La Constance de la louve de Cécile Baudin
Polar historique
Date de lecture : 1-3 fév. 2025
S’il y a bien un genre que j’affectionne, c’est le polar historique. Aussi, lorsque j’ai lu la chronique de Céline à propos de « La Constance de la louve », j’ai su que j’allais me plonger dans ce roman sans trop tarder. D’autant que la couverture est extrêmement attirante. Et, sans surprise, j’ai adoré ce polar.
L’histoire se déroule au début du XIXe siècle, en Lozère. Alors que l’hiver bat son plein, le corps sans vie du jeune Anatole Bousquet, étudiant en médecine, est retrouvé près de l’asile où il officiait. Chargé d’enquêter sur sa mort, le juge de paix Victor Chastel va faire d’étonnantes découvertes.
Cette histoire m’a séduite dès le premier chapitre, avec son ambiance particulièrement immersive ; le froid tranchant, le vent qui siffle et la neige épaisse qui s’abat sur une nature réduite au silence. Une ambiance que l’on doit aussi à l’époque, le XIXe siècle, à l’asile d’aliénés où le corps a été découvert, et au contexte historique de cette région, plus connue autrefois sous le nom de Gévaudan.
Les gendarmes prennent en main cette affaire, même s’il ne fait aucun doute pour tous, à commencer par le directeur de l’asile, que le pauvre Anatole s’est laissé surprendre par la tempête de neige de la veille, et n’aura pas su retrouver son chemin jusqu’à la porte d’entrée. « Par ici, nul n’ignorait que le froid violent provoquait ce type d’alanguissement, entraînant paralysie, hallucinations, puis renoncement, sans même que l’on s’en rende compte. »
Mais voilà que débarque, mandaté par le maire de Saint-Alban, Victor Chastel, juge de paix et accessoirement lieutenant de louveterie. « L’homme n’était pas véritablement beau, mais son aspect général captait mystérieusement le regard, pour ne plus le lâcher. » Un homme mystérieux, toujours flanqué de son fidèle ami Auro, chien à moitié loup au moins aussi imposant que son maître. « Un loup gris foncé, plus épais et plus grand que ceux d’ici, aux poils longs et duveteux comme une laine peignée, et aux pattes plus larges. Celui-ci les regardait en retour avec intérêt, habitué qu’il était à provoquer la surprise. » Cela étant, aussi juge soit-il, il ne connaît pas vraiment les gens du coin, leur parler, et les liens qu’ils ont entre eux. Heureusement, il va trouver des alliées de choix pour le seconder dans cette enquête, menée avec toute la discrétion qui le caractérise.
J’ai beaucoup aimé cette intrigue, qui nous plonge avec brio dans la vie de ces villages, où les rumeurs se propagent aussi sûrement qu’une épidémie, véritables microcosmes sociaux aux strates immuables, régis par les rivalités de pouvoir. On y découvre la rudesse de certaines existences, notamment des femmes (lavandières, cuisinières, domestiques, etc.).
J’ai aimé le soin apporté aux petits détails, le titre et son rapport avec Constance, le lien entre le Gévaudan, Chastel et son chien-loup. J’ai aimé la personnalité de Constance et Marianne, deux femmes fortes aux qualités différentes, et le personnage d’Hippolyte, reflet d’une société en pleine évolution.
« Du haut de ses dix-neuf ans, il portait un regard idéaliste et un discours ouvertement bienveillant sur la Grande Révolution. Il estimait ainsi que les violences commises au nom de la quête de l’égalité avaient été légitimes ; qu’ils pouvaient tous s’estimer heureux de vivre dans une région où le courroux du peuple s’était déchaîné sur les têtes des clochers plutôt que sur les leurs ; et que l’heure avait sonné où le partage n’était plus une question de morale mais une question de survie. »
L’histoire, en plus d’être passionnante, est touchante, et portée par des personnages attachants. Elle se déroule sur plusieurs mois, quatre saisons pour être précise, et s’entrecoupe d’interludes en italique qui viennent ajouter un soupçon de suspense à l’intrigue.
Pour conclure, j’ai passé un excellent moment avec « La Constance de la louve », en partie grâce à son ambiance immersive et à son intrigue soigneusement maîtrisée. Les personnages ne sont pas en reste, et j’ai même pensé que j’aurais été ravie qu’il s’agisse d’une série, pour pouvoir les retrouver dans de nouvelles enquêtes.
Découvrez d’autres avis sur ce livre : Sonia Boulimique des livres, The Cannibal Lecteur, Yvan,
Infos & Quatrième de couverture
La Constance de la louve de Cécile Baudin
Éditeur : Presses de la Cité – Parution : 14/03/2024 – 496 pages – ISBN: 9782258206304.
Prochainement disponible : 🎧 En audio chez Lizie, mars 2025 ; 📕 En poche chez 10×18, mars 2025.
Lozère, hiver 1835. Un étudiant en médecine est découvert mort devant l’asile d’aliénés qui l’accueillait en formation. Il se serait perdu dans la tempête de neige qui faisait rage la nuit précédente. Mais le juge de paix de Saint-Alban, par ailleurs lieutenant de louveterie, s’interroge sur l’étrange décès. Aidé par une infirmière de l’asile, il met au jour une série d’incohérences, et d’indices troublants.
La piste encore fraîche le mène jusqu’au canton voisin où il déterre d’autres mystères, plus anciens, plus obscurs, qui impliqueraient des notables.
En ce début de XIXe siècle, dans une ruralité où les progrès scientifiques et technologiques se font attendre, l’ombre de la bête du Gévaudan plane toujours sur les monts de la Margeride.
Mais n’y aurait-il pas pire prédateur qu’elle ?
Recommandations de lecture
J’avais envie de vous recommander un autre polar historique, dont je vous parle souvent, Le Loup des Ardents de Noémie Adénis. Certes, cela ne se passe pas à la même époque, mais on retrouve cette même ambiance immersive, la vie dans un village, et le mot loup dans le titre.
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Merci Caroline, ton très beau retour, ton écriture est toujours un régal, transmet parfaitement l’ambiance de ce roman et la qualité de ses personnages.
Merci Hedwige ! Décidément, les polars historiques m’inspirent. Je pense que le prochain sera « les malvenus » d’Audrey Brière.
L’ambiance a l’air très bien travaillée et tu sembles avoir vraiment aimé les personnages. Je te souhaite de pouvoir les retrouver un jour dans un autre roman, on ne sait jamais 🙂
Je ne crois pas qu’il s’agira d’une série, mais sait-on jamais ! 😁
Avec un peu de chance, l’auteure proposera une petite trilogie peut-être 😉🤞
L’avis de Céline m’avait déjà tentée et le tien me donne encore plus envie de craquer que ce soit pour le cadre, l’histoire et les personnages. Et si en plus, la version audio est bientôt dispo…
J’espère que tu passeras un bon moment ! Je disais à Patricia que pour l’instant, les infos concernant la version audio sont contradictoires concernant le narrateur ou la narratrice. Deux jaquettes différentes, l’une avec Alexandre Donders, l’autre avec Marie Bouvet.
Je l’avais déjà noté mais j’ai beaucoup aimé ta chronique qui me donne furieusement envie de le lire !! Merci à toi… oui très belle chronique ! 🙂
J’espère que tu auras rapidement l’occasion de le lire. Pour ma part, je ne vais pas tarder à me lancer dans Les malvenus d’Audrey Brière.
Super ! Tu vas aimer ! 👍
Je l’ai aussi dans ma PAL depuis l’avis de Céline 😉 Le loup des ardents est sympa, mais j’ai été gêné par certaines incohérences et ça a gâché ma lecture 😉
Ah mince ! Pour ma part, je l’ai vraiment adoré, surtout pour son ambiance, quand même assez glauque. Mais « La Constance de louve » est captivant aussi, et touchant.
Merci Caroline ! Je suis vraiment contente de t’avoir donné envie de lire ce roman, et heureuse qu’il t’ait plu. Je trouve la plume de Cécile Baudin très élégante, visuelle, et elle sait parfaitement créer une ambiance incroyable. 😍
Je savais, en lisant ta chronique, que j’allais aimé ce livre ! 😁 Tout ce que j’aime est présent et comme toi, je trouve la plume superbe !
Le poids de la rumeur au XIXe dans une région reculée comme l’ancien Gévaudan. C’est mystérieux à souhait. La couverture est d’ailleurs très réussie. Merci pour ton retour Caroline 🙂
Oui, j’ai vraiment adoré ! Décidément, ça me botte vraiment les polars historiques !
Il est déjà dans ma pal après des avis très favorables qui m’ont tentée, le tien ne fait que renforcer mon envie de le lire. Je vois dans ton article qu’il va sortir chez Lizzie le mois prochain, avec un peu de chance il sera dans mon abo BookBeat et je le choisirai sans hésitation. L’ambiance doit être envoûtante en audio. Bon week end
Oui, j’ai vu en faisant ma chronique qu’il paraissait en mars, mais les infos sont contradictoires, sur la couverture audio Amazon c’est un homme qui est indiqué en tant que narrateur et sur celle de Lizzie, c’est Marie Bouvet…