En quelques lignes – Le p’tit avis du mercredi
La cloche de détresse de Sylvia Plath
Autobiographie
Date de lecture : 12-14 août 2024
Lecture audio → Roman lu par Constance Dollé
« Pour celui qui se trouve sous la cloche de verre, vidé et figé comme un bébé mort, le monde lui-même n’est qu’un mauvais rêve. »
La cloche de détresse raconte l’histoire d’Esther, une jeune fille de dix-neuf ans, dans l’Amérique des années 1950. C’est une étudiante extrêmement brillante, passionnée d’écriture, poétesse aussi. Nous la découvrons dans l’effervescence de son jeune âge, sa vie à New-York, partagée entre son job d’été dans un grand magazine et les soirées avec ses amies.
Mais, lorsqu’elle revient chez sa mère, dans la ville de son enfance, on sent poindre la rupture. Alors que l’ennui la gagne, elle s’interroge, sur les hommes, sur sa vie, sur les choix qui s’offrent à elle. Elle évolue dans une époque où l’écriture est un milieu essentiellement masculin. Sera-t-elle condamnée à devenir épouse puis mère, tout juste bonne à être sténo parce qu’elle est une femme ?
Au fil des pages, le ton change, les angoisses naissent au creux de son ventre. Elle a conscience de sombrer dans une certaine folie mais ne peut rien y faire. Prisonnière de sa cloche de verre, elle pose un regard tristement cynique sur le monde dans lequel elle vit.
« Le problème était que cela faisait longtemps que je ne servais à rien, et le pire, que ce n’était que maintenant que je m’en rendais compte. »
J’ai été saisie par la dépression qui finit par la submerger, si puissante, si paralysante, qu’elle ne peut plus ni se lever, ni se laver, ni même s’habiller. Elle n’a plus l’envie de rien, sa vie comme en suspens au-dessus d’un gouffre abyssal. L’obscurité envahit peu à peu son esprit jusqu’à la faire suffoquer. J’ai été énormément touchée par sa désespérance, où la mort lui semble la seule issue possible. Le retour à la vie, ou plutôt à la société, ne sera possible que par le passage en hôpital psychiatrique.
La cloche de détresse est un roman d’une grande intensité. J’ai été bouleversée par la puissance des mots, par la justesse des ressentis, par l’écriture superbe de Sylvia Plath. Sylvia Plath a mis fin à ses jours un mois après la parution de ce livre.
Mon avis sur la version audio :
La version audio Gallimard, lue par Constance Dollé est saisissante de justesse. J’ai été complètement conquise par l’interprétation de la narratrice, qui épouse corps et âme le personnage d’Esther. Remarquable !
Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux que d’écouter un extrait pour se faire un avis.
Infos & Quatrième de couverture
La cloche de détresse de Sylvia Plath
Éditeur : Gallimard – Parution : 07/03/2024 – 8h24min – ISBN: 9782073057228 – Lu par Constance Dollé.
Titre original : The Bell in the Jar – Première parution en 1972Trad. de l’anglais (États-Unis) par Michel Persitz et révisé par Caroline Bouet
📕En grand format chez Denoël, 2023
« Je me rendais bien compte que, cet été, quelque chose en moi ne tournait pas rond. »
Lauréate d’un concours de poésie, Esther Greenwood découvre New York l’été de ses dix-neuf ans. Étourdie par les cocktails, la mode, les flirts et les amitiés fugaces, elle découvre la vie mondaine. Censée s’amuser comme jamais, elle s’ennuie et se trouve progressivement assaillie par des pensées morbides. De retour chez elle, tiraillée entre ses aspirations littéraires et son avenir tout tracé de femme au foyer, elle sombre dans une brutale dépression et se fait interner.
Constance Dollé s’empare avec une grande justesse de ce roman incontournable, célébré pour son humour noir et son regard acéré sur la société patriarcale.
Pour en apprendre plus sur Sylvia Plath
Si la vie et l’oeuvre de Sylvia Plath vous intéressent, je vous invite à découvrir l’émission de France Culture, Sylvia Plath (1932-1963), la vie comme un mauvais rêve.
En savoir plus sur Le murmure des âmes livres
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
ah un lecteur nous en a parlé au Kawa, comme toi il en a dit du bien !
C’est un roman très fort, portée par une écriture superbe. Une lecture que je n’oublierai pas !
Moi je connais plus ses poèmes. 😀
Ce roman a l’air de bien porter son titre et de ne pouvoir que toucher les lecteurs.
Oui, c’est sûr que c’est émouvant, mais je pense que ça l’est d’autant plus lorsqu’on sait tout ce que ce roman a d’autobiographique. En tout cas, elle a une plume suberbe.
J’ai entendu parler de ce livre, s’il est disponible avec mon application Bookbeat, je l’écouterai avec plaisir, même si c’est une bien triste histoire. Bonne soirée.
Je ne regrette pas de l’avoir écouté, la narratrice est super. Mais je ne l’ai pas vu de dispo sur BookBeat.
J’ai lu ce livre et il suscite le malaise tant on y ressent la souffrance de Sylvia Plath. Il est culte si je puis dire. C’est à découvrir assurément. L’un des meilleurs livres sur le mal-être. Merci Caroline pour ce retour ! 🙂
C’est vrai qu’il y a tellement de justesse dans ce livre, qu’on a le coeur serré pour elle.
On me l’a conseillé, parce que je ne savais pas forcément avec quel écrit découvrir l’autrice, et ton avis confirme que ça pourrait être intéressant (et intense) de me plonger dans celui-ci.
Oui, même s’il est court, je l’ai trouvé très intéressant et captivant. Il y a en quelque sorte deux parties.
J’ai beaucoup aimé cette lecture, en effet bouleversante.
Si l’histoire m’a beaucoup touchée, ça été renforcée quand j’ai été me renseigner sur l’autrice.
Cette histoire a l’air vraiment triste, et c’est encore plus triste de savoir que l’auteure a mis fin à ses jours peu de temps après la publication. Je passe mon tour pour ce livre, j’en ai déjà le cœur serré. 🥺
Oui, même si, contrairement aux apparences, Sylvia Path ne sombre pas du tout dans le pathos. J’ai aimé son cynisme et la force de son écriture, qui m’a bluffée.
C’est intéressant à savoir, vu la situation. Merci pour l’info Caroline 🙂