Point final de Marie Liebart
Roman noir, thriller psychologique
J’ai eu l’occasion d’interviewer Marie Liebart pour un magazine local, et c’est dans ce contexte que j’ai eu envie de découvrir son dernier roman, Point Final. Un thriller comme je les aime, porté par une très belle écriture, et des personnages à la psychologie fouillée. Un roman qui traite de « l’emprise psychologique et de la spirale destructrice qui en découle ». Cette thématique me passionne depuis longtemps, et j’apprécie la retrouver en littérature. Elle se prête fort bien, à mon sens, au genre du thriller, et Marie Liebart l’explore avec justesse dans Point Final.
« La verrue va pas supporter… Ses moutonnes suppliciées… Il faut pas qu’elle voit ça, bon Dieu ! Merde, Rafaël, merde, merde ! »
Lorsque Barnard se lève ce matin-là, il sent d’instinct que quelque chose cloche. A la campagne, quand il n’y a pas un bruit dehors, c’est suspect. Alors, quand il ouvre la porte de la bergerie et découvre la scène macabre qui s’offre à lui, il est désespéré. Rafaël est mort, et plutôt salement !
Nous sommes à la campagne, dans un environnement plutôt agréable et paisible. Barnard et Mireille, un couple de retraités, hébergent Rafaël, un type un peu paumé, ainsi qu’Etienne, un gars sympa mais quelque peu alcoolique. Cette petite communauté, en apparence fraternelle, cache pourtant bien des travers.
« Barnard lève son verre, adresse un clin d’œil complice à son esclave et déclare « On a bien bossé ». Le rituel est établi, immuable, souhaité par le gourou. »
Comme souvent dans les groupes, il y a un chef. Un maître du jeu, si l’on peut dire. Car pour certains, l’emprise est un amusement comme un autre. Un petit jeu pervers où l’on peut asseoir son autorité, susciter la crainte et le respect. Une drogue malsaine que Barnard, le patriarche, pourrait facilement s’injecter en intraveineuse. Les personnages, à leur manière, sont tous aussi méprisables les uns que les autres. Ils sont enfermés dans une sorte de cercle vicieux, dont l’humiliation semble être l’unique moyen de communication. Les sobriquets de « Babar » et « La verrue » dont s’affublent les Duchêne sont assez représentatifs de l’ambiance chaleureuse qui règne chez ce couple de retraités. Vous percevez l’ironie.
« Barnard, très en verve et la fourchette vorace, préside la séance comme au bon vieux temps, instruisant l’assemblée de son savoir aux dimensions de cathédrale en éparpillant, çà et là, quelques remarquables citations de sa réserve personnelle. Tout le monde y va de sa mimique admirative et de son approbation inconditionnelle, un hymne collégial à la convivialité et à la bienveillance. »
Sous la plume poétique de l’autrice, les personnages sont doués d’un langage absolument exquis. Un langage parfois fleuri, comme dirait ma grand-mère, qui prête à sourire, mais qui sonne terriblement juste dans la bouche des protagonistes. L’écriture est d’ailleurs l’un des points forts de ce roman.
L’enquête au sujet de la mort de Rafaël suit son cours, et notre principale voie (voix) vers la vérité est notre narratrice mystère. Cette ancienne amante de Rafaël nous livre un portrait assez éloquent de notre victime. Il est vrai que les êtres humains sont étonnamment complexes. Cette dernière ayant été, semble-t-il, l’unique confidente de Rafaël, elle dispose d’un statut presque omniscient, qui permet d’éclairer l’intrigue de précisions fort utiles. Ses interventions dans le récit apportent parfois une petite touche de poésie, comme une bouffée d’air pur dans cet univers plutôt noir.
Point final est un roman qui traite d’un sujet important, l’emprise psychologique, rendu captivant par l’intrigue policière sous-jacente et la beauté de l’écriture. Pour autant Marie Liebart n’émet aucun jugement, mais démontre avec justesse les conséquences des relations toxiques sur la vie d’un individu. Un mélange de roman noir et de psychologie, qui m’a fait passer un excellent moment de lecture.
Service Presse – Je remercie l’autrice pour l’envoi de ce roman.
Date de lecture : 11-13 janv. 2022
Infos et Quatrième de couverture
Point final de Marie Liebart
Edition : MVO Editions – Parution : 09/01/2021 – 264 pages – ISBN : 9782492298097
« Rafaël, divorcé, en situation précaire, est hébergé depuis une dizaine de mois chez un couple d’amis à la campagne. Son cadavre est retrouvé un matin de juillet dans la bergerie du domaine de ses hôtes. Son corps sans vie siège au centre d’une mise en scène macabre, incompréhensible, et d’une grande barbarie. Un huis clos malsain où le présent se mêle au passé, une relation vénéneuse avec la narratrice, une intrigue marécageuse essaimant ses cadavres jusqu’au… Point final. »
Autour de Marie Liebart
Bibliographie :
- CHIMEN CHYEN, MVO éditions, 2020
- J’ai rencontré Céleste, MVO éditions, 2020
- Loin, MVO éditions, 2020
Si Marie Liebart est romancière, elle est également fondatrice, avec Marc Vandamme, de la maison d’édition MVO.
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Très tentant autant pour l’environnement que le langage des personnages ou la présence d’une narratrice mystère !
Un roman noir à découvrir. 😊
Merci Caroline pour l’énergie et l’enthousiasme que l’on ressent dans vos chroniques. Je souhaite un vif succès à votre blog littéraire. Bien amicalement, Marie Liebart
Merci à vous pour tous nos échanges et pour cette interview vraiment intéressante.
Merci pour la découverte, ça pourrait bien me plaire, je prends note 😉
Bonne journée !
Avec plaisir ! 😊