Cézembre de Hélène Gestern
Contemporain, Saga familiale
Date de lecture : 3-6 avril 2025
Lecture audio→ Roman lu par Renaud Bertin Cordoliani et Blanche Leleu – Roman lu dans le cadre du Prix Audiolib 2025.
Coup de coeur ❤️
C’est avec émotion que j’ai terminé ma toute dernière écoute dans le cadre du Prix Audiolib 2025. Une superbe écoute, portée par un duo des plus harmonieux !
« Ce moment des retrouvailles avec la mer est toujours comme un miracle : intime, précieux, infiniment renouvelé. »
Suite au décès de son père, Yann de Kérambrun, un presque cinquantenaire à bout de souffle, décide de quitter son poste de professeur d’histoire à la Sorbonne pour retourner dans la maison familiale, face à Cézembre, une petite île de la baie de Saint-Malo. Alors qu’il réinvestit peu à peu les lieux, il va découvrir les archives de son arrière-grand-père Octave, ingénieur de renom et fondateur d’une florissante compagnie maritime. Grâce à toute une série de photos, de correspondances et de journaux intimes, Yann va remonter le temps et l’histoire des Kerambrun, jusqu’à lever le voile sur des secrets depuis longtemps enfouis.
Dès le départ, j’ai été saisie par ce roman, son atmosphère envoûtante, sa mer tantôt apaisée tantôt furieuse, et son vent d’ouest qui fouette le visage. Un vent qui contraint le promeneur de la côte à s’ancrer dans le sable pour avancer sans chanceler. Cet homme, c’est Yann de Kérambrun. Sa silhouette encore imprécise se dessine à mesure qu’il nous rejoint. Un homme las, courbé par les défaites, trop douloureuses et trop successives. Trop de décès, trop de départs. Trop pour un seul homme. Dans un dernier sursaut, il décide de reprendre son souffle dans la maison familiale des Couërons. C’est là, dans le bureau du père, qu’il va dépoussiérer les archives familiales des Kérambrun.
J’ai aimé observer l’évolution de cet homme qui va reprendre goût à la vie, un pas après l’autre. Il suffira d’un déclic, d’un mystère, ou peut-être simplement d’une énigmatique femme aux yeux brun et or, croisée un jour en bord de mer. Ainsi va la vie. Les personnages, en particulier Yann et Rebecca, m’ont semblé incroyablement vrais et m’ont beaucoup touchée. Ils ont ce petit quelque chose d’authentique qui permet de se projeter dans leur histoire.
Alors que les jours et les mois défilent, on plonge un peu plus dans le passé de cette famille. Un passé qui viendra éclairer le présent et ses relations familiales complexes, qui viendra combler les silences et les non-dits, fardeaux inconsciemment transmis de génération en génération.
Une histoire familiale fascinante, qui commence au début du XXe siècle avec Octave, le patriarche et fondateur de la Société malouine de transports nautiques. Un jeune ingénieur doué et visionnaire, parti de rien ou de si peu, qui a mené sa société à la prospérité et donné sa grandeur au nom des Kérambrun. Mais, chaque histoire a ses déboires. Entre des associés pas toujours très honnêtes et une femme, Julia, qui a perdu goût à la vie, Octave se démène pour garder le cap, par amour pour elle et pour leurs enfants. Ces parties du roman m’ont enchantée, car elles ont le goût de l’aventure, du romanesque et de l’intrigue, qui rendent la lecture passionnante.
« Trois générations plus tard, la résilience de la nature et la patience des démineurs avaient pansé ses blessures, soustrait du sol son fer et son poison. L’île avait digéré les hideux édifices qui étaient venus l’encombrer, et qu’elle défaisait pierre à pierre, marée après marée, tempête après tempête. »
Et au centre de tout, flottant entre passé et présent, entre calme et tempête, se trouve l’île de Cézembre. Une île magnétique, dont l’histoire chaotique se lit encore dans les reliefs du paysage. Une île qui a énormément souffert des bombardements pendant la guerre, mais aussi connu la contrebande et la piraterie en d’autres temps. Cézembre et Yann de Kérambrun, deux personnages qui, malgré les aléas, ont su faire preuve « d’une admirable résilience ».
Cézembre est un roman doté d’une très belle atmosphère, et dont le rythme contemplatif, un brin mélancolique, m’a fait un bien fou. Une histoire passionnante, pleine de poésie et de délicatesse, qui laisse dans son sillage le goût de l’iode et le bruit des vagues. Une merveille !
Mon avis sur la version audio :
J’ai lu ce roman dans sa version audio, puisqu’il s’agissait de ma toute dernière écoute de la sélection du Prix Audiolib 2025. Lu par Renaud Bertin Cordoliani et Blanche Leleu, ce livre audio est un vrai bonheur ! Deux voix en parfaite harmonie, chaudes et enveloppantes, qui procurent immédiatement une sensation de bien-être.
Dès les premiers mots prononcés, on est transportés dans le sublime décor maritime de Cézembre. On respire son air frais chargé de sel, on ressent ses embruns sur la peau, et on oublie le quotidien pour se glisser pleinement dans la lecture, le temps de quelques heures.
« Cézembre » fait partie de ces livres audio dont le texte et les voix sont comme deux âmes soeurs au coeur battant à l’unisson. J’ai fait beaucoup de belles écoutes dans ma vie de lectrice, mais celle-ci est l’une des plus marquantes. Un moment de lecture enchanteur et une écoute coup de coeur ! ❤️
Premières lignes
« La mer se retire, après avoir secoué la nuit de son ressac. Pendant des heures, elle a lancé une vague après l’autre contre la digue, fait mousser ses bouillons et trembler la pierre. Elle a déposé en partant ses algues, ses coquillages, ses fragments de plastique, ses bouts de bois. Elle a raconté son éternelle histoire aux éternels insomniaques, pendant que les dormeurs se laissaient bercer par sa cadence familière, quand bien même les sifflements du vent et la puissance des masses d’eau qui ravinaient le sable ébranlaient le Sillon sur toute son étendue. »
Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux que d’écouter un extrait pour se faire un avis.
Infos & Quatrième de couverture
Cézembre de Hélène Gestern
Éditeur : Audiolib – Parution : 16/04/2025 – 15h54 – ISBN: 9791035416805.
Également disponible : 📕 En grand format chez Grasset, 2024 ; 📗 En poche chez Folio, 2025.
Après son divorce et la mort de son père, l’historien Yann de Kérambrun n’a plus qu’un désir : revenir à Saint-Malo et contempler la mer depuis la maison dont il a hérité, face à l’île de Cézembre.
Lorsqu’il découvre les archives familiales de son arrière-grand-père, il s’y plonge, captivé. Octave de Kérambrun, qui rêvait de dompter les flots en concevant de nouveaux bateaux à moteur, a fondé en 1903 la compagnie maritime Kérambrun & Fils. Au fil des carnets du capitaine d’industrie réputé s’esquisse pourtant le portrait d’un père et d’un époux inquiet, dont les blessures font écho à celles de son arrière-petit-fils. Quelles douleurs taisent donc les écrits d’Octave ?
Yann va tenter de comprendre les failles qui lézardent la légende des Kérambrun. Toutes le ramènent au destin tourmenté de Cézembre, une île minuscule mais stratégique. Et c’est en sondant le passé, face à la plage, que l’héritier d’Octave acceptera peut-être de renouer avec la vie.
Un magnifique hommage à la beauté de la côte bretonne, et l’époustouflante histoire d’une famille dont la mer a fait la fortune et le malheur.
Suivi d’un entretien avec l’autrice
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Tu me donnes très envie de découvrir ce roman, je vais voir s’il est disponible dans mon abonnement. Merci pour ton coup de coeur contagieux. Bon week end
C’est à ce roman que tu donnerais le prix audiolib ? Tu as eu un sacré coup de cœur pour cette lecture. C’est chouette !