Le mur invisible de Marlen Haushofer

Dystopie, Fantastique, Nature 

Date de lecture : 22 avril 2025

Dans ce roman, nous allons découvrir la vie d’une femme isolée au coeur des montagnes autrichiennes, suite à l’étrange apparition d’un mur au beau milieu du paysage. Tous les êtres vivants, humains ou animaux, qui se trouvent derrière ce mur semblent s’être figés dans leur dernière posture pour l’éternité. Passées la stupéfaction et la peur, la narratrice, dont nous ignorons le nom, est contrainte de s’adapter pour survivre, mais surtout (ré)apprendre à vivre. 

Une vie où le temps ne s’écoule plus de la même manière, d’ailleurs les montres ont cessé de fonctionner, où les priorités et les valeurs ne sont plus les mêmes. Une vie où la fatigue que l’on ressent est celle du labeur, et non celle de la lassitude éprouvée par une vie stressante. Une vie où le calme environnant pousse à l’introspection, sans que cela ne soit oppressant. Au fil des pages, c’est comme si le corps et l’esprit tentaient de se reconnecter l’un à l’autre, jusqu’à l’harmonie. Avec elle, on s’interroge sur le sens de la vie, de notre vie.

Ce récit, la narratrice l’écrit avec beaucoup de recul sur un journal intime, plusieurs mois après les faits, ce qui explique pourquoi, alors que nous sommes dans l’émotion du moment, elle nous paraît parfois si distante.

Au départ, ignorant tout de ce livre, j’avais envie de savoir ce qu’était ce mur invisible, s’il existait d’autres survivants. Mais très vite, j’ai compris que ce n’était pas le sujet. J’ai été étonnée de la faculté de la narratrice à s’accoutumer à cette nouvelle existence, comme si cette situation était en fait pour elle libératrice, une sorte de salut providentiel. 

La narratrice est une femme d’une grande force. Pas comme ces nouvelles héroïnes ultra performantes qui pullulent aujourd’hui dans les œuvres littéraires et cinématographiques. Mais plutôt une femme vraie, dotée d’une grande force intérieure, une femme consciente de ses capacités et de ses failles, résolue à avancer et à dompter sa peur. Elle est à l’écoute de la vie autour d’elle, en communion, pour autant, Rome ne s’est pas faite en un jour et elle apprendra de ses expériences, sans lamentations.

Que j’ai aimé ce roman ! C’était un moment de lecture hors du temps, une sorte de parenthèse où rien d’autre n’existait plus que cette histoire racontée par cette narratrice anonyme. Je l’ai suivie pendant des jours et des mois de presque solitude au coeur de la nature, et je me suis dit que, malgré l’étrangeté de la situation, je ferais bien une petite retraite dans ce chalet isolé, aux côtés du chien, de la vache et de la chatte.

Le mur invisible est un roman qui a beaucoup résonné en moi, parce qu’il fait écho aux pensées qui m’habitent, à mes propres questionnements sur le monde et sur la futilité de notre mode de vie. Il fait écho à mon envie de plus en plus présente de prendre le temps, de vivre, de regarder, de sentir.

Une œuvre finalement très intemporelle et étrangement envoûtante, qui questionne sur notre société, notre rapport à la nature et le sens de la vie.

Infos & Quatrième de couverture

Le mur invisible de Marlen Haushofer
Éditeur : Actes Sud – Parution : 24/04/1992 – 352 pages – ISBN: 9782868698322 – Titre original : Die wand (1968) – Traduction : Liselotte Bodo et Jacqueline Chambon.
Également disponible : 🎧 En audio chez Actes Sud, 2019.

Voici le roman le plus célèbre et le plus émouvant de Marlen Haushofer, journal de bord d’une femme ordinaire, confrontée à une expérience – limite. Après une catastrophe planétaire, l’héroïne se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers, prend en main son destin dans un combat quotidien contre la forêt, les intempéries et la maladie. Et ce qui aurait pu être un simple exercice de style sur un thème à la mode prend dès lors la dimension d’une aventure bouleversante où le labeur, la solitude et la peur constituent les conditions de l’expérience humaine.