Chronique - À qui la faute de Ragnar Jónasson

Chronique – À qui la faute de Ragnar Jónasson

À qui la faute de Ragnar Jónasson

Thriller

LECTURE AUDIO – Roman lu par Slimane Yefsah

Date de lecture : 9-10 avril 2023

Cette chronique est assez différente de celles que je peux écrire d’habitude, sans doute car je n’ai pas été emballée par cette lecture. J’en suis désolée, car cela m’arrive rarement, mais elle ne sera pas très élogieuse. Je ne l’aurais d’ailleurs pas rédigée si ce titre n’avait pas fait partie de la sélection du Prix Audiolib 2023, dont je suis l’une des jurées.

Ármann, Helena, Daníel et Gunnlaugur, des amis d’enfance, décident de se retrouver le temps d’un weekend, au coeur des montagnes islandaises, pour chasser la perdrix. Mais une tempête de neige les contraint à s’abriter dans un refuge, transformant dès lors ces retrouvailles en un véritable cauchemar.

Au départ, ce thriller avait tout pour me séduire. Un probable huis clos, des secrets, un imprévu censé faire monter la tension. Alors, qu’est-ce qui a bien pu déraper au point de me faire décrocher de ma lecture ?

À qui la faute se présente comme un roman choral, qui, comme le veut la tradition, nous plonge tour-à-tour dans la tête de chacun des protagonistes. Un parti pris intéressant, grâce auquel on comprend rapidement que les relations entre les “amis” sont loin d’être idylliques. D’ailleurs le reste du temps, on ne peut pas dire qu’ils cherchent à entretenir un lien les uns avec les autres. À tel point que je me suis demandé pourquoi ils ont accepté ces retrouvailles.

Surpris et épuisés par une tempête de neige, les quatre amis se dirigent vers un refuge, menés avec assurance par Ármann, “guide autoproclamé”, “voyagiste expert, comme il l’aurait sans doute formulé.” C’est à partir de ce moment que les choses se gâtent et que l’intrigue se met en place. Ce qu’ils vont découvrir dans ce refuge va les terrifier et bouleverser tous leurs projets.

“Face à la vision absurde et macabre qui s’offrit à son regard, son cœur s’arrêta l’espace d’une seconde. Il essaya de crier, mais ne put émettre le moindre son. Pétrifié, il se contentait de regarder fixement droit devant lui.
Jamais il n’avait été aussi terrifié.”

Il faut savoir que j’ai vécu ce moment comme un cliffhanger, stoppant mon geste dans son élan (j’étais en train d’enlever des ronces), mes pensées défilant à toute vitesse sur ce qui pouvait bien se trouver derrière cette porte – et j’ai l’imagination fertile. C’est à partir de là que tout, du scenario aux comportements des protagonistes, m’a paru incohérent et surjoué. Je ne prétends pas que je ne perdrais pas mon sang-froid en de pareilles circonstances, loin de là. J’ai simplement trouvé que les réactions des personnages étaient absurdes et très théâtrales. Les mots aussi m’ont semblé assez excessifs.

L’auteur abuse, à mon sens, de ces sortes de cliffhangers que l’on retrouve tout au long du roman. Un choix qui m’a agacée, notamment car j’avais l’impression de revivre sans cesse les mêmes évènements, sans pour autant avancer dans la narration.

Je n’ai pourtant pas abandonné ma lecture, non pas car je me devais de l’écouter dans son intégralité, mais plutôt car je gardais espoir que ce thriller pourrait devenir captivant. J’avais en tête Dix âmes, pas plus, dont j’avais beaucoup apprécié l’ambiance et la tension, aussi je pensais retrouver au moins cela dans le récit. Hélas, force est de constater que mon tensiomètre est resté à zéro tout du long.

Heureusement, je peux généralement compter sur l’alternance passé/présent pour raviver mon intérêt et attiser ma curiosité. Cela dit, même l’histoire des protagonistes n’a pas sauvé la mise, d’autant que ces derniers sont assez imbuvables et manquent tellement de crédibilité, que même pour une fiction, ce n’est pas agréable. Gunnlaugur, notamment, m’a exaspérée. Tout chez cet homme m’a rebutée, sa frustration, sa personnalité, ses pensées. Seule Helena m’a semblé un peu plus profonde et digne d’intérêt.

Concernant l’intrigue en elle-même, elle est plutôt intéressante, même si l’on devine aisément de quoi il retourne. Un point qui ne me dérange pas (plus) dans les thrillers si j’estime que la construction offre un minimum de tension, ce que je n’ai pas ressenti ici.

Pour conclure, À qui la faute est un thriller qui ne m’a pas captivée. Je n’ai été convaincue ni par l’histoire ni par les protagonistes, cela étant, cette déception ne m’empêchera pas de lire d’autres romans de l’auteur.

Mon avis sur la version audio :

Bien qu’il s’agisse là d’un roman choral, Slimane Yefsah est seul à nous raconter cette histoire. Je répète souvent que je préfère de loin un seul lecteur que plusieurs, mais j’avoue m’être posé la question concernant ce roman en particulier. L’écoute ne m’a pas spécialement emportée, mais m’aurait-elle pour autant semblé plus captivante s’il y avait eu plusieurs voix ? Sincèrement, je ne pense pas. Les protagonistes étant très théâtraux, pour ne pas dire caricaturaux, le narrateur n’est pas à remettre en cause. J’avais d’ailleurs apprécié sa prestation dans Les soeurs de Montmorts de Jérôme Loubry, que je vous conseille au passage.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Prix Audiolib 2023.

Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux qu’écouter un extrait pour se faire un avis.


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À qui la faute de Ragnar Jónasson | Titre original : Úti
Édition audio : Audiolib – Parution : 18/01/2023 – Durée : 6h19min – ISBN/ASIN: 9791035412524 – Lu par : Slimane Yefsah – Genre : Thriller.

“Quatre amis d’enfance. Un huis clos au cœur de ce que l’Islande a de plus sauvage. Survivront-ils tous à cette nuit ?
Ils pensaient se retrouver le temps de quelques jours paisibles. Une simple chasse à la perdrix dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande… Mais le voyage tourne au cauchemar. Une tempête de neige violente et inattendue s’abat sur eux et les oblige à se réfugier dans un pavillon de chasse abandonné. À l’intérieur, une découverte macabre changera à jamais le cours de leur existence – et de leur amitié. C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir ce qu’ils ont de pire en chacun d’eux.”


L’avis des autres membres du Jury Audiolib

Parce que nous n’avons pas toujours les mêmes ressentis ou la même façon de parler d’un livre, voici quelques avis de mes collègues jurées.
Ce thriller de Ragnar Jónasson n’a pas toujours rencontré un vif succès auprès des jurées, mais pour certaines ce fût quand même une belle découverte. Voici quelques liens vers leurs chroniques :

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Cet article a 11 commentaires

  1. Je passe mon tour pour ce titre et note plutôt « Dix âmes, pas plus » pour découvrir l’auteur ! 🙂

    1. Caroline

      Peut-être que tu pourrais l’apprécier. Si tu veux un autre avis, « Triple L de Mag » a fait une chronique vidéo sur YouTube où elle en parle très bien, avec passion. Cela dit, ce sont, je pense, des romans où l’ambiance compte beaucoup et si tu ne rentres pas dedans dès le départ, c’est fichu. C’est ce qui a dû m’arriver.

  2. Effectivement, c’est plutôt rare de lire une chronique où l’on ressent ta déception. Et apparemment, tes camarades Jurées n’ont pas été très réceptives non plus pour la plupart d’entre elles. Désolée pour vous que ça n’ait pas pris, vous aurez tenté. 🙂 J’ai toujours un peu de mal à me plonger dans les romans nordiques, je mélange souvent les prénoms ou les villes, alors j’ai toujours une appréhension face à ces livres. Et je t’avoue que ce n’est pas ce titre qui va me convaincre de passer le cap. 🤭

    1. Caroline

      Ah oui, je comprends que pour les prénoms c’est un peu compliqué parfois ! Cela dit, j’aime beaucoup les polars nordiques, enfin, surtout les suédois. Mais je retenterai un livre de cet auteur islandais.

      1. Je te souhaite une bien meilleure découverte pour le prochain roman dans ce cas. 😉

  3. Enna

    On est sur la même longueur d’ondes!

    1. Caroline

      Oui Enna ! 😁 J’aime beaucoup lire les avis des autres jurées car c’est amusant de voir que nous sommes toutes différentes, avec des sensibilités différentes. Rares sont les romans qui nous unissent vraiment toutes et ça c’est chouette.

  4. Je n’ai même pas compris comment les personnages pouvaient se dire amis. Et j’ai aussi trouvé que c’était surjoué…

    1. Caroline

      Oui, je me suis fait la même réflexion ! Ils sont tous là, à ronchonner, à se critiquer, et chaque fois j’avais envie de leur dire : « Ben pourquoi t’es venu alors ?! » 😂

  5. Hedwige

    J’ai eu exactement les mêmes impressions et déceptions que toi Caroline, d’autant plus que cet auteur avait écrit précédemment de superbes intrigues.

    1. Caroline

      Cela me rassure un peu. 😊 Pour tout dire, je n’avais lu que « Dix âmes, pas plus » que j’avais beaucoup apprécié. Mais je sais que c’est un auteur que je relirai car j’adore les polars nordiques, l’ambiance particulière et le rythme un peu lent qu’ils dégagent tous. Dommage que ça ne l’ait pas du tout fait avec celui-ci.

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