Enigma d’Armelle Carbonel
Thriller
Date de lecture : 24-25 juil. 2024
Il y a quelques années, j’ai découvert Armelle Carbonel avec Sinestra, et j’ai été complètement happée par cette histoire et par la plume de l’autrice. Attention, si vous n’avez pas lu Sinestra, ce roman vous dévoile tout de même une partie de l’intrigue.
« Je m’appelle Barbara Blair et je cultive une passion particulière pour le patrimoine oublié. Les lieux exercent sur moi une forme de fascination proche de la dépendance. Ils me nourrissent de leur histoire, suscitent des sentiments poignants que l’imagination s’engage à mettre en scène. »
Barbara Blair et son équipe ont pour objectif de tourner un documentaire dans l’ancien orphelinat de Beaumont-la-Ronce, autrefois théâtre d’une terrible tragédie. Un lieu en lien avec un autre qu’ils ont bien connu, le Val Sinestra.
« Dès son arrivée, elle est frappée par le silence qui plane sur les rues du village. Ses habitants semblent avoir déserté Beaumont-la-Ronce en abandonnant des jouets d’enfants sur des pelouses fatiguées et des bacs à fleurs fanées sur des rebords de fenêtres. Seul le frémissement d’un rideau ou le fumet d’un fourneau contredit ses impressions. »
Armelle Carbonel n’a pas son pareil pour dépeindre l’atmosphère dans ses romans. À peine les membres de l’équipe pénètrent-ils dans le village que je me suis mise à frissonner, immergée dans l’histoire comme si j’y étais. Sans parler de l’ancien orphelinat, dont le passé trouble imprègne chaque pan de mur, chaque marche d’escalier, chaque fenêtre brisée. Les habitants eux-mêmes nous paraissent étranges, insaisissables, presque fantasmagoriques. L’ambiance m’a fait penser à ces jeux point&click que j’aimais beaucoup, tels que « Black Mirror » ou « Syberia », et dont les PNJ étaient inquiétants plus qu’autre chose.
Barbara mène cette équipe, composée également de Warren et David, avec qui elle a l’habitude de travailler. C’est avec eux qu’elle s’est rendue, quatre ans auparavant, au Val Sinestra, pour y tourner un documentaire, qui s’est hélas soldé par un événement dramatique. Leur venue sur le domaine de la Haute-Barde n’est pas anodine, puisque c’est le lieu où les enfants rescapés du Val ont été accueillis après l’histoire de « Sinestra ».
« On prétend que, un soir d’octobre 1950, tous les résidents de l’orphelinat se seraient volatilisés en abandonnant derrière eux les traces d’un massacre sans précédent. À l’époque, l’affaire des disparus défraya la chronique, mais, faute de pistes exploitables, les autorités compétentes classèrent le dossier. Les agents dépêchés sur place constatèrent cependant un élément troublant : les quatre horloges sur chaque face du clocher s’étaient arrêtées en même temps. Leurs cadrans indiquaient 21 h 00. »
Ils étaient trois. Trois enfants dont l’arrivée a déstabilisé plus d’une personne, enfants, infirmières ou villageois. D’autant que, quelques mois après leur arrivée, tous les pensionnaires de l’orphelinat ont disparu une nuit du 31 octobre. Mais pas sans laisser de traces. Du sang partout, signe d’un massacre, et des horloges toutes arrêtées dans leur course à la même heure. Une histoire que les habitants ont préféré enfouir dans les tréfonds de leur mémoire, et, si ce n’est cette commémoration rituelle de « L’heure fantôme », rien ne laisserait supposer que le village fût autrefois le théâtre d’une terrible tragédie. « L’orphelinat portait en lui les superstitions du village et, pour diverses raisons, chacun s’y sentait relié. Mais, à force de le regarder mourir, c’est une part d’eux qui périssait. »
Si beaucoup préfèrent taire les vérités, d’autres sont prêts à exhumer leurs souvenirs. C’est le cas de Magda, une vieille dame qui a bien connu l’orphelinat de l’Avenir du Prolétariat, puisque sa mère y travaillait comme infirmière.
On découvre également les pensées d’une mystérieuse personne, aux intentions malsaines, qui observe tout ce petit monde et qui porte un intérêt tout particulier aux enfants. Des passages qui ne font qu’augmenter la tension et l’angoisse, présentes tout au long du roman.
Si Enigma m’a moins fascinée que Sinestra, j’y ai toutefois retrouvé cette ambiance si particulière, à la fois malaisante et effrayante, que j’apprécie tant dans les romans d’Armelle Carbonel. Une intrigue composée de multiples pièces, mêlant superstition et réalité sordide, avec laquelle j’ai passé un très bon moment de lecture.
Infos & Quatrième de couverture
Enigma d’Armelle Carbonel
Éditeur : Fayard – Parution : 24/05/2023 – 392 pages – ISBN: 9782213721903
Également disponible : 📗En poche chez Le Livre de Poche, 2024
Domaine de la Haute-Barde. Un énigmatique orphelinat, théâtre de terribles événements. Par une nuit d’orage, soixante-neuf ans plus tôt, des enfants ont mystérieusement disparu.
Spécialiste des édifices à l’abandon, la journaliste et cinéaste Barbara Blair va tenter de comprendre ce qui leur est arrivé. Mais les habitants du petit village n’apprécient guère cette étrangère qui vient remuer ce passé trouble, d’autant qu’un nouveau drame ne tarde pas à les frapper.
Entre légende et réalité, Barbara est confrontée à une énigme qui menace de réveiller les démons d’autrefois mais aussi ses plus douloureux souvenirs.
Certains secrets doivent être tus à tout jamais, au risque de vous hanter jusqu’à votre dernier souffle.
Recommandations de lecture
Je ne peux que vous conseiller Sinestra de la même autrice, qui se passe un peu avant Enigma.
La seconde guerre mondiale fait rage en cette année 1942, et avec elle son lot de malheurs et d’atrocités. Tentant d’échapper à un destin funeste, des enfants perturbés ainsi que leurs mères, sont accueillis dans un établissement, protégé de la barbarie du monde extérieur par une chaîne montagneuse. C’est là, dans cet endroit isolé à la démesure malsaine, qu’« il docter » laisse libre court à son imagination fertile pour traiter des pensionnaires aux troubles contrariants (main hargneuse, cécité subite, entre autres). Lire la chronique.
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Ce livre me tente pas mal, même si j’aimerais lire « Sinestra » avant, histoire de suivre le fil narratif. A vrai dire j’ai découvert Armelle Carbonel grâce à Ludivine, une première fois avec « Criminal Loft » (mon préféré) et une seconde fois avec « L’empereur blanc » 🙂
J’ai bien aimé Criminal Loft, que j’ai lu aussi grâce à Ludivine ! 😁 Mais Sinestra reste mon préféré à ce jour. Par contre, j’aimerais lire L’empereur blanc, qui me tente depuis sa sortie.
Ludivine convertit tout le monde à Armelle Carbonel, j’adore ^^ « L’empereur blanc » est aussi sympa, même si personnellement j’ai eu un peu de mal avec la fin.
Les deux livres sont dans ma pal, mais je ne sais pas quand j’aurai le temps de les lire ! Pourtant ils vont me plaire sans aucun doute.. Bon week end
Je comprends. Un jour, je tenterais de calculer le temps de lecture total de ma liste d’envies, pour voir combien de jours il me faudrait pour en venir à bout.😁
J’ai beaucoup entendu parler de son précédent livre « Sinestra ». Je rajoute dans ma longue PAL son nouveau roman. Merci Caroline pour ce retour 🙂
Quand Sinestra est sorti, je me rappelle avoir été très surprise par ce livre. Je l’avais dévoré. Même si maintenant j’ai lu d’autres thrillers un peu malaisants, Armelle Carbonel a vraiment une patte bien à elle et elle est très douée pour les ambiances.
J’avais eu un coup de cœur pour Sinestra, et acheté Enigma à sa sortie, mais finalement toujours pas entamé, par peur que ça ne marche pas aussi bien… mais tu sembles confirmer que l’ambiance est quand même bien là, donc faut que je me décide 🙈
Oui, l’ambiance est là, toujours aussi malaisante. Mais je n’ai pas eu de coup de comme avec Sinestra, qui m’avait bluffée.
Sinestra était vraiment puissant, j’imagine que c’était difficile à reproduire !
Merci caroline pour ton retour ! Je n’ai pas encore lu Sinestra mais Enigma est dans ma pal !
Les deux sont sympas à découvrir, mais Sinestra m’avait mis une claque à l’époque; Je n’avais jamais rien lu de tel, avec une telle atmosphère.
L’ambiance malsaine a l’air de tenir captifs les lecteurs ! Merci pour ton avis sur ce roman sombre et efficace.
Un roman idéal pour la période Halloweenesque !
Moi j’ai fait l’inverse ! Je n’ai pas lu Sinestra mais bien lu Enigma et même si je l’ai trouvé intéressant, j’avoue qu’il m’a manqué certains éléments et j’ai bien vu que j’aurais du lire Sinestra avant… Du coup, je vais pouvoir le lire 😉
Disons que les deux peuvent se lire séparément mais que si un jour tu comptes lire Sinestra, tu es déjà un peu spoilée de la fin, puisque tu sais qu’il y a eu trois rescapés.
Oui, c’est vrai, mais s’il est meilleur j’arriverais à faire le lien 😉
Il est dans ma pile à lire depuis quelque temps, peut-être même depuis sa sortie grand format ou presque. L’ambiance de Sinestra était vraiment particulière et je serais curieuse de découvrir les événements qui ont suivis. Et tu m’as donné envie d’en savoir plus sur ce mystérieux personnage, il faut vraiment que je m’y mette. Merci Caroline !
Alors, je te le conseille Ludivine, tu devrais y retrouver les éléments qui t’ont plu dans Sinestra !
Qui m’ont fait frissonner surtout, c’était lugubre comme ambiance ! 😁😉
Normalement j’aime beaucoup cette auteure mais Sinestra justement non, je n’ai pas pu, trop malsain, trop proche d’une noirceur que je ne peux supporter, et pourtant des livres noirs j’en lis à la pelle ! J’ai dû abandonner.
Je te comprends totalement Hedwige ! Quand j’ai découvert Sinestra, à sa sortie, j’ai été assez marquée, car oui c’est très noir, mais surtout très glauque. Si cela avait été d’autres auteurs, j’aurais peut-être abandonnée, mais j’ai été subjuguée par la beauté de son écriture.
Je ne connaissais pas Enigma qui a l’air très sympa et Sinestra me tente également beaucoup mais il traine encore dans ma wishlist, il faut que je le sorte !
J’ai une préférence pour Sinestra, car c’est mon premier roman de l’autrice et qu’il m’a profondément marquée.