Chronique - Proies d’Andrée A. Michaud

Chronique – Proies d’Andrée A. Michaud

Proies d’Andrée A. Michaud

Thriller

Date de lecture : 29-31 mars 2023

J’ai découvert la plume d’Andrée A. Michaud avec Bondrée. Un roman dont j’avais beaucoup apprécié l’ambiance, la langue et bien entendu l’intrigue.

“Elle leur avait fait part du sentiment qui la hantait de n’être qu’une chair offerte à un œil avide, insistant sur la démangeaison, une brûlure, en réalité, qui montait le long de sa jambe, cuisait parfois sa nuque ou ses reins. Ça va mal tourner, je le sens.”

Aby, Jude et Alex, seize ans, décident de camper durant trois jours au bord de la rivière. Comme tous les parents, les leurs ne sont pas sereins mais relativisent. Nous sommes dans un village, alors que pourrait-il bien leur arriver ? Mais ce séjour, qui avait commencé sous les meilleurs auspices, va rapidement tourner au cauchemar. Une présence menaçante semble rôder non loin de leur campement. Ils le savent, ils le sentent mais choisissent de ne pas écouter leur instinct.

Andrée A. Michaud nous emmène au coeur de la forêt, non loin du village de Rivière-Brulée, pour suivre trois amis d’enfance, unis comme les doigts de la main. On ressent sans peine leur joie à l’idée de camper seuls dans les bois, de s’amuser comme des fous et de se raconter des histoires qui font peur, la nuit, à la lueur d’une lampe torche. Un enthousiasme communicatif et pourtant, dès le départ, l’inquiétude s’insinue, car on imagine bien que l’autrice n’est pas là pour nous conter fleurette. Son roman s’intitule Proies et qui dit proies…

Petit-à-petit, la légèreté des premières pages laisse place à une atmosphère plus lourde, plus anxiogène. La tension s’immisce jusque dans les dialogues et les interactions se font plus vives. Le campement a été visité, pour les adolescents c’est une certitude. Ce sont probablement des personnes qui s’amusent avec eux, mais pas dangereuses, car ça, c’est le genre de chose qui n’arrive pas dans la vraie vie, non ? On n’est pas dans Délivrance ! Alors ils prennent sur eux, c’est ridicule d’avoir la trouille, ils ne vont pas rentrer en avance à la maison, sinon tout le monde se moquera d’eux. Et puis, c’est un peu la faute d’Alex aussi, avec ses histoires de Blanche la fantôme. En attendant, ils n’ont qu’à alterner les tours de garde la nuit. Mais il y a toutes ces sensations, ces ombres, cette brûlure qui démange, autant de signes qui ne trompent pas.

L’autrice est vraiment très douée pour installer l’ambiance et le décor. On assiste successivement à des scènes véritablement oppressantes, avant d’être ramenés au sein du village, qui pendant ce temps-là prépare des festivités. Deux moments, deux ambiances, qui mettent nos nerfs à vif, alors qu’on voudrait crier à tous ces habitants qu’il se passe quelque chose. Mais ce sont là seulement les prémices de l’intrigue, car le roman ne repose pas uniquement sur ces trois jours de camping, l’autrice nous emmène plus loin, aux prises avec la folie.

Nous sommes des spectateurs omniscients, très tôt nous savons de quoi il retourne, mais nous sommes face à notre impuissance. On lit ce récit en apnée, sans jamais relâcher sa vigilance, en cohésion avec les émotions des protagonistes, car la menace perpétuelle qui plane sur leur tête accentue le sentiment de tension.

Tout comme dans Bondrée, la nature en toile de fond, et la forêt particulièrement, est à la fois magnifique et hostile, source de sérénité autant que d’angoisse.

Je suis une nouvelle fois conquise par la plume de l’autrice, par la profondeur psychologique de ses personnages et sa façon de dépeindre l’ambiance. Un thriller haletant et oppressant !


Infos et Quatrième de couverture

Proies d’Andrée A. Michaud
Édition : Rivages (Noir) – Parution : 15/03/2023 – 336 pages – ISBN: 9782743659059 – Genre : Thriller.

“Non loin du village de Rivière-Brûlée, trois adolescents, Judith, Abigail et Alexandre, partent camper dans la forêt. C’est l’été, ils se réjouissent de passer ces trois jours au grand air loin de leur famille. Le premier jour est idyllique. Le soir, à la veillée, ils se racontent des histoires de fantômes et jouent à se faire peur.
Mais le lendemain, au retour d’une baignade dans la rivière, ils ont la nette impression que leurs affaires ont été déplacées. Ils sentent comme une présence autour d’eux sans pouvoir vraiment en identifier l’origine. Peu à peu, leurs peurs se concrétisent de la manière la plus effrayante. Et la nature exubérante se fait hostile quand leur vie est en jeu…”


Mes recommandations en rapport avec ce livre

BondréeLa rivière

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Cet article a 8 commentaires

  1. Une histoire qui commence comme un bon film d’horreur… Pas certaine d’aller camper après, mais je ne dis clairement pas non à cette lecture 😛

  2. Moi qui ai déjà peur de camper, je ne doute pas être bon public pour ce livre. Et le décor en forêt me plairait certainement ! Je le note. 😊

    1. Caroline

      Alors les premiers chapitres te plairaient sûrement, d’autant plus quand ça tourne au cauchemar ! 😁

  3. Il y a l’air d’avoir une tension incroyable avec une ambiance qui prend à la gorge comme j’aime ! En bref, je note et tenterai probablement la version audio si elle existe.

    1. Caroline

      Pour l’instant, il n’y a pas de version audio car le roman est tout récent. En France, le seul roman d’Andrée A. Michaud que j’ai trouvé en audio c’est « Tempêtes » chez Vues et Voix. Il faut que je l’écoute d’ailleurs. Sinon, si tu aimes le québécois, il y a « Bondrée » disponible gratuitement chez Oh Dio (c’est une radio canadienne). En tout cas, j’ai adoré cette lecture. 😁

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