Les chats de Shinjuku de Durian Sukegawa
Contemporain
Date de lecture : 1er août 2024
Les chats de Shinjuku nous emmène à Tokyo, à la rencontre de Yama, un jeune scénariste déprimé par sa vie, malmené par son patron, et dont le seul réconfort est d’écumer les bars du coin pour noyer son malheur. Un soir, ses pas le mènent au Kalinka, dans le quartier de Shinjuku. Dans ce petit bar décrépi, les habitués s’adonnent à un jeu étrange, le chafoumi, sous le regard attentif de Yume, la cuisinière. Et s’il avait trouvé là le sujet qui allait changer sa vie ?
« La feuille était recouverte de croquis de chats au crayon à papier, des illustrations à la sauce manga. À chacun correspondait un nom, avec le symbole ♀ ou ♂ pour indiquer le sexe et un chiffre, l’âge sans doute. Quelques mots, écrits tout petit, campaient le personnage. »
Au premier abord, ce roman n’est pas aussi chaleureux que le laisse penser sa couverture. Nous découvrons un narrateur plutôt malheureux, qui ne se sent pas vraiment à sa place. Pointé du doigt dès l’enfance à cause de son daltonisme, Yama a eu bien des difficultés à obtenir un emploi, et, lui qui avait l’ambition d’écrire des scénarios pour le cinéma, a été contraint de revoir ses exigences à la baisse. Désormais rédacteur-freelance, il est violenté par son exécrable patron, Kazuki Nagasawa, et condamné à « rédiger des questions pour des jeux télévisés ». J’ai été scandalisée par les accès de brutalité de son patron, attristée par Yama qui courbe l’échine, et par le monde autour qui n’intervient jamais. Tout le monde, sauf Yume, un jour où elle est témoin d’une de ces scènes insoutenables.
Yume, c’est cette jeune fille discrète, a l’air un peu revêche, qui travaille au Kalinka. Elle a pour passe-temps de dessiner les portraits de ces chats errants qui se présentent à la lucarne du bar. Ces mêmes portraits qui servent aux habitués pour reconnaître les félins lorsqu’ils jouent au chafoumi, un jeu qui consiste à parier sur le prochain chat qui pointera son museau à la fenêtre. Des paris très aléatoires, où personne ne gagne vraiment, à moins d’un heureux hasard. Mais c’est suffisant pour donner une idée de scénario à Yama, qui compte bien échanger sur le sujet avec Yumi et pourquoi pas se rapprocher d’elle.
« Le clair de lune nous baigne tous, mais c’est seulement dans le cœur de chacun d’entre nous que ses rayons pénètrent pour de bon. Yume et moi, nous cherchions les mots qui toucheraient non pas le plus grand nombre, mais une seule personne, celle qui se trouvait à nos côtés. »
Au fil des jours, Yama apprend à connaître les différents clients du bar, toujours les mêmes, et commence à tisser une relation particulière avec Yumi. Peu à peu, la jeune fille nous apparaît sous une lumière différente. J’ai été touchée par le rapport qu’elle entretient avec ces chats et ce qu’ils symbolisent pour elles.
L’écriture et la poésie occupent une belle place dans ce roman. Il y a des passages que j’ai trouvé d’une grande beauté, où ces deux âmes semblent évoluer dans une autre réalité.
Les chats de Shinjuku est une histoire qui m’a touchée, même si je n’ai pas ressenti autant d’émotions que dans Les délices de Tokyo, autre roman de l’auteur, qui m’avait bouleversée. À découvrir si vous aimez les romans un peu contemplatifs et mélancoliques, et peut-être aussi un peu les chats !
Infos & Quatrième de couverture
Les chats de Shinjuku de Durian Sukegawa
Éditeur : Albin Michel – Parution : 29/05/2024 – 240 pages – ISBN: 9782226454119.
Lorsque Yama, scénariste et poète en quête d’inspiration, franchit la porte du Kalinka pour la première fois, il découvre un jeu pour le moins singulier. Dans ce petit bar de Shinjuku, un arrondissement de Tokyo, les clients, tous plus excentriques les uns que les autres, passent leur temps à parier sur des félins… Il s’agit de deviner lequel des chats errants du quartier se présentera le premier à la fenêtre de l’établissement.Séduit par ce jeu, Yama l’est aussi par la timide serveuse du bar, Yume. Entre les deux jeunes gens se noue une relation belle et forte, à laquelle la tribu des chats que Yama nourrit et dessine, et les poèmes que leur dédient les amoureux donnent un sens particulier. Mais déjà, une ombre plane sur leur idylle naissante…
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Pas forcément sensible à ce genre d’ouvrage et encore moins à la culture japonaise, mais là j’avoue tu m’intrigue. 😉
Je lisais pas mal de littérature japonaise à un moment donné, mais aujourd’hui beaucoup moins. Mais certains de leurs auteurs me plaisent, comme Higashino, dont j’aime bien les polars.
C’est vrai qu’avec cette couverture on ne s’attend pas forcément à rencontrer un personnage aussi malheureux. Ce pauvre Yama, ça doit faire mal au cœur de suivre ses déboires. Je passe mon tour malgré tout, je doute que cette ambiance me conviennent. Merci quand même pour la découverte Caroline 🙂
Oui, il fait quand même un peu de peine. Quand on voit aussi les remarques qu’il a reçues depuis l’enfance parce qu’il est daltonien, j’ai été très surprise. Il n’arrivait même pas à trouver du travail, c’était carrément marque « Interdit aux daltoniens »… Je ne sais pas si c’est vrai, mais je pense que ça a dû l’être à une époque donnée. Après, c’est quand même un livre plein de poésie.
Il est dans ma pal et ta manière d’en parler donne envie de le découvrir et de rencontrer ses personnages humains et félins 🙂
Sans vouloir trop m’avancer, je pense qu’il pourrait beaucoup te plaire Audrey.
Aimant beaucoup les chats, je le note. J’ai parfois de la peine avec le rythme très lent de certains romans japonais, mais l’aspect félin de ce roman me tente. Bonne semaine
C’est vrai que le rythme est un peu contemplatif, c’est ce que j’aime justement dans les romans japonais de ce genre. Mais si tu aimes les chats, tu vas être servie !😊