Hot Springs Drive de Lindsay Hunter

Roman psychologique

Date de lecture : 16-17 juin 2025

Jackie et Theresa se sont rencontrées à la maternité, et ne se sont plus quittées. Au point que, lorsqu’une maison se libère dans le quartier où vit Theresa, Jackie y emménage avec sa famille. Amies, voisines, mères d’enfants du même âge, les deux femmes se comprennent et se soutiennent. Mais tout vole en éclats lorsque Jackie a une relation avec le mari de Theresa, et que cette dernière est retrouvée assassinée dans son garage. Hot Springs Drive, le lieu du drame, celui où tout se joue. Les amitiés, les amours, et ce désir violent, indomptable.

En trois actes, Lindsay Hunter va explorer toutes les facettes de cette tragédie, depuis les origines, avant la rencontre de Theresa et Jackie, jusqu’à l’après, soit les répercussions sur l’ensemble des protagonistes.

Si Theresa et Jackie sont amies, elles n’en sont pas moins très différentes. Theresa, c’est la vie presque parfaite, avec une fille unique agréable, un mari aimant, et une maison en ordre. Jackie, c’est la vie comme une tornade, la maison en vrac – pour ne pas dire sale, les quatre garçons un peu trop vivants, et le mari bedonnant. Jackie a beau faire semblant, c’est plus fort qu’elle, elle envie son amie. Une envie qui ronge, qui démange, qui obsède. Et si elle devenait comme Theresa ? Pour cela, il faudrait déjà qu’elle perde du poids, parce qu’avec ses quatre grossesses qui l’ont transformée, elle ne se sent plus désirable depuis longtemps, et ce n’est pas – plus – son mari qui lui ferait le moindre compliment.

Jackie maigrit, mais son envie est toujours là, tapie au creux de son ventre. Alors son obsession se déplace, ce désir elle le comble en couchant avec Adam, le mari de Theresa. Un désir brutal, sans amour ni passion, qui lui donne l’illusion du pouvoir, alors qu’elle en est en réalité l’esclave. Un désir aux conséquences dévastatrices.

On est ici dans une intrigue qui prend son temps, où la richesse provient de la multiplicité des points de vue et de la finesse psychologique de ces derniers. J’aime ce procédé, qui dissèque les pensées des protagonistes, leurs moindres penchants, leurs vulnérabilités. Au fil des pages, on sombre dans un univers plus glauque, obscène, et même gênant, avec cette sensation désagréable et perverse d’être des voyeurs. Rien ne nous échappe, et c’est ce qui est à la fois profondément déstabilisant et incroyablement addictif. Nous sommes les témoins privilégiés de tous ces évènements qui, mis bout à bout, vont conduire au point de non retour.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce roman n’est pas vraiment un thriller. On ne cherche pas à connaître l’identité du meurtrier – et il n’y a d’ailleurs pas d’intrigue autour de ce sujet, mais plutôt ses motivations. Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Les parties sont assez dissemblables en termes d’intérêt et de rythme. Si la première m’a oppressée, la deuxième m’a davantage touchée et pour autant, je les trouve très complémentaires.

« Hot Springs Drive » est un roman psychologique noir et profond, avec un côté brut, à vif, qui colle à la peau des protagonistes. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé l’écriture et le style de l’autrice, que je découvrais pour la première fois, mais je conçois aisément que son côté licencieux et cru puisse déranger.

Je remercie Babelio et la maison d’édition pour l’envoi de ce roman.