Tant que le café est encore chaud de Toshikazu Kawaguchi

Chronique – Tant que le café est encore chaud de Toshikazu Kawaguchi

Tant que le café est encore chaud de Toshikazu Kawaguchi

Contemporain

Date de lecture : 18-20 sept. 2021

Ding-Dong ! Vous prendrez bien une tasse de café chaud ! ☕

Je suis ravie d’avoir pu découvrir ce roman grâce à une opération Masse Critique de Babelio.  Je suis complètement tombée sous le charme de ce huis-clos émouvant, à l’ambiance si particulière.

« L’homme n’est pas capable d’appréhender objectivement ce qu’il voit et ce qu’il entend. Les informations qu’il reçoit sont déformées par son expérience, sa pensée, les circonstances, ses fantasmes, ses goûts, ses connaissances ou encore sa conscience. »

Le voyage dans le temps, un concept qui a inspiré de nombreuses oeuvres, cinématographiques et littéraires, au fil des décennies. Un concept auquel on a tous déjà pensé, au moins une fois dans sa vie, le plus souvent guidé par l’envie de réparer une erreur de parcours. Et s’il existait un endroit dans le monde qui vous permettrait de retourner dans le passé ? Et si je vous disais que cet endroit existe bel et bien, et qu’il s’agit d’un petit café tokyoïte, nommé Funiculi funicula.

Véritable légende à Tokyo, la particularité extraordinaire du Funiculi funicula attire de nombreuses personnes, désireuses, pour une raison ou une autre, de voyager dans le temps. Pour autant, peu d’entre elles ont réussi à vivre l’expérience. Pour commencer, il faut déjà le trouver ce petit café ! Cela peut paraître simple pour la poignée d’habitués que l’on y croise tous les jours, et pourtant, j’ai plutôt l’impression que ce lieu, seules les personnes qui doivent le voir peuvent le voir. Un peu comme les moldus ne peuvent pas voir le monde magique. On peut passer devant quotidiennement sans même l’apercevoir, et puis un jour, on se rend compte de son existence et, un petit peu étonné, on décide de pousser la porte d’entrée. “Ding-Dong” ! On pénètre alors dans un lieu à l’atmosphère feutrée, un peu rétro, où l’éclairage tamisé invite à la contemplation. Un lieu qui semble déconnecté du monde extérieur, d’ailleurs, il ne faut pas compter sur les trois horloges pour vous donner l’heure. Elles sont arrêtées depuis si longtemps que personne n’y attache même plus d’importance. Perplexe, on trouve une table où s’asseoir et on attend, patiemment, que Kazu vienne nous servir. C’est ainsi qu’à travers quatre chapitres, nous allons rencontrer les quatre futures voyageuses de ce récit.

« Dans ce café, on ne faisait pas de courbettes aux clients. Tout respirait la liberté. Le client ignorait à quel moment on viendrait s’occuper de lui. C’est un lieu qui ne se conformait pas à nos attentes, c’est ça qui était bien. »

Parmi les personnages se trouvent quelques habitués, comme Mlle Hiraï, qui tient un restaurant un peu plus loin. Une femme au fort tempérament, régulièrement affublée de bigoudis sur la tête, qui a pour habitude de discuter au comptoir avec les patrons Nagare et Kei, et leur employée Kazu. Elle égaye un peu le lieu, avec sa franchise et ses propos décalés. Il y a aussi M. Fusagi, ce vieil homme un peu perdu, toujours assis à la même place, avec un magazine dans les mains. Quant à Fumiko, il semble qu’elle ait découvert le lieu en même temps que nous, avec son petit-ami Gorô.

Mais pour voyager dans le passé, il y a quelques règles essentielles à respecter, accompagnées d’un rituel immuable, que la jeune Kazu veillera à vous indiquer. La première chose à savoir et non des moindres, c’est que le passé ne peut pas être modifié. Vous pourrez dire ou faire tout ce que vous voudrez, cela ne changera rien à votre présent. Un point qui en a sûrement découragé plus d’un, se demandant certainement quel pouvait bien être l’intérêt, dès lors, de revenir en arrière. Ensuite, il faut s’asseoir à une table bien spécifique, sur une chaise bien spécifiqueEt là encore, ne croyez pas crier victoire trop vite ! La chose peut paraître aisée, surtout vu le peu de monde dans le café et pourtant, la place est souvent occupée par la même femme, jour après jour, et la déloger ne sera pas une mince affaire. Pour finir, le voyage ne peut durer que le temps d’un café chaud.

Ce qui m’a frappée au premier abord dans ce texte, c’est son aspect pièce de théâtreUn seul décor et des personnages qui défilent, toujours les mêmes, au rythme du “Ding-Dong” de la porte d’entrée. Chacun d’entre eux m’a profondément émue. Au fil du récit, on apprend à les connaître davantage, on apprend leur histoire, leur blessure, et on s’attache, inévitablement. Comme eux, on prend conscience de ce qui compte vraiment, et que la réalité, même si elle est parfois douloureuse, ne doit pas nous empêcher de vivre ou de garder espoir. Un voyage qui permet de trouver une forme d’apaisement, d’une façon qui nous est propre.

Il est rare que je succombe à une trop forte émotion en lisant un livre, au point de verser quelques larmes, mais je dois bien reconnaître que ces histoires ont eu raison de moi. Tant que le café est encore chaud est un roman bouleversant qui nous plonge avec intelligence et sensibilité dans l’âme humaine. Je vous invite à vivre cette expérience unique, accompagné, qui sait, d’une tasse de thé ou de café !

Roman lu dans le cadre d’une Masse Critique privilégiée Babelio. Je remercie Babelio et la maison d’édition pour l’envoi de ce roman.

Pumpkin Autumn Challenge 2021 – Automne des mystères – Cabinet de curiosité

Infos
Editeur : Albin Michel
Parution : 29/09/2021
240 pages
ISBN : 9782226458506
Quatrième de couverture
« Chez Funiculi Funicula, le café change le cœur des hommes.A Tokyo se trouve un petit établissement au sujet duquel circulent mille légendes. On raconte notamment qu’en y dégustant un délicieux café, on peut retourner dans le passé. Mais ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et dure tant que le café est encore chaud.
Quatre femmes vont vivre cette singulière expérience et comprendre que le présent importe davantage que le passé et ses regrets. Comme le café, il faut en savourer chaque gorgée.Vendu à plus d’un million d’exemplaires au Japon, traduit dans plus de trente pays, le roman de Toshikazu Kawaguchi a touché les lecteurs du monde entier.« Un roman extraordinaire sur un café où tout est possible. » Publishers Weekly »
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