Hurlements d’Alma Katsu

Thriller historique

Date de lecture : 10-13 sept. 2025

Lecture n°8 du Pumpkin Autumn Challenge organisé par Guimause Terrier. 🍂 Menu Automne Frissonnant, Catégorie Les songes maudits de Carmilla (Horreur). 🍂

Voilà un an que ce livre me faisait de l’oeil et je suis heureuse d’avoir enfin pris le temps de le découvrir. Je n’avais pas lu beaucoup de retours dessus, si bien que je n’avais pas d’attentes particulières, si ce n’est concernant l’ambiance. D’ailleurs, je trouve que la couverture des éditions Sonatine illustre parfaitement le texte.

En 1846, aux États-Unis, une expédition composée de plusieurs familles de pionniers, menée par Donner et Reed, s’apprête à traverser le pays pour rejoindre la Californie. Un long et fatigant périple, qui les incite à changer d’itinéraire en cours de route, pour un autre réputé plus court mais aussi plus périlleux. Un itinéraire qui va les engager au coeur d’une contrée inexplorée, dont tous ne sortiront pas indemnes.

Hurlements est un roman d’ambiance. Le genre où tu te glisses sur la pointe des pieds, conscient qu’une fois que tu y seras embarqué pour de bon, tu ne pourras plus le lâcher. Le genre qui prend son temps, qui t’invite d’abord à faire connaissance avec ses nombreux personnages. Car oui, c’est un convoi « exceptionnel », comme qui dirait, avec une foule de chariots, de bœufs pour les tirer, et plus encore d’humains à trimbaler. Sur tes gardes, tu t’intéresses aux uns et aux autres, tu observes les affinités, les regards qui en disent long, tu remarques les personnalités qui valent la peine et celles dont il faut se méfier. Et tu as raison de te méfier, car, quand tu t’apprêtes à passer de longs mois avec un entourage aussi hétérogène, mieux vaut savoir à qui tu as affaire.

Mais tout va déraper quand, tentés de gagner au plus vite leur destination, les chefs de convoi se détournent de l’itinéraire principal pour suivre un raccourci, s’enfonçant au plus profond d’une nature inconnue et sauvage. Un territoire si hostile et si inquiétant que les Indiens eux-mêmes semblent l’éviter. Des évènements étranges et effrayants surviennent alors. Sont-ils dûs à ces créatures qui les traquent depuis plusieurs miles, leurs yeux luisant dans l’obscurité, leurs voix chuchotant au coeur de la nuit ? Sont-elles réelles, ou sont-elles le fruit d’une imagination fertile, nourrie par le terreau des peurs et des légendes ?

Cette histoire prend sa source dans un fait historique réel, bien que l’autrice ait pris des libertés pour les besoins de son intrigue. Ce qui m’a frappée en premier lieu, c’est cette maîtrise admirable de la tension, rendue possible grâce à la multiplicité des points de vue, et accentuée par la présence de lettres troublantes, laissées çà et là par les précédents pionniers ayant suivi le même trajet.

D’abord animée, portée par le brouhaha des conversations et des éclats de voix, l’atmosphère se fait plus pesante, plus oppressante. Chapitre après chapitre, l’étau se resserre sur les pionniers. Les aléas ralentissent le rythme du convoi, les victuailles se tarissent dangereusement, et les bœufs, ces piliers massifs et rassurants, peinent à avancer. Mais, parmi toutes ces contrariétés, c’est sans doute la faim qui s’avère la plus sournoise, car elle contribue à révéler la noirceur des âmes, permettant au doute de se loger dans les esprits, jusqu’à la folie.

D’aucuns qualifient ce roman d’horreur, et si l’horreur peut revêtir plusieurs formes, dans Hurlements elle est davantage psychologique, de celles qui vous glacent le sang et qui vous empêchent de crier de crainte que le cauchemar ne devienne réalité. Un récit maîtrisé d’une main de maître, qui m’a fait passer un très bon moment de lecture.