Dans la gueule de l’ours de James McLaughlin

Chronique – Dans la gueule de l’ours de James McLaughlin

Dans la gueule de l’ours de James McLaughlin

Thriller, Nature Writing

LECTURE AUDIO – Roman lu par Guillaume Orsat.

Rice prend très à cœur son métier de garde-forestier dans une réserve privée des Appalaches. Un jour, un vagabond lui montre la dépouille d’une ourse dépecée à qui il manque la vésicule. Un coup des braconniers, sans aucun doute ! Etant donné son passé trouble, il décide de ne pas prévenir les autorités et de traquer lui-même ces individus. Mais ces derniers ne sont pas réputés pour leur amabilité et vont lui donner du fil à retordre.

« Il imagina un instant que la forêt était en colère, déçue, qu’il était personnellement responsable de cette intrusion des braconniers tueurs d’ours. »

Dans la gueule de l’ours est un thriller d’ambiance, où la nature occupe une place importante. L’auteur prend son temps pour poser le décor et nous présenter son protagoniste principal. Un choix qui peut décourager mais qui, pour ma part, m’a permis de m’immerger pleinement dans l’histoire.

Dès le départ, l’auteur nous livre les grandes lignes de l’histoire de Rice, la raison qui l’a mené ici, dans cet endroit où il vit éloigné des Hommes, mais surtout du cartel de drogue mexicain qu’il a mis très en colère. J’ai immédiatement aimé ce personnage, la façon dont il appréhende son travail, son implication, sa solitude. Il fait preuve d’une immense volonté pour arriver à ses fins, jusqu’à même communier totalement avec son environnement, au détriment parfois de sa raison. Je l’ai vu comme un être profondément humain, même si ses actes sont quelquefois discutables.

Par opposition, certains autochtones sont présentés comme des personnes assez peu fréquentables, en particulier les chasseurs qui dérivent dans le braconnage. L’horreur de leurs actions, leur mépris envers ces animaux qu’ils mutilent, m’ont hérissé le poil. La rivalité qui oppose ces deux camps, l’un marchandant les espèces, l’autre s’échinant à les préserver, crée une tension oppressante. Une tension renforcée par l’ombre de la violente agression subie par Sara, la précédente garde-forestière.

« Il attendit une autre heure. Quand il se leva, son camouflage ghillie bruissa doucement. Il se sentit calme et fort. »

Dans ce roman, j’ai particulièrement apprécié les passages abordant la nature, le comportement des abeilles par exemple, ou encore celui de l’Homme face à cette majesté. La scène où Rice fusionne avec la forêt, camouflé en tenue ghillie, m’a passionnée. J’ai ressenti comme une légère accélération du rythme, alors que le personnage se fond dans le décor, maîtrisant sa respiration. Des scènes impressionnantes, où se confondent hallucinations et réalité, amenant une perte des repères pour le protagoniste et semant une confusion habile dans l’esprit du lecteur.

Avec ce roman, James A. McLaughlin nous offre une intrigue bien menée et immersive, qui plaira peut-être davantage aux amateurs de romans Nature Writing qu’aux amateurs de thrillers purs.

En aparté : En ce qui concerne la traduction française du titre, je n’ai pas compris le choix du mot « gueule », « peau » étant davantage adapté à l’histoire, à mon sens. Le titre original est « Bearskin ». De même, je trouve que la couverture des éditions Rue de l’échiquier est beaucoup plus parlante et correspond mieux au roman. Mais ce n’est que mon avis.

Mon avis sur la version audio

Audiolib nous présente une fois de plus un livre audio de grande qualité. J’ai été totalement conquise par l’interprétation de Guillaume Orsat, qui a grandement contribué à m’immerger dans le roman. J’ai adoré cette écoute, la manière dont le narrateur s’imprègne de tous les personnages, notamment le shérif Walker. Sa voix m’a transportée, peut-être même davantage que l’histoire en elle-même. Je recommande !

Date de lecture : 28-29 août 2022

Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux qu’écouter un extrait pour se faire un avis.

 


Infos et Quatrième de couverture

Dans la gueule de l’ours de James McLaughlin
Edition : Rue de l’échiquier – Parution : 16/01/2020 – 448 pages – ISBN: 9782374251981
Edition audio : Audiolib – Parution : 10/08/2022 – Durée : 11h07 – ISBN: 9791035411374 – Lu par Guillaume Orsat.

« Criminel en cavale, Rice Moore trouve refuge dans une réserve des Appalaches, au fin fond de la Virginie. Employé comme garde forestier, il cherche à se faire oublier du puissant cartel mexicain de la drogue qu’il a trahi. Mais la découverte de la carcasse d’un ours abattu vient bouleverser son quotidien : s’agit-il d’un acte isolé ou d’un braconnage organisé ? L’affaire prend une tout autre tournure quand de nouveaux ours sont retrouvés morts, affreusement mutilés.
Rice décide alors de mener l’enquête et met au point un plan pour piéger les coupables. Un plan qui risque bien d’exposer son passé.
James McLaughlin signe un premier roman époustouflant. Au-delà d’une intrigue qui vous hantera longtemps, l’auteur s’empare de questions essentielles : comment la nature et l’homme se transforment-ils mutuellement ? Quelle est la part d’animalité en chaque être humain ? »


Mes recommandations en rapport avec ce livre

Animal de Sandrine Collette
Pour la chasse à l’ours et parce que c’est un récit vraiment très prenant, à l’atmosphère oppressante, où la nature, majestueuse et sauvage, se confronte à une humanité souvent cruelle et sans merci. Lire la chronique.

La rivière de Peter Heller (cover)

La rivière de Peter Heller
Un roman dans le style Nature Writing, comme je les aime, savant mélange d’aventure et de suspense. Lire le retour de lecture.

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Cet article a 4 commentaires

  1. Le cadre de l’histoire semble assez dépaysant, mais j’ai peur que le rythme soit un peu trop calme pour moi…

  2. La partie nature me plairait certainement mais la cruauté des chasseurs me fait un peu peur je dois bien l’admettre. Mais une chose est sur, ce titre ne me laisse pas indifférente, pourquoi pas à l’occasion. Merci pour ce retour ! 😊

    1. Caroline

      Je comprends Ludivine, même si dans ce roman les actes ne sont pas décrits. Mais l’écriture fait qu’on ressent la colère de Rice face à cette situation.

      1. Parfois l’imagination fait le reste et comme tu le dis, les sentiments prennent le dessus, ça devait être intense.

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