Chronique - Douve de Victor Guilbert

Chronique – Douve de Victor Guilbert

Douve de Victor Guilbert

Thriller

Date de lecture : 31 mars-2 avril 2023

Hugo Boloren, tome 1

“Imaginez un marais encaissé, fermé par une forêt de sapins trop dense. Les nuages restent bloqués et même quand ils annoncent du soleil dans tout le pays, ils arrivent encore à avoir de la pluie, là-bas. Et pour couronner le tout, c’est un village qu’on ne traverse pas, il est au bout d’une route, en cul-de-sac. C’est à devenir cinglé.”

Depuis l’enfance, Hugo Boloren, un policier taciturne, sait qu’il a “Douve dans les veines”. Il a entendu son père le dire à sa mère un jour, et depuis n’a jamais oublié ces paroles. Son père est aujourd’hui décédé, et sa mère, qui n’a plus toute sa tête, reste sourde à toutes ses questions sur le sujet. Alors, dans une énième tentative de découvrir le mystérieux lien qu’il entretient avec ce village, Hugo décide de prendre quelques jours de congés pour se rendre sur place.

Douve est un petit village isolé, une voie sans issue au milieu de nulle part, qui fût le théâtre d’une effroyable tragédie, il y a plusieurs décennies de cela. Un médecin islandais de bonne réputation y a assassiné toute sa famille, avant de disparaître dans les bois alentours. En tant que journaliste, sa mère a assisté à cette chasse à l’homme, avant de retranscrire tous les détails de cette sordide affaire dans un livre qui fit son succès, « L’évadé ». Un livre qui va accompagner Hugo dans sa quête de vérité.

Le point fort de ce roman est sans conteste son atmosphère, éminemment glauque et malaisante. Avant même l’arrivée d’Hugo dans le village, j’ai trouvé l’attitude des gens très inquiétante, presque absurde, à l’instar de ces cauchemars sans queue ni tête qui sonnent pour le dormeur comme une menace. Même le contrôleur de train et la loueuse de voiture contribuent à cette sensation de malaise, tels des oiseaux de mauvais augure.

Un village qui m’a paru froid et silencieux, à quoi s’ajoute une sensation d’intemporalité et d’étrangeté, accentuée par les comportements singuliers des différents protagonistes. Des protagonistes qui paraissent unis envers et contre tout et comme dotés d’une seule et même voix. Tous sont nés ici, à l’exception peut-être du maire et de l’épicière. Un point paraît toutefois indiscutable, “on n’arrive pas à Douve par hasard”. Cela étant, une fois sur place, il semble difficile de quitter l’endroit, ce qui donne à ce récit des allures de huis-clos. Nous sommes indubitablement sous son emprise, dans l’antre de la folie et rien ne laisse présager qu’on en sortira indemne.

Comme prévu, la présence d’Hugo ne passe pas inaperçue et suscite bien des réactions, et pas des plus enchantées. Par ici, on n’aime pas les étrangers. Cela se comprend un peu, car les habitants sont fatigués de l’indiscrétion des journalistes, véritables rapaces prêts à tout pour recueillir du sensationnalisme, quitte à piétiner des existences sur leur passage. D’autant plus que, quarante ans après les évènements qui ont défrayé la chronique, Douve est à nouveau au centre d’une mystérieuse affaire, l’assassinat de son ancien maire.

Alors qu’Hugo interroge les habitants sur le passé du lieu, l’étau se resserre autour de lui et la tension s’accentue pour atteindre son paroxysme lors d’un dénouement angoissant.

J’ai été très agréablement surprise par ce roman, qui m’a captivée autant par son intrigue que par son ambiance.


Infos et Quatrième de couverture

Douve (Hugo Boloren, tome 1) de Victor Guilbert
Édition : Hugo (Roman) – Parution : 07/01/2021 – 298 pages – ISBN: 9782755685831 – Genre : Thriller.

“UN VILLAGE PERDU AU MILIEU DES SAPINS ; DEUX MEURTRES QUE QUARANTE ANS SÉPARENT ; UN GAMIN QUI A « DOUVE DANS LES VEINES ».
Le gamin a Douve dans les veines. Cette phrase, prononcée par son père quand il n’était encore qu’un enfant, l’inspecteur Hugo Boloren ne l’a jamais oubliée. Alors quand il apprend qu’un meurtre a eu lieu à Douve, il y voit un signe. Son père est mort, l’Alzheimer a dilué les souvenirs de sa mère ; c’est sa dernière chance de comprendre en quoi ce village perdu au milieu d’une forêt de sapins lui coule dans les veines. Tout ce qu’il sait, c’est que son père, policier lui aussi, a été envoyé à Douve il y a quarante ans pour enquêter sur la fuite médiatisée d’un Islandais accusé de meurtre, et que sa mère, journaliste, l’a accompagné pour écrire un livre sur l’affaire. Que s’est-il passé là-bas et pourquoi ont-ils toujours refusé d’en parler ? Armé du livre écrit par sa mère, Hugo Boloren va plonger dans ce village peuplé d’habitants étranges, tous unis par un mystère qui semble les hanter. Au fil de son enquête, une question va bientôt s’imposer : et si le meurtre qui a récemment secoué le village était lié au séjour de ses parents, quarante ans plus tôt ?”


Recommandations en rapport avec ce livre

Les soeurs de Montmorts de Jérôme Loubry. Lire la chronique.
Pour le côté village étrange et protagonistes singuliers.

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Cet article a 9 commentaires

  1. Pourquoi pas, ça a l’air vraiment bien. Et surtout, je note ta recommandation finale, le roman de Jérôme Loubry. Je viens de lire une nouvelle de lui (dans le recueil Respirer le noir) et j’ai beaucoup aimé, du coup je suis curieuse de découvrir ses romans 🙂 Même si, si j’ai bien compris, ladite nouvelle est bien différente de ses autres écrits.

    1. Caroline

      J’aime beaucoup les romans de Jérôme Loubry, particulièrement « Le douzième chapitre ». 😊 Quant à Douve, l’ambiance me rappelle également celle d’une série fantastique française que j’avais vu sur Netflix, « Zone blanche » je crois. L’histoire n’a rien à voir, mais l’ambiance un peu quand même. Bref, c’est un roman que j’ai vraiment bien aimé.

  2. L’ambiance a l’air saisissante, étouffante mais semble en même temps exercer une certaine emprise sur les lecteurs. Merci pour cette découverte que j’espère faire en version audio si elle existe.

    1. Caroline

      Je viens de regarder, il n’existe pas en audio. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, car cela s’y prêterait bien.

    1. Caroline

      Je l’ai découvert par hasard, grâce à la chaîne YT « Triple L de Mag » et j’en suis ravie. 😊

  3. Je ne me serais pas spécialement arrêté sur ce livre si je n’avais pas vu ta chronique, mais ce village m’intrigue pas mal finalement. 🙂

    1. Caroline

      L’ambiance est très bien dépeinte je trouve, c’est le gros point fort de ce roman.

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