Chronique en quelques lignes
L’amant de Patagonie d’Isabelle Autissier
Historique
Date de lecture : 17-18 mai 2025
« Je suis Cushinjizkipa, du pays de Yeskumaala, près, tout près du bout du monde.
J’ai jeûné jusqu’à ce que mon corps soit transparent.
J’ai veillé jusqu’à ce que Watauineiwa s’empare de mon esprit, comme le grand orque court sur sa proie. Car Hainola-l’orque est le bateau qui amène l’esprit au Yekamush pour qu’il dise l’ordre de toutes choses. »
À la fin du XIXe siècle, Emily, une jeune orpheline, quitte son Écosse natale pour la Patagonie, afin d’assurer le rôle de gouvernante dans la famille du révérend Bentley. Alors qu’elle découvre la population autochtone et ses coutumes, elle tombe amoureuse d’Aneki, un indien issu d’une tribu Yamana, qu’elle souhaite épouser. Mais elle va se heurter au refus catégorique du révérend, qui voit dans cette union un outrage envers sa condition de femme blanche. Incomprise et blessée, elle s’enfuit avec son amant. Mais, les hommes blancs ne sont pas prêts à les laisser en paix.
« Personne n’a jamais étudié ces peuples par ailleurs bien étranges. Nous en avons eu quelques spécimens à Paris au jardin d’acclimatation l’an passé, des Alakalufs, capturés près de Punta Arenas, pour être étudiés. Le public s’est beaucoup diverti et tout un dispositif recréait leur environnement, avec une hutte de branchages, des armes et des outres de peaux. Personnellement, je n’étais pas très favorable à cette exhibition. Les visiteurs n’étaient là que pour l’envie malsaine de contempler des supposés anthropophages. Finalement ces pauvres êtres sont morts en quelques mois de coqueluche ou de pleurésie, ce qui est étrange car le climat de France est plus doux que celui d’ici. »
L’autrice aborde le sujet de la colonisation, et tout le mal que les occidentaux ont pu faire à ces peuples autochtones. Ils sont venus en conquérants, avec toute la condescendance qu’on imagine, pour imposer leurs croyances et leur coutumes. Ils les ont malmenés, corrompus, ont anéanti leurs savoirs. Une tragédie qui serre le coeur.
Cela étant, je n’ai pas trouvé la profondeur à laquelle je m’attendais. Il m’a manqué un peu d’intensité pour que cette histoire conserve une place durable dans mon coeur. Ceci est sans doute dû au fait que le roman m’a paru trop court, et que les sentiments des protagonistes ne m’ont pas semblé approfondis, à commencer par l’histoire d’amour entre nos deux amants. Il en va de même pour les paysages, tout juste assez esquissés pour imaginer les scènes, mais pas assez pour s’évader totalement dans ces magnifiques contrées.
L’amant de Patagonie est une lecture agréable qui m’a dépaysée le temps de quelques heures, mais j’aurais souhaité davantage de profondeur pour l’apprécier pleinement. Pour autant, j’ai bien envie de découvrir d’autres romans de l’autrice, celui-ci étant mon premier, car je suis convaincue qu’ils pourraient m’emporter facilement.
Infos & Quatrième de couverture
L’amant de Patagonie d’Isabelle Autissier
Éditeur : Grasset – Parution : 02/05/2012 – 304 pages – ISBN: 9782246783619.
Également disponible : 📕 En poche chez Le Livre de Poche, 2013.
1880, Ouchouaya, Patagonie. Orpheline farouche, Emily l’Ecossaise a 16 ans. En cette période d’évangélisation du Nouveau Monde, Emily est envoyée en Patagonie en tant que « gouvernante » des enfants du Révérend. Elle qui ne sait rien de la vie découvre à la fois la beauté sauvage de la nature, les saisons de froid intense et de soleil lumineux, toute l’âpre splendeur des peuples de l’eau et des peuples de la forêt. La si jolie jeune fille, encore innocente, découvre aussi l’amour avec Aneki, un autochtone Yamana. Alors, sa vie bascule. Réprouvée, en marge des codes et des lois de la civilisation blanche, Emily fugue, rejoint Aneki et croit vivre une passion de femme libre. Jusqu’au drame.
De la colonisation des terres patagonnes à la mort des croyances ancestrales, des affrontements sanglants entre tribus au charme du dépaysement, le roman d’Isabelle Autissier puise à la fois aux sources du réel et de la fiction : qui connaît mieux que la navigatrice les mers du Grand Sud et leurs histoires ? Mais il fallait le talent de la romancière pour incarner ces amants de Patagonie.
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Dommage que la profondeur n’y soit pas parce qu’autrement j’aurais pu me laisser tenter.
J’aime énormément te lire, Caroline, ton écriture est un régal !
Merci Hedwige ! 😊Après, ce n’est que mon ressenti. D’autres lecteurices ont eu le sentiment inverse, alors, peut-être qu’il pourrait te plaire.
Je n’arrive pas à me décider à lire cette autrice, spécialisée dans les récits de haute mer … Je me disais au début de ta note que celui_ci pourrait me tenter … Mais un dépaysement de quelques heures, cela ne va pas me suffire !
Je comprends. Je pense découvrir certains autres de ses romans, car autour de moi, je n’entends que de bons retours. Peut-être que ma deuxième lecture me convaincra davantage. J’aime les romans un petit peu plus étoffés.
Ta chronique me fait très envie, chère Caroline, même si j’ai bien noté ta nuance… Il y a quelques temps maintenant j’avais voulu découvrir cette autrice, et puis cela ne s’était pas fait. Je vais essayer de la découvrir avec ce titre, quand je pourrai (aïe ma PAL ! 🙂 ). Merci à toi ! 🙂
Je suis contente que tu aies envie de le lire. J’ai commencé par celui-ci car une amie me l’a gentiment offert et c’était l’occasion que j’attendais pour découvrir l’autrice. Je compte bien en lire d’autres. Je pense que j’attendais juste un peu plus (décor, pensée des protagonistes, etc.), habituée que je suis à lire des pavés. Disons que c’est vraiment le genre de roman où je peux être facilement emportée par le côté romanesque, qui m’a un peu manqué ici.
J’ai lu un autre roman d’elle que j’avais beaucoup aimé, celui-ci me tente peu d’après ce que tu en dis. Bonne journée
Ça reste une lecture agréable, simplement, j’aurais aimé être davantage emportée.
Merci pour le partage de la chronique 🙏 😘
Avec plaisir !