Les guerriers de l’hiver d’Olivier Norek
Historique
Date de lecture : 17 sept. 2024
Lecture audio → Roman lu par Thierry Blanc
« Il faut toujours un premier mort pour y croire vraiment. »
Avec Les guerriers de l’hiver, Olivier Norek nous plonge dans une Guerre d’Hiver assez peu connue du grand public, celle qui a vu s’affronter russes et finlandais durant cent cinq jours, entre novembre 1939 et mars 1940. L’auteur a choisi de faire vivre son récit grâce à quelques personnages ayant réellement existé, dont Simo Häyhä, soldat finlandais surnommé « La Mort Blanche », et devenu véritable légende des deux côtés du conflit. Par ailleurs, comme il l’explique dans le second épilogue, « Ceci est un roman. Cependant, les dialogues proviennent souvent d’archives ou ont été transmis par des passionnés, des militaires et des historiens. Aucun fait d’armes n’a été inventé, ni aucune anecdote. Aucun acte de bravoure n’a été exagéré. »
L’histoire débute peu avant le début du conflit, où nous découvrons nos futurs guerriers, la plupart déjà réservistes, et habitants de Rautjärvi, une commune frontalière avec la Russie. Parmi eux, se trouve un fermier du nom de Simo, réputé pour son excellente capacité de tir, faisant mouche à tous les coups, même face aux soldats de métier. Il l’ignore encore, mais cette capacité inouïe va changer le cours d’une guerre dont l’issue semblait pourtant courue d’avance.
Au coeur de cette bataille, quelques personnalités se détachent, Simo et ses amis Onni, Toivo et Pietari, et le lieutenant Juutilainen surnommé « L’Horreur ». « Tous font partie de la 6e compagnie du 2e bataillon du 34e régiment de la 12e division du IVe corps d’armée. Garnison de Kollaa. » Ce sont eux que nous allons principalement suivre.
Contrairement à ce que j’imaginais, ce roman n’a pas été éprouvant à lire car il est davantage axé sur les faits plutôt que sur les émotions. Bien sûr, l’immense talent d’Olivier Norek fait qu’on ressent sensiblement le froid extrême, l’éclatante blancheur du paysage, et la tragédie qui se déroule sous nos yeux, jour après jour.
L’auteur dresse le portrait des personnages avec une grande subtilité. Il en dit peu mais assez pour nous permettre de cerner les grandes lignes de leur personnalité. J’ai beaucoup accroché au personnage de Simo, qui parle peu (voire pas du tout). Sa fonction de tireur d’élite nécessite une grande concentration et une maîtrise totale des émotions, pour autant, ce n’est pas un homme sans sentiments.
« – Prenez leur plaque d’identification, ordonna l’officier militaire. Un soldat se baissa, chercha autour du cou d’un mort sa plaque métallique qu’il s’apprêtait à casser en deux quand un canon de pistolet se posa sur l’arrière de sa tête. – N’en faites rien, le contredit l’officier politique. Une plaque d’identification signifie un mort, et nous n’avons perdu aucun homme aujourd’hui. »
Par ailleurs, j’ai été touchée par ces soldats russes envoyés au charbon, qui meurent au combat et dont les corps ne sont ni récupérés, ni enterrés, pour éviter que le peuple découvre que la Mère Patrie n’est pas toute puissante. « L’armée Rouge, perpétuellement renforcée et reconstituée, préférait, autant que cela était possible, piocher ses nouveaux soldats parmi les pays voisins sous tutelle ou sous domination russe pour les envoyer en première ligne avant ses propres enfants. » La plupart d’entre eux ont davantage peur de Staline que de la mort. Ils ne sont même pas équipés correctement pour combattre dans le froid et la neige. « À commander par la terreur, Staline provoquait ses propres déboires. »
Si le récit est raconté avec une distance qui m’a tout à fait convenu étant donné le sujet, j’ai beaucoup apprécié le premier épilogue, qui m’a bouleversée. Les informations concernant la suite de cette guerre m’ont touchée et mise en colère. Grâce à ce roman, j’ai découvert tout un pan de l’histoire que j’ignorais. J’ai découvert la passivité des autres États, et j’ai admiré le courage de ce tout petit pays qu’est la Finlande, capable de tenir tête au géant Russe.
Contre toute attente, Les guerriers de l’hiver est un roman qui m’a captivée du début à la fin. Un récit magistralement raconté par Olivier Norek, dont je me souviendrai longtemps.
Mon avis sur la version audio :
Dans la version audio Lizzie, c’est le comédien Thierry Blanc qui nous raconte cette histoire. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi l’écoute plutôt que la lecture sur papier. C’est un narrateur que j’apprécie beaucoup, pour son timbre de voix autant que pour ses interprétations, d’une grande justesse. Dans ce roman, il m’a une nouvelle fois conquise, et m’a permis de m’immerger avec une grande facilité dans ce récit de guerre. Pour preuve, je l’ai dévoré dans la journée. Je n’ai absolument pas vu le temps passer, et j’ai imaginé sans peine chaque scène et chaque personnage de cette histoire. Une écoute fantastique !
Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux que d’écouter un extrait pour se faire un avis.
Et pour celles et ceux qui souhaitent lire des avis différents, je vous invite à découvrir les chroniques d’Aude et Nath.
Infos & Quatrième de couverture
Les guerriers de l’hiver d’Olivier Norek
Éditeur : Lizzie – Parution : 29/08/2024 – 10h35min – ISBN: 9791036636943.
Également disponible : 📕En grand format chez Michel Lafon, 2024
« Tu as sûrement entendu parler des Enfers ? Là, c’est pareil, mais le diable lui-même ne comprendrait pas ce qu’il se passe ici. » « Je suis certain que nous avons réveillé leur satané Sisu.– Je ne parle pas leur langue, camarade.– Et je ne pourrais te traduire ce mot, car il n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Le Sisu est l’âme de la Finlande. Il dit le courage, la force intérieure, la ténacité, la résistance, la détermination… Une vie austère, dans un environnement hostile, a forgé leur mental d’un acier qui nous résiste aujourd’hui. » Imaginez un pays minuscule. Imaginez-en un autre, gigantesque. Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent. Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l’ennemi, et parmi ses soldats naît une légende.La légende de Simo, la Mort Blanche.
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C’est un roman que j’ai aimé. La reconstitution des combats est très réaliste. Ta chronique est belle ! 🙂
Je ne lis que de bons retours sur ce nouveau roman d’Olivier Norek. J’ai souvent lu sur la Seconde Guerre mondiale, mais pas sur cette guerre-là précisément, alors ça m’intéresse d’en savoir plus.
Quelle belle chronique, Caroline. 🤩 ce roman me fait envie depuis un moment, délaitant plus qu’il est pressenti pour plusieurs prix littéraires.
Je comprends que c’est livre qui plaise, car c’est un récit fort et bien écrit. S’il te fait envie, j’espère que tu auras l’occasion de le lire prochainement et qu’il te plaira.
C’est un livre qui plaît beaucoup apparemment, il faut croire que Olivier Norek a bien fait de s’éloigner du roman policier, ce nouveau genre lui réussit plutôt bien 🙂 C’est bien si la lecture n’a pas été éprouvante malgré ce sujet qui n’est pas des plus faciles. Merci pour cette chouette chronique.
J’ai aussi beaucoup aimé ce roman et j’ai vraiment apprécié l’écriture et le travail de recherche d’Olivier Norek. Même quand on le lit de manière « conventionnel », il se lit très bien ! 🙂
whaou quelle chronique., merci Caroline.
Et il est trop fort notre NoreK, quelle entrait fracassante il fait là loin du polar….
Quel bel enthousiasme, Caroline ! Je l’ai écouté comme toi et si j’ai aimé l’interprétation de Thierry Blanc, je n’ai que modérément apprécié ce roman de guerre.
Comme tu le sais déjà, j’ai adoré cette lecture passionnante et enrichissante. Merci pour ton super retour !
Merci Julie !
Il est dans ma wishlist même si je pense attendre un peu avant de le lire l’ayant vu beaucoup passé et ayant peur d’avoir des attentes trop élevées.
Mais ton avis renforce mon envie de découvrir ce pan de l’histoire que je ne connaissais pas. L’auteur semble l’aborder sans pathos mais avec force.
Je comprends tout à fait Audrey. Je me suis lancée dans cette lecture grâce à une copine lectrice et je ne regrette pas.
On sent bien à quel point tu l’as aimé ♥️, et ça, c’est tellement chouette. Ou Thierry Blanc est un narrateur génial, il lit d’ailleurs le nouveau recueil de nouvelles de Minier qui est sorti chez Lizzie 😉
Ta chronique est superbe, j ai aussi beaucoup aimé ce livre. Bonne journée
Merci Patricia. C’est un livre que j’ai trouvé très intéressant.
Oui, j’hésite encore à découvrir ce recueil de nouvelles, mais j’avoue que si je le fais, ça sera en audio !😁
Merci pour cette belle chronique. Je suis du même avis, c’est un livre magistral !
Je suis contente d’avoir pu découvrir ce pan de l’histoire.