Le sang des innocents de S.A. Cosby
Polar
Date de lecture : 25-27 mars 2025
Lecture audio→ Roman lu par Jean-Paul Pitolin – Roman lu dans le cadre du Prix Audiolib 2025.
« Violence et chaos, sang et larmes, amour et haine… Autant de pierres sur lesquelles s’était bâti le Sud, autant de fondations sur lesquelles se dressait désormais le comté de Charon. »
Le sang des innocents nous emmène dans le Sud des États-Unis, et plus spécialement en Virginie, où Titus Crown, premier shérif noir du comté de Charon, tente tant bien que mal de défendre la justice dans une petite communauté encore profondément enracinée dans son passé ségrégationniste. Mais une fusillade qui dégénère dans un lycée va venir exacerber les tensions raciales, et révéler une affaire particulièrement sordide, dont personne ne sortira indemne.
Impossible d’aborder ce roman policier uniquement sous le prisme de l’intrigue, puisque la partie sociale et tout le décor autour lui sont intimement liés. En ce sens, le prologue concernant Charon décrit admirablement le contexte historique et actuel, ainsi que l’ambiance générale de cette histoire. Je l’ai trouvé très enrichissant et percutant, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il donne le ton. En quelques lignes, tout est dit !
L’attrait de ce roman réside principalement dans le personnage de Titus, que l’auteur a su dépeindre avec brio. Au sein de cette communauté divisée, cet ancien agent du FBI fait figure de moralité et de justice. Une position qui ne plaît guère aux habitants, qui lui reprochent de ne pas faire partie d’un camp. Trop noir pour les uns, trop flic pour les autres. J’ai immédiatement ressenti beaucoup de sympathie pour cet homme tiraillé, en qui j’ai eu une confiance instantanée. J’ai aimé sa grande force de caractère, qui l’encourage à respecter ses convictions et à garder son calme en toute circonstance, alors que beaucoup essaient de le pousser dans ses retranchements.
Pourtant, malgré l’investissement de son shérif, le fragile équilibre de cette communauté ne tient qu’à un fil, fil qui va se rompre lorsqu’une fusillade impliquant un jeune homme noir a lieu au lycée. Latrell, c’est son nom, vient de tirer sur Jeff Spearman, un professeur blanc apprécié de tous les élèves, avant d’être lui-même abattu par deux adjoints de Titus. Une scène d’une grande violence, qui va plonger la ville dans les ténèbres et le chaos, d’autant qu’avant de mourir, Latrell a lâché des révélations terrifiantes au sujet d’un certain « Ange de la Mort ».
« Les monstres sont parfois capables de faire des choses bien. C’est juste qu’ils préfèrent faire des choses monstrueuses. »
L’auteur nous plonge sans détour dans cette enquête, et ne va rien nous épargner des détails, de la réalité crue, et de l’horreur des crimes mis au jour. Au fil des pages, l’étau se resserre autour du tueur masqué et la tension enfle dans la ville, attisée par la peur et l’hostilité, jusqu’au cataclysme. J’ai beaucoup aimé la toute dernière scène du livre, qui vient symboliquement briser les inégalités et la haine.
J’ai particulièrement apprécié l’ambiance de ce roman, sa moiteur, son atmosphère viciée, et ses fantômes pesants. Un polar sombre, même si, malgré tout, certains personnages secondaires apportent un peu de lumière et d’espoir. Je pense notamment au père de Titus, que j’ai beaucoup apprécié.
Le sang des innocents est un polar noir sous tension, qui m’a surtout séduite grâce à son atmosphère et à son personnage principal. Un roman doté d’une forte dimension sociale, qui n’hésite pas à mettre en lumière des problématiques encore très actuelles dans le Sud des États-Unis, telles que le racisme. S.A. Cosby est un auteur que je suis ravie d’avoir découvert avec ce titre et nul doute que je suivrai de près ses prochaines parutions.
Mon avis sur la version audio :
C’est un roman que j’ai eu le loisir de lire dans sa version Audiolib. C’est la première fois que j’écoutais un livre audio lu par Jean-Paul Pitolin et je dois dire que son interprétation m’a tout de suite emportée dans l’histoire, avec cette impression d’être moi-même au coeur des conflits qui gangrènent le comté de Charon. Le personnage de Titus m’a semblé très réaliste, et on saisit bien les grands traits de sa personnalité, ainsi que les tiraillements qui l’habitent. Je le dis souvent, mais c’est essentiel pour moi “d’entendre” les émotions des personnages, parce que c’est ce qui donne véritablement vie à une écoute. Et ici, le talent de l’auteur associé à celui du narrateur ont réussi à rendre cette dernière très visuelle et immersive.
Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux que d’écouter un extrait pour se faire un avis.
Infos & Quatrième de couverture

Le sang des innocents de S.A. Cosby
Éditeur : Audiolib – Parution : 12/02/2025 – 11h31min – ISBN: 9791035416829 – Titre original : All the Sinners Bleed – Traduction : Pierre Szczeciner.
Également disponible : 📕 En grand format chez Sonatine, 2024 ; 📕 En poche chez Pocket, 2025.
Le Sud n’a pas changé. Ce constat, Titus Crown y est confronté au quotidien. Ancien agent du FBI, il est le premier shérif noir à avoir été élu à Charon, la terre de son enfance. Si son élection a fait la fierté de son père, elle a surtout provoqué la colère des Blancs, qui ne supportent pas de le voir endosser l’uniforme, et la défiance des Noirs, qui le croient à la solde de l’oppresseur. Bravant les critiques, Titus tente de faire régner la loi dans un comté rural frappé par la crise des opioïdes et les tensions raciales. Jusqu’au jour où Latrell, un jeune Noir, tire sur M. Spearman, le prof préféré du lycée, avant de se faire abattre par la police. Fanatisme terroriste, crient les uns. Énième bavure policière, ripostent les autres. À mesure que les dissensions s’exacerbent, Titus se retrouve lancé dans une course contre la montre pour découvrir la vérité.
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J’aime énormément cet auteur : sa vision de l’Amerique est très intéressante
Cette vision c’est justement ce qui m’a séduite, et c’est pour ça qu’il faut que je me penche aussi sur ses autres romans. J’ai une nette préférence pour les polars de ce genre. Je crois que j’ai de plus en plus de mal avec les simples policiers, qui se centrent sur une enquête et dont tu oublies tous les détails après. Au moins là, il y a de la matière, du vivant et c’est ça qui m’a plu.
Je l’ai noté pour sa dimension sociale même si ton avis me donne peut-être encore plus envie de découvrir le personnage.
Un personnage qui m’a effectivement beaucoup plu. La dimension sociale rend ce polar plus impactant que certains autres romans policiers, où j’oublie l’intrigue sitôt après les avoir refermés.
Je connais ce titre, mais je n’ai jamais été tenté. Un jour peut-être…
Je comprends, et puis, il y a tellement de livres à découvrir, autant se diriger vers ceux qui nous tentent le plus.
Je l’ai lu et j’ai adoré 🤩 je suis d’accord avec ton joli retour. C’est un auteur à suivre ! 🙂
Il a séduit beaucoup amateurices de polars, et je comprends pourquoi. J’ai adoré la dimension sociale et l’atmopshère.
Je me suis dit la même chose que toi en refermant ce livre : un auteur à suivre !! Nul doute que sa version audio soit une réussite.
Oui, j’ai beaucoup aimé, et je pense que je lirai La colère également en version audio.
Un roman qui me tente beaucoup, tout comme La colère, mais que je n’ai pas encore eu le loisir de découvrir.
Merci pour ta belle lecture, Caroline.
J’aimerais aussi lire La colère, livre avec lequel je souhaitais découvrir l’auteur à la base. Finalement, je suis contente de l’avoir fait avec Le sang des innocents. J’ai beaucoup apprécié le style de S.A. Cosby.
Cet auteur m’intrigue de plus en plus, notamment avec ce titre !
Si tu aimes les polars, tu devrais apprécier cet auteur. C’est le premier que je lis, mais je ce ne sera pas le dernier. J’aime beaucoup le côté polar noir du Sang des innocents.
Je note ! 🙂
Toujours pas lu cet auteur …
Merci Caroline pour cette chronique et l’extrait 😉
Une belle découverte, je pense d’ailleurs que je lirai La colère, qui est dans ma liste d’envies depuis sa sortie, il y a au moins deux ans.
Je n’ai pas trop été tentée par ce titre, parce que j’avais trouvé La colère, de ce même auteur un peu trop manichéen. Mais la dimension sociale de celui ci pourrait me plaire.
Je n’ai pas lu La colère, mais j’ai j’imaginais que la dimension sociale était présente dans ses autres romans. En attendant, j’aime beaucoup l’atmosphère de celui-ci.