L’ange des neiges de Anki Edvinsson
Policier, Polar
Date de lecture : 6-10 janv. 2025
La relative tranquillité d’Umeå, petite ville du nord de la Suède, est menacée lorsqu’une série d’évènements témoignent de la montée en flèche de la criminalité. Tout commence avec le suicide d’Anton, un adolescent souffrant d’anxiété profonde et de troubles obsessionnels compulsifs. Autour de son cadavre, éparpillés sur la glace, des comprimés de tramadol, un antidouleur connu pour son effet d’accoutumance.
L’intérêt d’une série policière réside, pour moi, avant tout dans ses protagonistes. Ici, nous suivons principalement Charlotte Von Klint et son supérieur Per Berg. Charlotte est un personnage qui surprend quand on est habitué à certains archétypes des romans policiers. Son ascendance aristocratique, sa beauté et son accent guindé la démarquent volontiers de ses confrères et consoeurs, pourtant, on la sent animée de la même passion dès lors qu’une nouvelle enquête pointe le bout de son nez. Elle a récemment quitté la ville de Stockholm pour rejoindre Umeå et sa brigade criminelle, censée être moins animée qu’à la capitale. Quant à Per, il m’a paru plutôt discret, un homme ordinaire, confronté à quelques problèmes de santé. Il a un côté un peu plus attachant qui m’a plu. Tous deux forment une équipe aussi hétéroclite qu’efficace. Ils se complètent bien et c’est amusant, car parfois, on a davantage l’impression que Charlotte est la cheffe de Per plutôt que l’inverse.
Malheureusement pour nos deux équipiers, la mort tragique du jeune Anton n’est que le début d’une affaire aux rouages complexes. En effet, peu de temps après, une pharmacienne est retrouvée assassinée dans sa baignoire, et une jeune fille disparaît lors d’une soirée. Trois évènements en apparence distincts, qui ne tarderont pas à montrer des points communs, un en particulier, la drogue.
« Les garçons décidaient de façon unilatérale qui étaient les filles bien et les autres. Si on refusait l’alcool, les drogues ou le sexe, on passait pour coincée. Mais si on buvait trop ou si l’on se droguait au point de perdre le contrôle, on était mal vue. Si on couchait avec le mauvais mec, on était cuite. En plus, on devait être mince, canon, et surtout pas grande gueule, sinon on se faisait traiter de gros tas, d’emmerdeuse, de bitch. Et une fois cette réputation établie, qu’elle corresponde ou non à la réalité, impossible de s’en défaire. »
À travers cette histoire, l’autrice met l’accent sur des problèmes de société, notamment ceux auxquels les jeunes sont de plus en plus souvent confrontés ; drogue, alcool, troubles alimentaires. Des jeunes en souffrance, qui seraient prêts à tout pour se sentir intégrés, trouver leur place, dans un milieu où la différence est méprisée. Tu seras dans le moule où tu ne seras pas… J’ai été touchée par Linn et Frida, chacune abîmée à sa manière, toutes deux liées par les mêmes obsessions. Les passages les concernant sont ceux qui m’ont le plus intéressée.
« Sa mère avait besoin de photos pour Insta et elle en avait pris toute une série avant d’obtenir l’image parfaite de sa fille dans une salle de gym saturée d’hormones et de sueur. Puis elle lui avait dit qu’elle devait perdre au moins cinq kilos car là, elle allait être obligée de la photoshoper pour enlever tout ce qui était en trop. Mais il n’y avait pas eu que du mauvais dans ce cours. Linn avait appris l’autodéfense, perdu deux kilos et amélioré le résultat en se faisant vomir – tout en faisant la connaissance d’Ania. »
Leurs parents ne sont pas en reste. Camilla, la mère de Linn, vend du rêve sur les réseaux sociaux, via son compte “camillahappymom”, alors que sa relation avec sa fille est loin d’être aussi idyllique qu’elle voudrait le faire croire. Viggo, le père de Frida, a mis toute sa famille en danger à cause de son addiction au jeu.
Des existences comme autant de pièces d’un puzzle délicat que la police doit reconstituer très vite, avant que cette dernière disparition ne devienne une mort de plus. Le froid glacial, les chutes de neige et les journées courtes viennent renforcer la sensation d’urgence qui nous gagne au fil des pages. Comme pour éviter l’engourdissement, nos enquêteurs doivent rester sur le pied de guerre, réfléchir vite, prendre des risques.
Avec « L’ange des neiges », Anki Edvinsson nous offre une enquête passionnante, fine et bien rythmée. L’ambiance hivernale et le duo d’enquêteurs attachant m’ont séduite, aussi, je découvrirai avec plaisir la suite de la série.
Je remercie NetGalley et la maison d’édition pour l’envoi de ce roman.
Infos & Quatrième de couverture
L’ange des neiges de Anki Edvinsson
Éditeur : Black Lab – Parution : 05/02/2025 – 320 pages – ISBN : 9782501187695 – Titre original : Snöängeln – Traduction : Anna Gibson.
Lorsque Charlotte von Klint fuit Stockholm avec sa fille pour s’installer à Umeå et rejoindre la brigade criminelle sous le commandement de Per Berg, elle s’attend à y trouver calme et sérénité.
Mais, alors que l’hiver n’en finit pas et que la neige ensevelit Umeå, les événements tragiques s’enchaînent.
Un adolescent se suicide. Une femme est retrouvée morte chez elle, assassinée. Et une jeune fille disparaît sans laisser de trace.
Sans que la police comprenne pourquoi, le mystérieux trafic de drogue qui sévit depuis peu à Umeå semble être le dénominateur commun de ces trois affaires.
Charlotte et Per s’engagent alors dans une course contre la montre pour retrouver l’adolescente disparue avant qu’il soit trop tard.
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J’aime beaucoup les polars nordiques pour leur rythme tranquille et leurs personnages complexes, je vais me laisser tenter. Bonne semaine
La couverture choc me donnerait plutôt envie de fuir mais ton avis me laisse penser que ce roman nordique pourrait me plaire.
Je le vois pas mal passer celui-ci. Je ne suis pas une grande fan des polars nordiques mais je ne note et je tenterai un extrait.
Je comprends. Pour ma part, j’adore l’ambiance des ces polars, même si là, le rythme est plutôt équilibré, comparé à d’autres polars nordiques.
Ce roman me tentait énormément, et ton avis vient confirmer mon envie de le découvrir. Merci pour cette chronique très tentante, Caroline. 🤩
À l’origine, j’ai été attirée par le titre et la couverture, l’ambiance hivernale qui s’en dégage. J’ai toujours aimé les polars nordiques, et celui-ci est chouette.