La Louisiane de Julia Malye
Historique
Date de lecture : 6-8 mai 2024
Lecture audio → Roman lu par Valérie Muzzi – Roman lu dans le cadre du Prix Audiolib 2024.
La Louisiane est un roman que j’avais repéré dans sa version audio, avant même que je n’apprenne qu’il faisait partie de la sélection du Prix Audiolib 2024. Il faut dire que le mot Louisiane convoque toujours chez moi des images de Bayou, de Nouvelle-Orléans, de jazz etc., comme autant de promesses d’évasion. Mais rien de ceci dans le roman, tout juste en toile de fond, car il s’agit davantage d’une histoire de femmes et de sororité. Il faut savoir que l’autrice a fait huit ans de recherche pour écrire son roman, il est donc parfaitement documenté. Pour ma part, je me suis vraiment attachée aux personnages de cette histoire, ce qui en a fait un bon moment de lecture.
« Ces derniers jours, elle s’est endormie en songeant à cette communauté de sœurs, à cette famille de femmes courageuses. Elle imagine parfois leur couvent comme une autre Salpêtrière, plus libre, plus douce – un endroit qu’elle aura choisi. »
Au XVIIIe siècle, des femmes françaises sont envoyées en Louisiane pour y épouser des colons. Elles se nomment Geneviève, Pétronille et Charlotte, entre autres. Toutes viennent du même endroit, la Salpêtrière. Geneviève y est emprisonnée comme faiseuse d’anges, Pétronille s’y trouve en pension, et Charlotte, en tant qu’orpheline, y vit depuis sa naissance. Toutes n’ont plus rien à perdre et se portent volontaires pour partir vers cette terre promise. L’histoire va alterner entre chacune d’elles, depuis leur départ de la Salpêtrière, en passant par leur traversée chahutée à bord de La Baleine, puis à leur existence au sein de la colonie. Au fil des pages, nous allons apprendre à les connaître, découvrir leur histoire passée, les observer tisser des liens forts et démarrer une nouvelle vie sur ce territoire qui leur est inconnu.
Ici, pas de péripéties flagrantes ou de rebondissements incroyables. Le rythme est posé, la narration patiente. Tout l’intérêt réside dans les relations qu’entretiennent ces femmes et dans l’attachement qu’on va leur porter. En arrière-plan, les plantations, les répercussions de la colonisation sur les peuples autochtones, l’esclavage et les conflits, sont autant d’éléments instructifs qui nous plongent avec succès dans cette époque, au sein de cette colonie en expansion. Julia Malye nous invite à partager les pensées intimes de ces femmes, et aborde, à travers elles, des sujets aussi importants que la féminité, la maternité, l’amour.
Si toutes possèdent en elles une force et un courage exemplaires, je me suis néanmoins principalement attachée à Geneviève. Car Geneviève c’est la sagesse, le sang-froid, la ténacité, une personne sur laquelle on peut compter en toutes circonstances. Elle m’a touchée, notamment par sa capacité extraordinaire à avancer, malgré les coups durs. Comme la soie, « elle est bien plus difficile à briser qu’elle ne le paraît ». Pétronille est une jeune fille de bonne famille, légèrement naïve mais d’une grande bonté, qui a été rejetée par les siens, en partie à cause d’une tâche de naissance sur le visage. J’ai aimé la voir s’épanouir au contact des plantes, se prendre de passion pour leurs vertus médicinales. Charlotte, qui n’a que douze ans lors de son expatriation, est un personnage plus complexe. Un peu confuse dans ses sentiments, elle se laisse souvent submerger par ses fortes émotions, et peut facilement succomber à la jalousie.
J’ai également beaucoup apprécié suivre parfois le point de vue d’Utu’wv Ecoko’nesel, la jeune fille autochtone, dont on découvre la culture. À travers elle, on pénètre dans la terrible réalité de la colonisation et du sort réservé aux tribus amérindiennes par l’Homme blanc.
Si les hommes sont bien présents dans ce roman, ils n’en sont pas le cœur. Ils sont l’amour perdu, le riche propriétaire, le pêcheur absent, le guerrier ou l’homme violent. Leur ombre plane au-dessus de nos héroïnes, et pourtant, ce sont bien elles qui mènent la barque.
Il m’a manqué un brin de souffle aventurier et des paysages grandioses pour que je sois pleinement conquise par ce roman. C’était néanmoins un très agréable moment de lecture et je suis ravie d’être partie à la rencontre de ces femmes marquantes, Geneviève, Pétronille, Charlotte, Étiennette, Utu’wv Ecoko’nesel, Marie.
Mon avis sur la version audio :
La version Audiolib est interprétée par Valérie Muzzi et c’est une vraie réussite. La comédienne s’empare de ce récit avec maestria et j’ai adoré l’écouter porter toutes ces femmes admirables. C’est sa voix claire qui m’a séduite, avant tout. Elle a ce genre de timbre qui collerait parfaitement à la lecture de sagas familiales. Par ailleurs, c’est typiquement le genre de roman que je préfère écouter en audio, car la lecture à voix haute rend l’histoire plus vivante et plus captivante, à mon sens.
Voici quelques avis de mes collègues jurées pour La Louisiane : Amandine, Anne, Aurore, Azilis, Claudia, Enna, Mylène,
Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux qu’écouter un extrait pour se faire un avis.
Infos & Quatrième de couverture
La Louisiane de Julia Malye
Éditeur : Audiolib – Parution : 03/01/2024 – 12h45min – ISBN: 9791035416058 – Lu par Valérie Muzzi.
📕En grand format chez Stock, 2024
Trois femmes
Une terre impitoyable
Une histoire oubliée depuis des siècles
Paris, 1720. La Supérieure de la Salpêtrière, est mandatée pour sélectionner une centaine de femmes « volontaires » qui seront envoyées en Louisiane afin d’y épouser les colons français.
Parmi elles, trois amies improbables : Charlotte, une orpheline de douze ans à la langue bien pendue ; Pétronille, une jeune aristocrate désargentée et Geneviève, une faiseuse d’anges. Comme leurs compagnes à bord de La Baleine, elles ignorent tout de ce qui les attend au-delà des mers.
Ces étrangères réunies par le destin devront braver l’adversité et traverser une vie faite de chagrins d’amour, de naissances et de deuils, de cruauté et de plaisirs inattendus. Et d’une amitié forgée dans le feu.
Fondée sur une histoire vraie, tombée dans l’oubli, cette superbe saga emporte le lecteur des cellules de la Salpêtrière aux confins de la Louisiane aux côtés de femmes que rien ne prédestinait à quitter leur milieu.
Suivi d’un entretien inédit avec l’autrice.
Recommandations de lecture
Quand je pense à La Louisiane, je pense surtout à une histoire de femmes, au joug puissant des hommes et à un esprit de sororité. Ce sont des thématiques que l’on peut retrouver dans Les voleurs d’innocence de Saraï Walker.
Nous sommes dans les années 1950, aux États-Unis, et nous allons faire connaissance avec les filles Chapel, six sœurs aux prénoms de fleurs.
Rapidement, la légèreté des premières pages laisse place à une ambiance plus angoissante et lugubre. Les rires, qui résonnaient autrefois si chaleureusement dans l’aile des filles, s’estompent jusqu’à disparaître. Chaque drame les éloigne un peu plus les unes des autres, et le « gâteau de mariage » n’est plus qu’une vaste demeure silencieuse et oppressante, où les filles Chapel sont réduites à des épitaphes sur des pierres tombales.
Un roman à l’atmosphère mystérieuse, avec une petite pointe de fantastique, qui m’a envoûtée. Si j’ai trouvé quelques longueurs, j’ai toutefois beaucoup aimé ce récit qui parle de femmes et de sororité, à travers une histoire originale et passionnante. Lire la chronique.
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Merci pour ces deux belles recommandations Caroline 🙏😊
Avec plaisir !
Le Julia Malye m’avais bien plu même si, je suis d’accord avec toi, il manque un petit quelque chose au roman pour le faire basculer dans une autre dimension. Merci pour ce joli retour Caroline.
Pas forcément une lecture pour moi, mais je note surtout ce ressenti qu’une fois encore, ce sont les femmes les vraies héroïnes du roman… C’est un peu comme dans la vraie vie, dans l’ombre, mais héroïnes toujours…
Tout à fait Nath ! 😁
Eh bien, huit ans de recherches ! En voilà une travail acharné et méticuleux, rien que pour ça, l’auteure peut être félicitée 🙂 Oh, cette citation au sujet de Pétronille est tellement jolie, je suis certaine que ça doit être un personnage totalement charmant. Malgré ce petit manque d’aventure que tu as ressenti, on sent que la rencontre de ces femmes a été un moment captivant. Merci pour ce retour 🙂
J’avais beaucoup d’appréhension à l’idée de le commencer, après avoir lu de nombreuses critiques « négatives ». Alors certes, la peinture de la Louisiane n’est finalement pas très présente, mais il n’empêche que j’ai beaucoup aimé suivre ces femmes. 😊
Comme quoi, malgré, l’appréhension et les critiques négatives, l’expérience semble réussie. 😉
J’aime toujours beaucoup découvrir des destins de femmes et le travail de recherches de l’autrice semble promettre une histoire immersive.
De ce point de vue, c’est sûr que le roman tient ses promesses. J’ai juste trouvé dommage que ça ne soit pas un peu plus « vivant », mais je ne sais pas vraiment comment formuler mon ressenti.
Je trouve que tu y arrives très bien.
je ne l’ai pas encore tout à fait terminé, je lirais ta chronique quand ce sera fait
Pas de soucis Dominique ! Beaucoup n’ont pas apprécié cette lecture alors j’ai hâte de connaître ton avis.