justesse. Je ne m’attendais pas à ce style de lecture, et j’ai été agréablement surprise.😊

  2. Heureusement qu’il est déjà dans ma pal. Ton coup de cœur aurait sinon fait augmenter son volume.

    1. Caroline

      J’espère qu’il te plaira Camille ! Pour ma part, j’y suis allée un peu à l’aveugle, attirée par le mot « été » et j’ai été très agréablement surprise.

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