Les soleils mouillés de Françoise Bourdin
Contemporain, Autobiographie
Date de lecture : 9-10 oct. 2024
Les soleils mouillés est le premier roman écrit par Françoise Bourdin. Et comme elle l’évoque elle-même : « Le premier est toujours un peu autobiographique. »
« En y réfléchissant on finit par s’apercevoir que tous nos actes, jusqu’aux moindres, sont définitifs. Que pour se consoler les humains prétendent que tout se répare et que « mieux vaut tard que jamais ». Mais ce sont des balivernes. Tout compte. Absolument tout. Si nous voulions bien en prendre conscience nous agirions souvent avec moins de légèreté et de rapidité. Gâcher un an ou un jour, perdre une heure, sacrifier quelque chose ou se tromper ne serait-ce qu’une fois devient capital et change radicalement le bilan final. »
Les soleils mouillés nous emmène à la rencontre de Frédérique, une jeune femme tempétueuse, passionnée de courses hippiques, dont la vie bien rangée va être bouleversée par ses retrouvailles avec son premier amour.
« Elle était trop jeune, trop libre et de trop bonne famille. Mais il l’avait sincèrement aimée. Il aurait, parfois, voulu mourir pour être certain de ne jamais la perdre. »
Alors qu’elle a dix-sept ans, Frédérique vit une histoire d’amour passionnée avec Joël, avant de partir soudainement pour l’Angleterre. Là-bas, elle épouse John Manderley, un jeune lord « séduisant et cultivé », un peu plus âgé qu’elle. Une union paisible et confortable, cependant sans grande surprise. Aussi, lorsque les deux époux décident de venir s’installer en France, quatre ans plus tard, il suffira d’une rencontre pour réveiller un tempérament libre et fougueux.
Les premiers chapitres, on découvre une jeune femme enjouée, un tourbillon d’énergie qui nous emporte dans son sillage. Frédérique apparaît comme passionnée, vive, ayant l’art de conquérir le coeur d’à peu près tout le monde autour d’elle. Pour elle, tout semble facile, rien ne semble grave. Pourtant, lorsqu’elle revoit Joël, devenu jockey, sur un champ de courses, c’est comme si la jeune femme s’éveillait d’un long sommeil. « Il faut se trouver en présence des gens pour se souvenir à quel point ils ont compté. »
J’ai été saisie par la justesse des sentiments exprimés par l’autrice, par sa finesse d’analyse. Je ne dirais pas que Frédérique est un personnage particulièrement attachant, car elle a ce côté un peu égocentré qu’ont souvent les enfants gâtés, mais elle est touchante à sa manière. Très tôt, trop tôt, elle s’est inconsciemment pliée à ce que la société et son milieu attendaient d’elle, s’est obligée à devenir adulte par la force de l’âge. « Je suis une enfant. Je croyais, j’étais sûre d’être assez grande pour vivre sans contraintes. Émancipée, quoi ! C’était faux. »
Mais, peut-on vraiment occulter nos désirs, étouffer ce qui nous anime, sans risquer que ces sentiments resurgissent douloureusement un jour ? Peu à peu, la jeune femme commence à s’interroger, sur la vie, sur l’amour, sur le passé et l’avenir. Deux visions de la vie s’offrent à elle, deux routes aux promesses bien différentes. Au fond, que veut-elle vraiment ?
Les soleils mouillés est un court roman qui révèle d’intenses sentiments, ceux d’une jeune héroïne confrontée aux décisions d’une vie. Même si j’y ai trouvé parfois quelques redondances, j’ai apprécié cette lecture d’une émouvante sincérité.
En écrivant cette chronique, je me rends compte que j’ai relevé de nombreux passages de ce récit. Des phrases particulièrement bien écrites et des propos que j’ai trouvé marquants.
« Il est triste comme un ciel gris, froid, renfermé. Il ne comprend pas le sens du mot aimer. Il m’a enfermée dans une prison de silence poli… Il vit dans une torpeur amoureuse ! Il se veut tendre et compréhensif, il n’est que sensuel et matérialiste. Il ne sait rien du rêve, des nuances, il ignore qu’on peut souffrir d’autre chose que du manque de confort. Il ne s’aperçoit que de ce qui le dérange… Il m’étouffe avec tellement d’amour, tellement d’application ! Il vit aussi peu qu’une statue, il est pétrifié d’amour ! Il n’a trouvé que ça… un lit d’époque parfois partagé, toujours honnêtement, une situation bien régulière, une vie bourgeoise à crever d’ennui ! »
Roman lu dans le cadre d’une Masse Critique. Je remercie Babelio et la maison d’édition pour l’envoi de ce roman.
Infos & Quatrième de couverture
Les soleils mouillés de Françoise Bourdin
Éditeur : Récamier – Parution : 03/10/2024 – 160 pages – ISBN: 9782385770853.
Une histoire personnelle et authentique, d’une jeune femme dont la précocité littéraire laissait présager l’auteur à venir.
Frédérique est une jeune fille pleine de fougue et passionnée de course hippique. À dix-sept ans, elle décide de fuir la relation fusionnelle mais compliquée qu’elle vit avec son premier amour, Joël. En voyage à Londres, elle tombe sous le charme d’un jeune lord, brillant, au caractère rassurant, qui lui ouvre les portes de l’aristocratie anglaise.
Quatre ans s’écoulent, Frédérique mène avec le bel anglais une vie certes agréable, mais sans saveur, sans frisson, sans passion. La France, l’aventure et les champs de courses lui manquent. De retour à Paris, elle revoit Joël, devenu jockey. Alors qu’elle pensait l’avoir oublié, Frédérique retrouve à son contact la flamme qui l’animait autrefois.
On peut sacrifier son passé, le renier ou le détester, mais on ne peut pas l’effacer.
Le tout premier roman de Françoise Bourdin, écrit alors qu’elle n’avait même pas dix-huit ans. L’histoire d’une jeune femme inarrêtable, s’accrochant à ses rêves et sa liberté, peu importe le prix à payer.
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De l’autrice, je n’ai lu qu’une nouvelle dans un « 13 à table ! » je crois…
C’est toujours intéressant de découvrir le premier roman d’un•e auteur•rice, alors pourquoi pas 🙂
Oui, surtout quand tu as lu quelques-uns de ses livres, tu peux voir l’évolution.
Je n’ai jamais rien lu de cette auteure. cette histoire a l’air touchante, mais pas sûr que je sois le bon public. Bonne semaine
Je comprends. Je n’en ai lu que deux de cette autrice, mais ce sont principalement des romans que je préfère lire en été.
Je ne connais pas cette auteure…
Les deux que j’ai lus sont des sagas familiales qui se passaient en été, avec un petit suspense en toile de fond et c’était plutôt sympa.
Un roman court peut-être, mais avec des passages très intéressants, j’aime bien les extraits que tu as choisi. Merci pour ce partage 🙂
Il y a de très beaux passages, disons des passages qui révèlent très sentiments très justes.
Bravo Caroline, tu expérimentes et découvres d’autres auteures, avec, manifestement, de belles surprises !
C’est une autrice que dont j’avais déjà lu deux romans. Des genres de sagas familiales à suspense. Celui-ci est son premier et il ne m’a pas totalement convaincue, à cause de quelques maladresses, mais par contre j’ai été agréablement surprise par les émotions de l’héroïne qui transparaissent plutôt bien.
L’autrice semble avoir su trouver les mots pour exprimer le ressenti de son héroïne. Merci pour la découverte !
Oui, je suis assez surprise d’ailleurs.