Chronique - Le déluge de Michelle Prak

Chronique – Le déluge de Michelle Prak

Le déluge de Michelle Prak

Thriller

Date de lecture : 13-15 juin 2023

Roman lu dans le cadre d’une Masse Critique privilégiée Babelio.

Si vous me suivez sur le blog, vous avez sans doute remarqué que j’adore les romans australiens ou les romans qui se passent en Australie, surtout dans l’outback. C’est pourquoi, lorsque Babelio m’a proposé ce roman dans le cadre d’une Masse Critique, il ne m’a fallu qu’un coup d’oeil au résumé et à la superbe couverture pour avoir l’eau à la bouche. Un résumé qui m’a fait penser à celui d’un film avec John Cusack, où une tempête oblige des voyageurs surpris à se réfugier dans un motel. Film que j’ai beaucoup aimé, soit dit en passant.

Le déluge est un thriller qui se présente sous la forme d’un roman choral, où nous allons suivre l’histoire du point de vue de quatre personnages féminins, Quinn, Hayley, Andrea et Livia. Quatre femmes que l’autrice s’attache à mettre en valeur, contrairement à leurs homologues masculins qui ne sont pas présentés sous leur meilleur jour.

« La terre de chaque côté de la route est orange. Au-delà, aussi loin que la vue peut porter, s’étendent des rangées de petits buissons d’arroches rêches. La lumière du soleil devient plus dure chaque année. Il viendra un temps où même les arbustes les plus coriaces ne pourront plus lutter. Mais ce champ d’épines survivra aujourd’hui encore. Ce soir, la pluie rebondira sur la terre dure comme des cailloux. »

Le couple de Scott et Hayley bat de l’aile ces derniers temps, aussi, pour tenter de retrouver une certaine cohésion, ils décident d’organiser un road-trip à travers l’outback Australien, en compagnie de deux autres jeunes qu’ils ne connaissent pas, Livia et Joost. Une manière efficace et plutôt sympa de partager les frais et de faire de nouvelles connaissances. D’autant que Livia est brésilienne et Joost, hollandais, deux pays culturellement bien différents du leur. Leur trajet est planifié dans les moindres détails, des routes à emprunter, en passant par les endroits à découvrir et la logistique. Et quand on sait les distances considérables entre les villes dans ces immenses terres désertiques, mieux vaut penser à tout. La seule chose qu’ils n’avaient pas vraiment prévu, ce sont les pluies torrentielles qui allaient s’abattre sur leur route.

Alors que débute leur aventure, nous voici immergés dans les décors grandioses de l’arrière-pays Australien, là où la terre est trop souvent aride, teintée d’une remarquable couleur orange. Nous sommes en février, mais il fait très chaud et l’aventure en 4×4, bien que climatisée, s’annonce un peu laborieuse. D’autant que l’ambiance dans le groupe est un peu tendue, la faute aux mecs qui sont un peu lourdingues, il faut bien l’avouer. L’un est toujours en train de râler, un véritable rabat-joie, quant à l’autre, il a un humour plus que douteux et en plus, il sent mauvais. Je préfère me concentrer sur Livia et son discours sur le climat, sa passion pour la photo. Hayley, quant à elle, semble être une gentille fille, mais je n’ai pas réussi à la trouver intéressante. J’ai d’ailleurs trouvé que certains personnages souffraient de cette platitude, surtout les hommes.

« Ce matin encore, elle aidait Matt et Andrea à remplir des sacs de sable et à les empiler contre les murs, laissant un tas de secours accessible près de l’entrée du pub, tant qu’on n’était pas sûr de l’endroit où on pourrait en avoir besoin. Ils ont assez de vivres si la tempête les coupe du monde durant quelques jours. Ils en ont même suffisamment pour les prochaines semaines, c’est toujours comme ça qu’on s’en sort ici. »

Du côté du Pindarry Hotel, tenu par Matt et Andrea, la situation n’est guère mieux. L’annonce de la pluie excite autant qu’elle inquiète. Bien entendu que voir la pluie tomber serait une aubaine, dans une zone habituellement d’une grande sécheresse. Pourvu seulement qu’elle ne soit pas diluvienne, comme cette fameuse année où elle a décimé le troupeau du père de Quinn, leur employée. Mais la tempête ne sera pas l’évènement le plus inquiétant auquel Andrea et Quinn auront à se confronter.

« La chaleur des flammes éloigne les insectes, un motif de contentement, bien qu’elle se sente de plus en plus angoissée face à l’évolution de la situation. Scott reprend constamment Hayley, qui maintenant est en train de piquer sa crise. Les disputes vont-elles se multiplier sur la route de Darwin ? Elle aurait peut-être dû mieux choisir ses compagnons de voyage. »

Alors que les kilomètres défilent le long de la Stuart Highway, le temps change peu à peu et le ciel se pare de “nuages ardoise et auburn enroulés et menaçants”, laissant présager un déluge d’une rare intensité et avec lui, une montée de la tension et du suspense. La phrase d’accroche sur le bandeau se rappelle à la mémoire et on comprend que l’on est au point de bascule. Celui où le rythme du récit s’intensifie et où l’intrigue prend enfin place.

L’autrice prend le temps d’installer le décor, de présenter les personnages, une manière efficace de s’imprégner de l’atmosphère lourde du roman. Un décor qui va se transformer peu à peu en huis clos, l’étau se resserrant chaque jour un peu plus sur les protagonistes. L’intrigue, bien que classique dans sa construction, est bien menée et franchement, je n’ai pas du tout vu venir le dénouement !

J’ai passé un agréable moment de lecture avec ce thriller qui aborde des sujets intéressants, comme l’écologie ou encore la masculinité toxique. Je regrette peut-être un manque de profondeur dans l’ensemble et une traduction parfois surprenante. Par exemple, “avertisseur” au lieu de “klaxon” où “contrôleur de jeu” au lieu de “manette”. La deuxième partie, au coeur de l’intrigue, m’a davantage accrochée.

Je remercie Babelio et la maison d’édition pour l’envoi de ce roman.


Infos et Quatrième de couverture

Le déluge de Michelle Prak | Titre original : The Rush
Édition : HarperCollins – Parution : 07/06/2023 – 272 pages – ISBN: 9791033914808 – Genre : Thriller.

Lors d’une tempête dans l’outback australien, plusieurs personnages se réfugient dans un motel. Parmi eux, un psychopathe. Voire deux…
Les premières gouttes de pluie commencent à tomber lorsque Quinn aperçoit le corps. Son portable ne capte pas si loin dans le désert australien, et devant elle il n’y a rien d’autre qu’une route vide sur des kilomètres. Doit-elle s’arrêter ou continuer de rouler en toute sécurité ? De retour au pub isolé emblématique où Quinn travaille, Andrea sécurise les lieux avec des sacs de sable en prévision des inondations annoncées. Seule avec son fils de trois ans endormi dans l’arrière-boutique, elle laisse entrer à contrecœur un motard pour attendre la fin de la tempête. Sur les routes inondées, des tensions surgissent entre quatre routards en route vers Darwin. Leur road-trip était censé être baigné de soleil, et la tempête n’est pas la seule menace qui les guette…

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Cet article a 10 commentaires

  1. Roman choral, huis clos et dénouement surprenant, je note !
    Même si ce n’est pas parfait, l’ambiance est du genre à me plaire.

    1. Caroline

      Question dénouement, c’est sûr, ce fût une bonne surprise !

  2. Je viens justement de lire la chronique de Lison du blog L’Oeil noir au sujet de ce livre, et elle non plus n’avait pas vu venir le final apparemment. Donc l’effet de surprise semble réussi ! Je dois avouer que l’ambiance huis clos dans un décor australien, ça me fait bien envie. Merci pour ta chronique Caroline, je suis certaine qu’il pourrait me plaire. 😊

    1. Caroline

      Question dénouement, c’est sûr que je ne l’ai pas vu venir ! Comme quoi, parfois tu penses qu’un livre ne va pas te surprendre, et puis c’est tout l’inverse.

  3. Hedwige

    Quelle magnifique chronique, nuancée, travaillée et excellemment bien écrite, Caroline.!
    Néanmoins je ne pense pas lire ce roman à cause des réserves que tu émets et auxquelles je me fie aveuglément.

    1. Caroline

      Merci beaucoup Hedwige ! Oui, ce sont ces quelques réserves qui font que j’ai passé un bon moment de lecture, mais qu’il m’aura manqué un petit quelques chose pour que le roman se démarque un peu plus.

  4. Le décor a l’air inquiétant et le côté huis clos vers lequel se dirige le roman me plaît bien. J’ai peu lu de livres qui se déroulent en Australie mais à chaque fois, j’ai trouvé l’ambiance pesante mais dans le bon sens du terme. Merci pour cette découverte 🙂

    1. Caroline

      Merci Audrey ! Ma référence en littérature australienne reste Jane Harper, mais j’aime aussi Liane Moriarty. J’avais également lu deux autres livres très chouettes, Pique-nique à Hanging Rock et Les soeurs Van Apfel ont disparu.

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