Bilan de mon année livresque 2024

« Le dernier jour d’un condamné » de Victor Hugo

Dans ce court roman, nous suivons la dernière journée d’un condamné à mort. Autant vous dire que vous ne saurez jamais pourquoi il est emprisonné, prêt à être guillotiné. Non, ce n’est pas le sujet ! Le sujet, c’est la peine de mort. Les pensées, les sentiments d’un homme qui vit ses derniers instants en toute connaissance de cause. C’est la peur qui l’étreint, les questionnements qui l’assaillent, l’espoir qui se refuse à mourir, l’amour pour son enfant qui va continuer sans lui dans ce vaste monde. C’est les souvenirs brûlants de la liberté, du soleil sur la peau, du chant des oiseaux.

« Le dernier jour d’un condamné » est un roman bouleversant de justesse, dévastateur, et tellement d’actualité sur certains points que cela en est troublant. La plume de Victor Hugo, vibrante, m’a subjuguée par son étonnante modernité.

« L’odyssée de Sven » de Nathaniel Ian Miller

« L’odyssée de Sven », c’est la vie d’un chasseur des glaces solitaire. Une vie faite de crevasses et de pics, à l’image de ces paysages du Grand Nord, où des glaciers sont capables de « vêler » sous vos yeux ébahis. C’est aussi l’omniprésence de la nature et sa toute-puissance. C’est les longues nuits d’hiver, le froid, la chasse et les animaux sauvages. L’impression de solitude et une vision monochrome du monde, parsemée çà et là des couleurs des adieux et des retrouvailles.

J’ai refermé ce livre avec l’étrange tristesse de l’avoir terminé, avec l’envie de m’y replonger encore une fois, et de retrouver tous ces protagonistes que j’ai tant aimés. Un roman qui m’a emportée au cœur d’un voyage inoubliable et qui a su laisser son empreinte dans mon âme de lectrice. À découvrir pour tous ceux qui ont soif de récits d’aventure, où la nature est reine et l’humain complexe. Lire la chronique.

« La dernière allumette » de Marie Vareille

« La dernière allumette » est une histoire qu’on ne veut pas lâcher et dont l’intrigue en filigrane m’a subjuguée de bout en bout, retournée même, c’est le cas de le dire. Je pense souvent à cette histoire, à ces merveilleux personnages, à cette thématique si difficile qui devrait éveiller encore plus largement les consciences. Je pense à Abi, beaucoup, et j’aimerais de tout cœur vous inviter à la rencontrer ! Un livre merveilleusement écrit, beau et émouvant. Lire la chronique.

« Arpenter la nuit » de Leila Mottley

L’histoire se déroule à East Oakland en Californie, où Kiara, la narratrice de 17 ans, vit seule avec son frère Marcus. Pour faire face à la hausse du loyer et éviter l’expulsion, la jeune fille se retrouve malgré elle à vendre son corps pour de l’argent, arpentant la nuit et ses dangers.

Derrière ce titre poétique se cache toute la noirceur d’un monde où les plus vulnérables doivent lutter sans merci pour survivre.

« Arpenter la nuit » est un roman que j’ai trouvé superbe. Même quand la noirceur semble tout envahir, que l’horreur nous oppresse, l’écriture de Leila Mottley fait jaillir la lumière. Un roman d’une grande force, porté par une héroïne remarquable qui restera dans ma mémoire. Lire la chronique.

« Mamie Luger » de Benoît Philippon

Berthe, cent deux ans, se retrouve en garde à vue après avoir tiré sur des policiers depuis son domicile. L’inspecteur Ventura a de quoi s’arracher les cheveux avec la vieille Berthe ! D’autant que la dame est intelligente, d’une spontanéité renversante et doué d’un langage absolument corrosif. Elle réussit à captiver son auditoire en racontant les détails de sa vie, qui n’a pas été très sympathique avec elle, il faut bien le dire.

Avec « Mamie Luger », Benoît Philippon nous offre un roman passionnant, porté par un personnage inoubliable. J’ai été totalement conquise par la plume de l’auteur, qui m’a fait passer du rire à la tristesse avec une habileté extraordinaire. Un roman à la fois émouvant, dramatique et plein d’humour, magistralement interprété par Fabienne Loriaux dans la version Audiolib ! Lire la chronique.

« Abysses » de Frank Schätzing

J’ai beaucoup aimé ce livre ! J’ai surtout apprécié la “première partie”, où nous découvrons l’ensemble des protagonistes, leur lieu de vie, leur spécialité, mais aussi les catastrophes qui ont lieu ici ou là dans l’océan. Le monde marin se rebelle et il y a toute une thématique environnementale que j’ai adorée. L’auteur donne la parole à différents points de vue, différentes voix. C’est une histoire profonde, fouillée, passionnante, portée par des personnages charismatiques.

Il s’agit d’un thriller et le suspense est inévitablement de mise. L’intrigue se met en place pas à pas, délicatement, de manière à nous donner toutes les clés pour aborder la suite de l’histoire. J’ai appris beaucoup de choses passionnantes. 

« La folle histoire de Félix Arnaudin » de Marc Large

Fils de petits propriétaires terriens, originaire du village de Labouheyre, Félix Arnaudin porte la lande dans son coeur. Il aime en parcourir les grandes étendues désertiques, communier des jours durant avec les bergers, s’émerveiller de l’immense horizon qui s’offre à lui. Jusqu’au jour où, sur décret de Napoléon III en 1857, les pins commencent à grignoter le territoire, remodelant peu à peu le paysage, amorçant l’inexorable fin du mode de vie traditionnel agro-pastoral.

Témoin de cette époque charnière, conscient de la lente disparition d’un monde, Arnaudin entreprend d’immortaliser ce pays si cher à son cœur, avant qu’il ne soit entièrement dévoré par cette « épaisse couverture végétale ». Pendant plus de cinquante ans, il arpentera la Grande-Lande à vélo, collectant avec une détermination sans failles chants, contes, proverbes et traditions, immortalisant par l’image des scènes de la vie quotidienne, des paysages et des visages.

Avec « La folle histoire de Félix Arnaudin », Marc Large nous plonge dans une biographie passionnante, empreinte d’un beau souffle romanesque, hommage vibrant à un homme admirable. Lire la chronique.

« Le rêve du jaguar de Miguel Bonnefoy »

A Maracaibo, au Venezuela, un nourrisson est abandonné sur le parvis d’une église, puis recueilli par une femme misérable du nom de Teresa la muette. Ce nourrisson, c’est Antonio, point de départ de cette passionnante histoire familiale. Un roman qui s’étend sur plusieurs générations, où l’on tourne les pages sans même s’en rendre compte, captivés par toutes ces vies dignes d’un conte.

« Le rêve du jaguar » ce sont des personnages incroyablement attachants, des histoires d’amour (mille au moins), de révolution, de marins et de bandits, de rêves et de passion. Un roman magnifique, plein d’humanité et de poésie.

« Salina : Les trois exils » de Laurent Gaudé

Salina, comme le sel des larmes de cette enfant, déposée un jour par un cavalier près d’un village sans nom, à une époque sans âge. Les trois exils comme les chemins d’une vie riche et mouvementée, jalonnée d’amour et de haine. De son premier jour à son dernier repos, nous découvrons l’histoire de Salina, récit conté par son dernier né Malaka, avant de rendre son corps au fleuve.

« Salina : Les trois exils » est un roman qui s’apparente davantage à un conte et pour lequel j’ai eu un beau coup de coeur ! J’ai été transportée par la beauté de l’écriture de Laurent Gaudé, envoûtée par la beauté du récit. Un roman magnifique, que je vous invite à découvrir !

« Vous parler de mon fils » de Philippe Besson

J’ai hésité à mettre ce roman dans mon top 10 de l’année 2024, car il sort le 2 janvier prochain. Mais bon, après tout je l’ai lu en 2024.

Avec « Vous parler de mon fils », Philippe Besson s’empare une nouvelle fois d’un sujet difficile, le harcèlement, avec une délicatesse qui force l’admiration. Comme toujours, je suis subjuguée par son style, la simplicité touchante avec laquelle il évoque les faits, nous immisce dans les pensées des personnages. Son langage est universel. Une lecture essentielle, profondément bouleversante, qui nous incite à ne jamais oublier l’inacceptable. Lire la chronique.