L’étrangleur de Cater Street d’Anne Perry
Policier historique
Charlotte et Thomas Pitt, tome 1
Date de lecture : 29-30 juil. 2025
En discutant avec la mère d’une amie, fin de semaine dernière, j’ai eu envie de découvrir – enfin – le premier tome des enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt d’Anne Perry.
« Les pauvres, évidemment, travaillaient. Les gens de la haute société allaient à des réceptions, se promenaient dans le parc, en calèche ou à cheval. »
À Londres, un mystérieux étrangleur sème la terreur dans le quartier distingué de Cater Street. Riches jeunes filles ou modestes domestiques, aucune femme ne semble à l’abri de croiser sa route et de périr étranglée par un fil d’acier. L’inspecteur Thomas Pitt, de Scotland Yard, est chargé de l’enquête. Et pour la mener à bien, il devra interroger les membres de familles respectables, notamment celle de Charlotte Ellison, que nous allons suivre tout au long du roman.
J’ai tout simplement adoré l’atmosphère de ce livre, en tout point fidèle à ce que j’imaginais. La pluie qui martèle les pavés, l’épais brouillard qui enveloppe les rues à la nuit tombée, la mince lueur des réverbères qui laisse transparaître des ombres inquiétantes. Et puis l’écho des pas dans le silence. Le coeur qui cogne dans la poitrine. La mort qui surprend, le cri coincé au fond de la gorge, alors que non loin, dans l’une de ces grandes maisons, des discussions sans intérêt ont cours dans un salon à l’ambiance guindée. Qu’a prévu la cuisinière ce soir pour le dîner ?
J’ai aimé pénétrer dans les coulisses de cette Angleterre victorienne, observer les différences flagrantes entre les classes et les sexes. Les personnages de Charlotte et Thomas m’ont beaucoup plu parce qu’ils tentent tous deux, chacun à leur manière, de s’émanciper du système. De cette société patriarcale, dirigée par de riches hommes blancs au bénéfice de riches hommes blancs. Charlotte par son impertinence et sa franchise indomptable, souvent inadéquate pour une jeune fille de son rang. Thomas par sa volonté d’établir la vérité, en dépit des règles de bienséance établies. Sa tolérance, sa compréhension de l’âme humaine, il les doit à son passé, à ses origines plus modestes. Il ne cautionne pas les larcins, les délits ou les meurtres, mais il se garde bien de juger, car il sait, il voit, ce que la haute société se refuse à considérer. N’est-il pas plus facile et plus plaisant de se vautrer dans le jeu, la boisson, et les filles de joie que de prêter attention à la misère ?
« Avez-vous vu des enfants abandonnés à six ou sept ans, obligés de mendier ou de voler pour survivre, des enfants qui dorment dans des caniveaux, sous des porches, trempés jusqu’aux os par la pluie, ne possédant que les haillons qu’ils ont sur le corps ? Que croyez-vous qu’il leur arrive ? À votre avis, au bout de combien de temps un gamin de six ans, sous-alimenté, à la rue, meurt de faim ou de froid ? »
Seulement, quand le scandale provient de Cater Street, un quartier bien sous tous rapports, où tous ces braves gens se connaissent, la réalité du monde devient soudain plus palpable. Un étrangleur qui sévit sous leurs fenêtres, et qui s’en prend aussi bien aux bonnes qu’aux jeunes filles bien nées, c’est effroyable ! Y a t’il un lien entre elles ? Le meurtrier les connaissait-elles ? Est-ce l’acte d’un fou ou celui, mûrement réfléchi, d’un tueur en série ? Pire encore, le meurtrier est-il l’un d’entre eux ? Cette dernière question, obsédante, hante les pensées des protagonistes, tel un refrain lancinant qui ne cesse jamais. « C’est la panique, dans Cater Street. Tout le monde a peur de tout le monde. » Au fil de son enquête, l’inspecteur Pitt réveille bien des consciences et découvre bien des secrets, d’importance ou non, ce qui corse un peu l’intrigue.
J’ai souvent des difficultés à noter mes lectures, car je n’ai jamais compris ce qu’on pouvait bien « juger » à travers cette fameuse note. Pour ma part, n’ayant aucun bagage particulier en matière de littérature, ma note se réfère quasi toujours à mon plaisir de lecture et je suis bien consciente que celui-ci est totalement subjectif et ne prend pas en compte certains critères. C’est le cas avec cette lecture. Certains points m’ont interpellée, comme le fait qu’on laisse sortir seule une jeune fille de la maisonnée alors qu’un tueur rôde à deux pas de leur porte. Mais peu importe, cela n’a en rien gâché mon plaisir.
J’ai passé un excellent moment de lecture avec L’étrangleur de Cater Street, et je n’ai qu’une hâte me plonger dans le deuxième tome. Sans trop attendre cela dit, car la série est longue et il me faudra plusieurs mois, voire plusieurs années pour en venir à bout !

Infos & Quatrième de couverture

Charlotte et Thomas Pitt, tome 1 : L’étrangleur de Cater Street d’Anne Perry
Éditeur : 10 x 18 – Parution : 03/11/2022 – 384 pages – ISBN: 9782264081230 – Titre original : The Cater Street Hangman – Traduction : Annie Hamel, Roxane Azimi.
La 1ère enquête des célèbres Charlotte et Thomas Pitt, en plein cœur de l’époque victorienne. Suffragette avant l’heure, la téméraire Charlotte Ellison n’aime ni l’étiquette ni le badinage des jeunes filles bien nées. Dévorant en cachette les faits-divers des journaux, sa curiosité la mêlera à une affaire des plus périlleuses, aux côtés du séduisant inspecteur Pitt de Scotland Yard. Dans le Londres des années 1880, le danger guette et les femmes en sont souvent la proie…
La divine Charlotte dénoue son premier crime et inaugure une longue série d’enquêtes haletantes, dévoilant une Angleterre victorienne pleine de secrets.
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Je suis contente de te retrouver, tu nous manquais. Je ne connais cette série que de nom, mais tu me donnes envie d’y remédier. Dans les séries anglaises j’ai les deux derniers tomes de Frère Cadfaël à lire, mais il y a trop de tentations et je les ai laissés en plan. Bon week end
Le cadre de l’Angleterre victorienne me plaît beaucoup et les personnages semblent intéressants à suivre 🙂
Encore une série 😬 je ne peux plus suivre …
Merci pour le partage Caroline
Pas trop mon genre de lecture, mais la chronique est sympa. Merci à toi pour le partage 🙏 😘