Chronique - Un long, si long après-midi d'Inga Vesper

Chronique – Un long, si long après-midi d’Inga Vesper

Un long, si long après-midi d’Inga Vesper

Policier

Une couverture représentant une cuisine dans un style typique des années 60 et un synopsis des plus attrayants. Il ne m’en fallait pas plus pour me donner envie de découvrir ce livre. Des banlieues aisées aux quartiers populaires, cette enquête nous plonge dans le mode de vie américain de la fin des années 50. Par ailleurs, j’apprécie beaucoup les romans dont l’intrigue se déroule à cette époque.

« Pour la première fois depuis des années, j’ai hâte d’être à l’après-midi. »

Dans une belle maison de la banlieue chic de Los Angeles, une femme au foyer disparaît, laissant derrière elle une cuisine tâchée de sang. Dans le jardin, une petite fille attend le retour de sa maman, tandis qu’à l’étage, un bébé pleure. Voici la scène tragique qui attend Ruby, la femme de ménage, venue comme tous les jours, s’occuper de la maison des Haney. Seulement, Ruby est afro-américaine, ce qui, dans l’Amérique de 1959, fait d’elle une suspecte idéale. Le mystère autour de la disparition de Joyce Haney nous emmène dans les coulisses de ce monde parfait, passant au peigne fin les relations et révélant les secrets les plus inavouables. Qui peut savoir ce qui se cache derrière ces façades lisses aux pelouses savamment entretenues ?

Un long, si long après-midi se présente comme un roman choral, dans lequel interviennent trois protagonistes, Joyce Haney, la disparue, Ruby Wright, la femme de ménage, et Mick Blanke, l’inspecteur en charge de l’affaire. Trois personnes qui mènent des existences bien différentes les unes des autres, comme autant de points de vue qui permettent à Inga Vesper d’aborder des sujets pertinents. La condition des afro-américains, ainsi que la place des femmes dans la société, entre autres.

« J’ai envie de rester près de la piscine. Je veux m’occuper des géraniums avant de m’occuper de ma fille. Cela fait-il de moi une mauvaise mère ? Cela me rend-il pire que je ne le suis déjà ? »

Dès les premières lignes, j’ai été saisie par la mélancolie qui se dégage des pensées de Joyce. Bien qu’elle semble avoir tout pour être heureuse, ses derniers agissements laissent transparaître une profonde tristesse. Dès lors, les questions germent dans mon esprit. Disparition volontaire, enlèvement, meurtre ? Face au désarroi de Ruby, très attachée à sa patronne et amie, l’inspecteur Blanke se montre maladroit mais bienveillant. J’ai beaucoup aimé ce duo, si dissemblable en apparence, mais guidé par une soif commune de vérité.

« Ils disent que l’esclavage est terminé et que la ségrégation est en train de disparaître. Mais tu as eu une ambulance pour ta mère ? Tu vois des écoles mixtes ? Tu vois des Noirs avec des cravates et des carrières, qui vont au bureau tous les jours ? Hein ? Tu vois tout ça ? »

Dans la chaleur étouffante de ces journées, la tension grimpe, attisant çà et là les flammes de la colère. On découvre une société en plein remous, dans laquelle les minorités se soulèvent pour défendre leur cause. Parmi elles, les femmes qui, quelle que soit leur position sociale ou la couleur de leur peau, souffrent d’un même mal, la domination masculine. Une condition représentative d’une époque patriarcale, où la femme ne peut exister qu’en tant qu’épouse dévouée et mère parfaite. Mais, si les femmes ont la part belle dans ce récit, toutes ne sont pas pour autant modèles de bonté et d’humanité.

J’ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de ce roman, grâce à la plume agréable d’Inga Vesper.

Je remercie NetGalley et la maison d’édition pour l’envoi de ce roman.

Date de lecture : 22 janv. – 2 fév. 2022


Infos et Quatrième de couverture

Un long, si long après-midi d’Inga Vesper
Edition : La Martinière – Parution : 04/03/2022 –  pages – ISBN : 9782732499253

« « Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore. »

Dans sa cuisine baignée de soleil californien, Joyce rêve à sa fenêtre. Elle est blanche, elle est riche. Son horizon de femme au foyer, pourtant, s’arrête aux haies bien taillées de son jardin. Ruby, elle, travaille comme femme de ménage chez Joyce et rêve de changer de vie. Mais en 1959, la société américaine n’a rien à offrir à une jeune fille noire et pauvre. Quand Joyce disparaît, le vernis des faux-semblants du rêve américain se craquelle. La lutte pour l’égalité des femmes et des afro-américains n’en est qu’à ses débuts, mais ces deux héroïnes bouleversantes font déjà entendre leur cri. Celui d’un espoir brûlant de liberté. »


Mes recommandations en rapport avec ce roman

  • Alabama 1963 de Ludovic Manchette et Christian Niemec
    J’ai vraiment adoré ce roman policier mettant en scène un duo de choc, une femme de ménage noire et un détective privé blanc. Le sujet du racisme est primordial dans cette histoire, mais l’enquête n’en reste pas moins très bien menée et captivante. Lire ma chronique.
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Cet article a 6 commentaires

  1. Cannetille

    L’envers du rêve américain… J’ai moi aussi apprécié ce premier roman qui nous fait découvrir un nouvel auteur.

    1. Caroline

      Je vais suivre de près les romans d’Inga Vesper.😊

  2. Lily

    Il a l’air très sympa. J’aime beaucoup les sujets abordés. Je ne le connaissais pas merci pour la découverte 😊

    1. Caroline

      Il est sorti aujourd’hui et c’est une histoire qui se lit franchement bien.

  3. Je t’avoue que la couverture ne m’aurait pas attirée, mais les thématiques abordées sont intéressantes et je serais très curieuse de découvrir les raisons de la disparition d’une femme qui n’est pas aussi heureuse que cela. Quant aux personnages, tu donnes envie d’aller à leur rencontre !

    1. Caroline

      J’ai vraiment beaucoup aimé cette histoire ! 😁

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