Chronique - Le mangeur d'âmes d'Alexis Laipsker

Chronique – Le mangeur d’âmes d’Alexis Laipsker

Le mangeur d’âmes d’Alexis Laipsker

Policier

LECTURE AUDIO – Roman lu par Thierry Blanc

Date de lecture : 1-3 juil. 2023

J’ai découvert Alexis Laipsker, il y a peu, avec Les poupées. Ayant particulièrement adoré ce roman et ayant été complètement subjuguée par le dénouement, que je n’avais pas vu venir, j’ai eu très envie de lire tous les autres livres de l’auteur. Ce qui tombait plutôt bien car Le mangeur d’âmes était disponible à la médiathèque numérique, en version audio, et lu par Thierry Blanc, un narrateur que j’adore (voir mes chroniques de Billy Summers et Entre fauves). J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman policier, qui m’a baladée entre réalité et superstition.

Note : 8 sur 10.

Alexis Laipsker entre très rapidement dans le vif du sujet et donne le ton sans ambages. Un couple est retrouvé mort dans sa maison, fermée de l’intérieur. Compte tenu de la scène, il semblerait que les deux amants se soient entretués, de façon absolument sordide, non sans avoir au préalable enfermé leur enfant dans la cave. Ce dernier, effrayé mais bien vivant, affirme que “c’est le Mangeur d’âmes” le responsable de ce carnage.

Nous allons mener l’enquête aux côtés de deux gendarmes, la commandante Elisabeth Guardiano, officiellement en charge de l’affaire et le capitaine Franck De Rolan, ici à titre officieux. Les deux protagonistes ne se connaissent pas, mais ce dernier réussit à s’imposer avec brio dans cette enquête. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé son personnage, qui, sous couvert d’un humour un peu graveleux, cache en réalité une personnalité sensible et touchante. Il est tout de même prêt à tout pour résoudre sa propre enquête, même à cacher des preuves et découvertes qui seraient essentielles pour faire avancer celle de sa consœur. On se doute bien que si le capitaine est dans le coin, c’est qu’il pense que son affaire et celle de Guardiano ont un point commun. Mais lequel ?

Avec ce roman, on plonge dans une noirceur sans fond, de celle qu’on aimerait ne jamais connaître. L’atmosphère est sinistre, jusque dans le décor, avec ce village de montagne isolé et presque sans âmes, cette neige épaisse, cette vieille femme à moitié folle et ces morts absolument horribles. Car, bien entendu, ce couple ne sera que le premier d’une série. Je me suis laissée emporter sans répit dans cette histoire, souvent effarée par ce que j’imaginais découvrir. Les enquêteurs révèlent peu à peu les différentes couches de ce mystère, jusqu’à en atteindre le cœur, effroyable.

Le mangeur d’âmes est un roman policier assez glauque. Le genre de polar que je ne lis que rarement, la thématique de disparition d’enfants n’étant pas ma tasse de thé. Mais finalement, rien d’insurmontable, car le côté fictionnel ressort clairement, contrairement à d’autres romans, que je ne pourrais jamais lire tellement ils me semblent crédibles et réalistes, et surtout grâce à l’humour de De Roland, qui a contribué à alléger un peu l’atmosphère.

Avec Le mangeur d’âmes, Alexis Laipsker nous offre une intrigue convaincante, où se mêlent habilement réalité sordide et superstition. Une très bonne lecture, dont on ne sort pas tout à fait indemne.

Mon avis sur la version audio :

Dans la version audio Lizzie, Thierry Blanc donne le ton de ce roman policier. Un narrateur que j’ai déjà eu plusieurs fois l’occasion d’écouter et dont j’apprécie beaucoup le timbre de voix. Comme toujours, son interprétation est excellente et met clairement en valeur les différents personnages. J’aime la façon dont il s’imprègne de l’ambiance et la justesse avec laquelle il la transmet au lecteur. Vous l’aurez compris, je recommande la version audio.

Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux qu’écouter un extrait pour se faire un avis.

Extrait

Sur le même trottoir se tenait une vieille femme qui l’observait, immobile. Ses cheveux longs et gris dissimulaient en partie son visage buriné et couvert de rides profondes. L’aura orange des réverbères lui donnait un teint cireux.
Guardiano s’approcha d’elle pour lui demander son chemin, mais la vieille l’interpella la première :
– Vous êtes une brebis égarée.
– Effectivement, je cherche…
– Le premier sceau a été brisé.
– Je vous demande pardon ?
– « Le dragon se plaça devant la femme qui allait accoucher, afin de dévorer son enfant dès qu’il serait né. Elle mit au monde un fils, un enfant mâle. »
– Un enfant, dites-vous ? Et qui est…
– Vous ne comprenez donc pas ?
– Non, je…
– Ils prétendent que je suis folle, mais je ne suis ni sourde, ni aveugle, dit-elle en écarquillant les yeux de façon inquiétante.
– Que me voulez-vous ?
– Ce qu’ils font… Blasphème ! Ce sont des suppôts de Bélial. Je vous le dis, la gouve est vide. La gouve est vide !
– La gouve ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
– Ils ont commis trop de péchés ! grogna-t-elle en lui agrippant le bras avec force.
– Lâchez-moi, vous me faites mal, lui intima Guardiano en se dégageant.
– « Voici, il vient avec les nuées… »
– De qui parlez-vous ?
La vieille pointa son index griffu vers le visage de la policière :
– « … tout œil le verra, même ceux qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui. »


Infos et Quatrième de couverture

Le mangeur d’âmes d’Alexis Laipsker
Édition audio : Lizzie – Parution : 11/05/2023 – Durée : 8h06min – ISBN/ASIN: 9791036625411 – Lu par : Thierry Blanc – Genre : Thriller.
📕En broché chez Michel Lafon, 2021
📘En poche chez Pocket, 2022

“Dans l’horreur, la réalité peut dépasser la légende. « Il n’a pas crié. Ils ne crient jamais. » Certains secrets, pourtant bien gardés, s’avèrent parfois trop lourds à porter…Quand des disparitions d’enfants et des meurtres sanglants se multiplient dans un petit village de montagne sans histoire, une vieille légende nimbée de soufre ressurgit… Diligentés par leurs services respectifs, le commandant Guardiano et le capitaine de gendarmerie De Rolan sont contraints d’unir leurs forces pour découvrir la vérité.”


Mes recommandations en rapport avec ce livre

J’aimerais vous conseiller la lecture d’un autre roman de l’auteur, Les poupées, que je n’ai pas pris le temps de chroniquer mais que j’ai vraiment beaucoup aimé. Une intrigue excellente, originale, bien mise en scène. À découvrir, si ce n’est pas déjà fait, pour les amateurs de romans policiers.

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Cet article a 11 commentaires

  1. Je n’ai encore jamais lu l’auteur, alors je note tes deux recommandations ! C’est clairement du genre à me plaire. Merci pour les découvertes 🙂

    1. Caroline

      J’espère que tu passera un bon moment et je te conseille vraiment Les poupées en premier, même si les deux sont très bons. 😁

  2. J’ai bien envie de découvrir cet auteur, mais plutôt avec Les poupées justement pour commencer, même si tu as passé une bonne lecture avec celui-ci. 😊

    1. Caroline

      Les poupées est un très bon choix pour découvrir l’auteur Ludivine. J’espère que tu apprécieras ta lecture car, encore une fois, c’est un roman qui m’a marquée. Une scène en particulier d’ailleurs. Et puis, j’ai adoré le dénouement. 😊

      1. Ouh, tu m’intrigues encore plus Caroline ! Je l’emprunterai à ma prochaine visite à la bibliothèque alors si il est disponible. 😉

  3. Ça me tente pas mal surtout si le glauque reste supportable et qu’on sente bien qu’on est dans de la fiction.

    1. Caroline

      Si tu aimes ce genre de roman policier, tu peux y aller les yeux fermés. Mais, si jamais tu découvres l’auteur, je te conseille Les poupées. Il m’a vraiment marquée celui-ci ! Après ça, j’ai eu envie de découvrir tous ses autres livres !

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