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  • Publication publiée :2025-09-10
  • Post category:Chroniques
  • Commentaires de la publication :4 commentaires
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Époque de Laura Poggioli

Contemporain

Date de lecture : 31 juil. 2025

« Les réseaux prétendent offrir une fenêtre sur le monde alors qu’ils ne font que souder les barreaux d’une prison. »

Lara, la narratrice, intègre pour quelque temps l’équipe d’un service d’addictologie spécialisé dans les problèmes d’addiction aux écrans. Elle y rencontre plusieurs jeunes patient·es, découvre leur histoire et les conséquences de cette addiction sur leur personnalité, leur vie. Des consultations qui vont la replonger dans les souvenirs de ses propres démons, ses propres addictions, différentes, mais tout aussi dévastatrices.

Rares sont les romans qui m’ont autant fichu le moral dans les chaussettes que celui-ci. Le sujet est très intéressant, et l’analyse faite par l’autrice très angoissante. Je ne suis pas naïve, et je concevais déjà les conséquences des écrans, des réseaux sociaux, etc. d’un point de vue de la santé, physique et psychologique. Mais, à cela s’ajoute en plus le récit du vécu de la protagoniste, victime d’un manipulateur, qui a achevé de me miner le moral.

« Les suicides de plusieurs adolescents victimes de harcèlement scolaire ont mis en lumière l’effet amplificateur des réseaux sociaux à l’âge décisif de la construction sociale de l’identité. »

Certains passages m’ont marquée, et j’ai d’ailleurs éprouvé le besoin de parler de ma lecture avec quelques oreilles attentives, histoire de décompresser un peu. Ces derniers temps, j’ai l’impression que les valeurs humaines disparaissent, que les notions de bien et de mal sont en train de s’inverser dangereusement.

« Nous vivons dans un monde où tout est prétexte à s’offusquer, se plaindre, se déchirer, et nous consommons ces crispations multiples comme nous consommons tout le reste. »

Je ne suis pas très optimiste quant à la nature humaine, et ce livre a fait ressortir mes pires angoisses. D’autant plus que l’autrice joue avec les frontières de la fiction. Tout est tellement réaliste qu’on a l’impression de lire un essai. Les personnes qui sont reçues dans ce centre d’addictologie, les interventions dans les classes auprès d’adolescent·es, jusqu’au prénom de la narratrice, Lara, qui fait écho à celui de l’autrice, Laura. Cet hyperréalisme a provoqué chez moi un sentiment de malaise. Je me suis sentie comme aspirée par le noir, et pourtant, étrangement, je n’ai pas pu lâcher ce roman.

Époque est une lecture qui a quelque chose d’incroyablement réaliste et attractif. Addictif, oserais-je dire… Pour un livre qui évoque l’addiction, voilà qui tombe à point nommé.

Infos & Quatrième de couverture


Époque de Laura Poggioli
Éditeur : L’Iconoclaste – Parution : 23/01/2025 – 253 pages – ISBN: 9782378804695.
Également disponible : 🎧 En audio chez Lizzie, 2025.

Dans un service d’addictologie, Lara accompagne l’équipe qui soigne des adolescents drogués aux écrans. Il y a Julien, un collégien déscolarisé depuis trois ans, Lou, neuf ans, qui passe ses nuits sur son portable, ou Stefania, tétanisée à l’idée de sortir de chez elle.
Les failles de ces enfants sont pour Lara le miroir de ses propres addictions. Celles dont elle peut parler en riant, celles qui lui pèsent et qu’elle essaie régulièrement d’abandonner, celles plus honteuses qu’elle tait. Au fil des consultations, ses souvenirs refont surface.
Cinq ans plus tôt, Lara a eu une liaison avec son médecin. Pendant quelques semaines, elle s’est laissé prendre au piège, dans une frénésie de messages et de photos intimes. Jusqu’à perdre le contrôle.
Époque est un roman féroce et viscéral, celui d’une génération dévastée par les écrans.


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Cet article a 4 commentaires

  1. Je me sens trop fragile en ce moment pour le lire mais je le note.
     » j’ai l’impression que les valeurs humaines disparaissent, que les notions de bien et de mal sont en train de s’inverser dangereusement.  »
    Tes mots font tellement écho en moi tout comme ton angoisse. Cette impression, je la vois aussi bien dans les transports en commun que je prends chaque jour (c’est pour moi un lieu qui cristallise beaucoup de tension et d’une violence qu’on sent prête à exploser), au collège, dans la rue… Et ça m’angoisse de plus en plus.

  2. Pat0212

    Je le note. C’est vrai que quand on pense aux addictions on ne songe pas tout de suite aux écrans, même si on est tous dépendants. Tu as raison de ne pas être optimiste sur la nature humaine, qui est fondamentalement mauvaise. Bonne journée

  3. Hedwige

    Voilà un sujet qui mérite lecture, même s’il es pénible et en quelques sortes désespérant.
    Tu as entièrement raison, Caroline, le siècle dans lequel nous sommes pratique l’inversion des valeurs et l’utilisation dévoyée du langage. C’est monstrueux et c’est bien pourquoi il est important de préserver nos valeurs et d’avoir le courage d’aller à contre-courant là où nous sommes.
    Par bonheur nous sommes nombreux à penser comme toi.

  4. loeilnoir

    J’ai noté ce livre suite à un commentaire que tu as laissé récemment sur mon site, à lire ta chronique je pense qu’il devrait me plaire, je suis preneuse de livres hyperréalistes sur ce genre de sujet sociétal justement… Merci pour ton retour Caroline !

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