L’été d’avant de Lisa Gardner

Policier

Frankie Elkin, tome 1

Date de lecture : 20-23 janv. 2025

De Lisa Gardner, je connaissais la série des D.D. Warren (merci Ludivine). Ayant entendu dire du bien de cette nouvelle série, mettant en scène une femme ordinaire qui recherche des personnes disparues, j’avais envie de la découvrir. J’ai bien fait, car j’ai trouvé en Frankie un personnage attachant qui a su se faire une place dans ma vie de lectrice !

« Je m’appelle Frankie Elkin et je me suis donné pour mission de retrouver des personnes disparues – en particulier quand elles appartiennent à des minorités. Quand la police a baissé les bras, que les médias ne s’y sont jamais intéressés, que tout le monde a oublié, c’est là que j’interviens. Sans désir d’argent ni de reconnaissance et, le plus souvent, sans aide. »

Frankie Elkin est une femme ordinaire, dont la vie se résume à retrouver bénévolement des personnes disparues, oubliées de tous ou presque. Une tâche qui la conduit à bouger sans cesse, là où sa présence peut faire la différence. C’est ainsi qu’elle en vient à enquêter sur la disparition d’Angelique Badeau, une adolescente de seize ans d’origine haïtienne, qui s’est volatilisée à la sortie de son lycée, il y a onze mois.

Dès le début du roman, l’autrice dresse avec subtilité le portrait de Frankie, en nous plongeant dans l’eau trouble de ses cauchemars. Nous découvrons une femme hantée par ses démons, fragilisée par ses failles mais faisant preuve pourtant d’une incroyable ténacité et d’une grande force de caractère. En à peine quelques lignes, nous comprenons que Frankie n’est ni une héroïne, ni une enquêtrice aguerrie dotée d’une intelligence hors norme, mais plutôt une personne ordinaire, qui ne doit sa survie qu’à la mission qu’elle s’est donnée. C’est justement cet aspect qui lui permet d’avancer là où les enquêteurs ont échoué avant elle. 

« Je ne suis pas de la police.
Je ne suis pas détective privée.
Je n’ai ni compétence ni formation particulière.
Je suis juste moi. Une femme quelconque, blanche, la quarantaine, qui traîne derrière elle plus de regrets que de bagages, plus de souvenirs tristes que de souvenirs heureux. »

Sa sincérité et son sens de la justice la poussent à se tourner vers des affaires concernant des personnes issues de minorités, dont les dossiers sont plus facilement délaissés par les forces de l’ordre. C’est ainsi qu’elle réussit à convaincre la tante d’Angélique Badeau, de la laisser mener ses propres recherches. Et pour commencer, Frankie a une méthode bien à elle, apprendre à connaître la personne disparue. Son empathie lui permet de se fondre dans sa peau, d’épouser ses pensées et d’obtenir ainsi des indices indispensables, à côté desquels des professionnels, aussi consciencieux soient-ils, auraient pu passer.

« Les habitants de Boston vous diront que ça n’a rien d’étonnant. Mattapan est un quartier difficile. Déshérité. Peuplé de gens travailleurs, bien sûr, et riche de son héritage culturel, puisqu’on y trouve la plus importante communauté haïtienne en dehors de la Floride, mais aussi gangrené par les gangs et la criminalité violente. »

J’ai pris plaisir à suivre cette intrigue, qui met en lumière la communauté haïtienne, ainsi que les difficultés auxquelles sont confrontés ces quartiers défavorisés de Boston, la violence notamment. Il en découle une tension manifeste tout au long du roman, d’autant plus que l’histoire est racontée à la première personne et que nous ne faisons qu’un avec Frankie. Pour espérer accomplir sa mission, cette dernière n’hésite pas à mettre sa vie en danger, malgré la peur qui la submerge la plupart du temps. Comme je le disais, c’est un personnage très intéressant, dont nous ne savons pas tout pour l’instant, cela étant, je la trouve très crédible d’un point de vue psychologique.

Je me suis attachée à Frankie, bien plus que je ne l’aurais cru, ainsi qu’aux personnages secondaires, qui apportent un peu de lumière dans sa vie. Je pense notamment à Viv, la cuisinière, et à Stoney, le patron du bar, mais aussi Lotham, le beau policier. Cela permet de rompre le sentiment de solitude que l’on peut ressentir à son contact, et amène un élan solidaire, fédérateur, qui donne du courage. Un excellent choix de la part de l’autrice !

Cette rencontre avec Frankie Elkin est pour moi un succès ! Si j’ai parfois ressenti quelques longueurs, plusieurs jours après la fin de ma lecture, je me rends compte qu’elles ne sont plus qu’un vague souvenir et qu’il ne me reste qu’un sentiment très positif de cette histoire. Je suis ravie de constater que Frankie a su se faufiler dans mon coeur de lectrice, au même titre que d’autres personnages dont je ne me lasse pas de lire les aventures. Par ailleurs, le fait que Frankie mène une vie nomade et sans attaches permet d’envisager chaque fois des intrigues avec un décor différent, de nouvelles perspectives et d’autres rencontres. Ce qui me donne très envie de découvrir la suite, « Dernière soirée ».

Infos & Quatrième de couverture

Frankie Elkin, tome 1 : L’été d’avant de Lisa Gardner
Éditeur : Albin Michel – Parution : 03/01/2024 – 448 pages – ISBN: 9782226465368 – Titre original : Before She Disapeared – Traduction : Cécile Deniard.
Également disponible : 📕 En poche chez Le Livre de Poche, 2025 ; 🎧 En audio chez Audiolib, 2024.

« Je m’appelle Frankie Elkin et je me suis donné pour mission de retrouver des personnes disparues – en particulier quand elles appartiennent à des minorités. Quand la police a baissé les bras, que les médias ne s’y sont pas intéressés, que tout le monde a oublié, c’est là que j’interviens. »

Frankie, la quarantaine, ancienne alcoolique, est un loup solitaire. Lorsqu’elle apprend qu’une adolescente haïtienne a disparu de Mattapan, quartier chaud de Boston, elle se jure de tout mettre en oeuvre pour la retrouver, quitte à risquer sa peau.