Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher
Historique
Date de lecture : 13-16 janv. 2025
C’est un roman que j’ai lu en lecture commune avec Audrey et Ludivine. Je suis ravie d’avoir enfin sorti ce livre de ma pile à lire, depuis le temps qu’il s’y trouvait.
« Voir la beauté vraie de la nature peut chasser la solitude, car les soleils couchants et les lumières d’hiver vous font dire en vous je ne suis pas seul, vous le sentez devant tant de splendeur. »
Dans l’Écosse du XVIIe siècle, Corrag, une jeune femme accusée d’être une sorcière, est enchaînée dans une cellule de la prison de Glencœ, en attendant sa mort prochaine. Du fond de ce sombre cachot, elle reçoit la visite du révérend Charles Leslie, un Irlandais « venu prêcher la bonne parole du Seigneur dans les contrées du Nord sans foi ni loi ». C’est alors qu’elle entreprend de lui faire le récit de sa courte existence.
Après des débuts plutôt laborieux, où je trouvais l’histoire et le ton monotones, je me suis enfin laissé prendre par ma lecture. En effet, il faut savoir qu’il n’y a quasiment aucun dialogue, ce qui est assez déstabilisant au premier abord et ne rend pas le récit des plus vivants. Mais, une fois que Corrag trouve sa place à Carnoch, sur les terres des MacDonald, l’histoire devient passionnante et je n’ai plus lâché mon livre.
Ainsi, on alterne entre le récit de Corrag, avec ses longs monologues dans lesquels elle raconte les détails de sa vie à Charles, et les lettres que ce dernier écrit à son épouse Jane, où il fait part de ses sentiments sur la « sorcière » et sur l’histoire qu’elle a vécue.
Les pensées de Corrag dans sa prison sont parfois bouleversantes. Cette jeune femme si bienveillante et généreuse, qui se retrouve là, sans raisons valables, et qui s’interroge sur l’après. « Par exemple, qui se souviendra de moi ? Qui se rappellera mon vrai nom, mon nom entier ? Car sorcière est ce qu’ils crieront pendant que je mourrai. Sorcière, pendant que la lumière des flammes emplira le ciel. » On ne peut être qu’émue par cette jeune femme, par la petitesse de son corps, sa voix fluette et ses bavardages, qui lui donnent un côté enfantin. Pourtant, elle est bien plus forte que son apparence le laisse suggérer, et possède une résolution et une force de caractère admirables.
J’ai beaucoup aimé ce personnage, sa vision de la vie, la façon dont elle s’émerveille de la nature, son coeur honnête et sincère. Une femme libre. Libre de ses opinions, libre de ses pratiques, sans dieu ni maître. « Alors j’ai dit que je n’avais pas de drapeau, que personne ne me gouvernait. J’ai dit je n’ai pas de roi. »
« Ce soir, elle est devenue agitée et il m’a semblé qu’elle pleurait, dans l’obscurité. Ce n’était pas sa mort qui la tourmentait (certes, cette angoisse la saisit par moments), non, c’était plutôt sa vie, je pense. Peut-être voit-elle le bien qui existe dans le monde, la lumière là où sont les ténèbres, car qui d’autre pourrait se remémorer qu’un soldat tenta de la souiller (tu comprendras le sens de ces mots il s’agit de la pire souillure qu’un homme puisse infliger à une femme) et décrire ensuite un lent coucher de soleil ? Elle voit les beautés que nous négligeons le plus souvent. Mais ce soir elle avait le cœur lourd. Je pense que parfois, elle exhume tout ce qu’elle a perdu et le contemple, dans le noir. »
Il y a, dans ce roman, des passages infiniment beaux et émouvants, que j’ai trouvé très poétiques. Un livre qui a comblé un peu mon manque de connaissance sur l’histoire de l’Angleterre et de l’Écosse au XVIIe siècle, et les guerres de religion et de pouvoir qui l’ont durablement marqué. La postface, bien que brève, est elle aussi très intéressante.
« Un bûcher sous la neige » est un roman touchant, certes sombre et mélancolique, mais enveloppé d’un amour et d’une lumière qui réchauffent le cœur. Un roman à découvrir, si le côté « monologue » ne vous impressionne guère, et pourquoi pas en mars, un mois idéal pour célébrer les femmes.
Infos & Quatrième de couverture
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Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher
Éditeur : J’ai lu – Parution : 09/03/2022 – 458 pages – ISBN: 9782290367315 – Titre original : Corrag – Traduction : Suzanne V. Mayoux.
Également disponible : 📕 En grand format chez Plon, 2010.
Quand ils viendront me chercher, je penserai à l’extrémité de la corniche du nord, car c’est là que j’ai été la plus heureuse, avec le ciel et le vent, et les collines toutes sombres de mousse […]. Au coeur de l’Écosse du XVIIᵉ siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d’une prison putride, le révérend Charles Leslie, venu d’Irlande, l’interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Depuis sa geôle, la voix de Corrag s’élève au-dessus des légendes de sorcières et raconte les Highlands enneigés, les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse. Jour après jour, la créature maudite s’efface. Et du coin de sa cellule émane une lumière, une grâce, qui vient semer le trouble dans l’esprit de Charles.
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Comme tu le sais, je n’ai pas apprécier ce roman mais j’ai aimé le lire en ta compagnie et celle de Ludivine. Et merci pour ton avis qui me permet d’avoir une vision plus touchante du roman.
Je comprends Audrey ! Je disais justement en commentaire à Frédéric que je le relirais sans doute un jour et que ça serait chouette qu’un éditeur audio prenne en main ce livre. Une version audio serait plus immersive et vivante, je pense.
Je l’ai lu et j’ai beaucoup aimé. L’autrice a un vrai talent d’écriture. 🙂
Je suis d’accord Frédéric. Par contre, je trouve que c’est typiquement le genre de livre où il faut lire l’extrait disponible avant de se lancer, au risque d’être surpris par le procédé narratif. En attendant, je suis ravie de l’avoir lu, et en écrivant ma chronique, je me faisais la réflexion que je le relirais sans doute un joue et aussi qu’il mériterait bien d’avoir une version audio, qui permettrait peut-être de rendre l’histoire plus vivante.
C’est vrai qu’une version audio pourrait insuffler un petit quelque chose en plus. 🙂
Ce livre est toujours dans ma wishlist et pourtant il a l’air passionnant.
C’est une histoire très touchante, un peu mélancolique, et si elle ne souffrait pas parfois d’un petit manque de rythme, elle aurait été un beau coup de coeur.
Ton émotion et ton appréciation de ce roman me touchent beaucoup , Caroline, cependant je ne suis pas tentée par ce quasi monologue.
C’est sûr qu’il faut apprécier ce procédé narratif, sinon, la lecture s’engage sous de mauvais auspices. C’est pourquoi je comprends qu’on puisse ne pas apprécier ce livre. Cela étant, je l’ai trouvé très beau par d’autres aspects et le personnage de Corrag est très touchant.
Je vois que tu as réussi à terminer ce roman 😉. Le titre et le résumé m’avaient donné envie de le découvrir … mais malgré ton beau retour, je ne suis pas certaine de me lancer dans sa lecture. Son effet sur Ludivine et Audrey me freine 😂 !
Oui, et je les comprends. L’alternance entre monologues et lettres, sans dialogues, a parfois un effet monotone. Pourtant, une fois que Corrag arrive en Écosse, tu oublies complètement tout ça tellement t’es prise par l’histoire. Enfin, ça a été mon cas. Mais c’est vrai qu’il faut d’abord passer par beaucoup de pages qui manquent un peu de rythme.
Tu me fais regretter d’avoir mis de côté ce titre , après quelques temps passés sur mon étagère des livres en attente…. Belle chronique !
C’est un roman à découvrir, par contre, il faut apprécier le côté « monologue », sans dialogues. Sans cela, je pense que ce roman aurait été un coup de coeur. En tout cas, je suis ravie de l’avoir enfin sorti de ma PAL après tout ce temps.
Oh j’ai écrit un petit article aussi, il faudrait que je le poste un de ces jours 🤭 C’est bien que tu aies autant apprécié cette lecture malgré ce début fastidieux. Bravo pour cette jolie chronique et merci à toi de nous avoir rejoint pour cette lecture, j’espère que tu nous pardonneras de ne pas t’avoir accompagnée jusqu’au dernier chapitre. 😄
Je comprends que vous ayez décroché les filles ! Et c’est vrai que s’il n’y avait pas eu ce début un peu long, je pense que ce livre aurait été un coup de coeur, car j’ai été sincèrement touchée par le personnage de Corrag et la poésie qui se dégage du texte.
Ah c’est passé pas loin du coup de cœur, ca se joue à pas grand chose parfois. Mais c’est bien que tu aies trouvé plus d’intérêt à la deuxième partie du livre, tu as bien fait de t’accrocher. 🙂