Les filles qui mentent de Eva Björg Ægisdóttir
Policier, Polar
Ce livre est le 2nd tome des enquêtes d’Elma.
Ce roman m’a été proposé lors d’une opération masse critique de Babelio, et j’ignorais qu’il s’agissait du second tome d’une série policière islandaise, avant de débuter ma lecture. Toutefois, cela n’a en rien gêné ma compréhension de l’histoire, et j’ai trouvé cette enquête très bien menée et relativement passionnante. J’ai cependant un petit conseil, si vous souhaitez lire cet ouvrage, renseignez-vous le moins possible à son sujet. Il est assez délicat, à mon sens, de chroniquer ce type de romans sans révéler une partie du mystère. C’est pourquoi j’ai tenté de vous parler de mon ressenti, des qualités de l’autrice, mais de rester assez vague sur l’intrigue.
Le cadavre de Maríanna, portée disparue depuis plusieurs mois, est découvert dans le champ de lave de Grábrók. Cette mère célibataire, à la vie pour le moins chaotique, s’est rendue un jour de printemps à un rendez-vous galant et depuis, n’a plus jamais donné signe de vie. A l’époque, la police a d’abord pensé à un départ volontaire ou peut-être même un suicide, au vu des informations à sa disposition. Mais aujourd’hui, la présence et l’état du corps au pied de ce volcan remettent en question ces hypothèses. C’est ainsi qu’Elma et son coéquipier Sævar se voient confier une enquête pour meurtre. Leurs investigations vont alors réveiller bien des souvenirs enfouis et mettre en lumière des secrets glaçants.
« Parfois, je me demande ce que serait ma vie si je n’étais pas tombée enceinte. »
Cette histoire commence dans une maternité, tout juste après la naissance d’un enfant. Nous faisons face au désarroi d’une mère pour qui l’amour ne vient pas. On ressent le trouble, le dégoût pour le nourrisson, et on imagine bien l’importance de ce point et les difficultés qui vont suivre. Alors que la narration alterne moments passés et moments présents, on tente de reconstruire ce fil de vie, de créer un lien avec les personnages. Une empathie qui ne vient pas toujours. J’ai néanmoins ressenti de la compassion pour cette mère, qui apparaît un peu désorientée par ses propres contradictions. Mais la sensation de malaise qui s’installe à certains moments m’a parfois noué le ventre, et cela m’a déstabilisée autant qu’attisé ma curiosité. J’ai entrevu le mal, et à partir de cet instant je n’ai plus lâché ce livre. J’ai enchaîné les chapitres, jusqu’au moment tant attendu du dénouement. « J’étais farceuse, voire perfide, ce n’était un secret pour personne. »
Parallèlement, j’ai beaucoup apprécié découvrir les enquêteurs, Elma notamment, dont le passé semble assez douloureux. J’ai aimé la relation particulière qui la lie à Sævar, parfois ambiguë mais très naturelle. Un duo plutôt cohérent, loin des clichés répandus de ces flics forts (hommes comme femmes) au caractère bien trempé. Leur histoire personnelle amène un répit bienvenu dans cette enquête éprouvante. J’apprécie toujours qu’un auteur s’attarde sur ces protagonistes récurrents qui font l’âme d’une bonne série.
« J’avais beau essayer de cacher le mal en moi, je savais qu’il était là – petit, noir, avec des cornes et une queue. Assis sur mon épaule à me murmurer des ordres et à me piquer avec ses cornes acérées. Sans que je comprenne vraiment pourquoi, il me procurait une certaine satisfaction. »
Dans ce roman, tout est minutieusement construit. Les pistes suivies, les informations distillées ou encore le jeu temporel conduisent à un suspense latent mais omniprésent. L’autrice réussit le tour de force de maintenir le lecteur en haleine, tout en offrant un rythme relativement posé. Mais ici, posé ne veut pas dire terne ou sans rebondissements, car en cela l’intrigue est suffisamment étoffée pour rendre la lecture addictive. Plusieurs fois, j’ai cru avoir échafaudé le bon scenario, la faute à tous ces romans qui n’arrivent plus à me surprendre. Et plusieurs fois j’ai dû reconnaître que l’autrice est assez fine pour bien cacher son jeu. Une toile admirablement tissée, aux entrelacements subtils, qui m’a piégée avec brio. Avec Les filles qui mentent, Eva Björg Ægisdóttir signe un roman aussi original que passionnant. Une chose est sûre, ce polar islandais vous réservera bien des surprises !
Roman lu dans le cadre d’une Masse Critique privilégiée Babelio. Je remercie Babelio et la maison d’édition pour l’envoi de ce roman.
Date de lecture : 4-8 avril 2022
Série Elma
T1. Elma
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Infos et Quatrième de couverture
Les filles qui mentent de Eva Björg Ægisdóttir
Edition : 15/04/2022 – Parution : 15/04/2022 – 416 pages – ISBN : 9782732495811
« Les filles qui mentent ne s’en sortent jamais.
Sauf peut-être en Islande.
Elma, ancienne inspectrice de la brigade criminelle de Reykjavík, pensait mener une vie paisible à Akranes, un petit village au nord de la capitale. Mais en Islande, la beauté des paysages dissimule souvent une réalité bien plus sombre.
Quand le corps d’une femme est retrouvé dans un champ de lave, Elma et son équipe se retrouvent chargés de l’enquête. Cela fait sept mois que cette mère célibataire a disparu, ne laissant qu’un simple mot d’excuses sur la table de la cuisine. Entre cruauté adolescente, préjugés de petite ville et mensonges d’enfants qui portent les péchés de leurs parents, c’est le début d’une longue suite de secrets dissimulés par les brumes du passé qu’Elma se charge de découvrir.
Jamais les contrées froides et changeantes de l’Islande n’avaient abrité de révélations aussi troublantes.
Née à Akranes en 1988, Eva Björg Ægisdóttir vit à Reykjavík avec son mari et ses trois enfants. Elma, son premier roman, publié en France en 2021, est devenu un best-seller en Islande. Il a été récompensé du Blackbird Award, un prix créé par les romanciers Yrsa Sigurðardóttir et Ragnar Jónasson pour révéler de nouveaux talents du suspense islandais. »
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Très jolie chronique 🥰 tu m’as convaincue de prendre le premier !
Merci Katia ! Je pense aussi tenter Elma, car je pense que c’est une série que je vais suivre.
Le thème de la mère qui ne ressent pas l’amour maternelle m’intrigue beaucoup !
Même s’il n’est pas abordé en profondeur, le ressenti de cette mère sonne quand même assez juste je trouve.
D’autant que c’est un sujet dont on parle peu, assez mal vu en général…
Celui-ci est dans ma liste de mes envies ! ta chronique donne vraiment envie également de le découvrir.
Bonne journée !
Merci ! 😊
Tu parles tellement bien de ce livre ! J ‘aime que tu aies insisté sur certains aspects que j’ai négligé et j’aime la subtilité de tes phrases
Merci Hedwige, ça me touche beaucoup. 😊 En tout cas, je pense lire le 1er tome, « Elma ». Je ne l’aurais probablement pas fait si le résumé ne m’avait pas intriguée, car celui-ci se suffit à lui-même. Mais comme il a l’air intéressant aussi, je vais tenter.
Je viens de le terminer, il est vrai que l’on est facilement happé par cette intrigue surprenante!
Je me suis fait mener en bateau ! 😊