Chronique d’une mort annoncée de Gabriel García Márquez
Classique
Date de lecture : 9 fév. 2025
Lecture audio → Roman lu par Thierry Blanc – Roman lu dans le cadre du Prix Audiolib 2025.
« Jamais mort ne fut davantage annoncée. »
Ce matin-là, alors que le jour se lève à peine, Santiago Nasar est assassiné sur le pas de sa porte. Cette mort, tous les habitants de ce village des Caraïbes s’y attendaient. Tous, sauf la victime. C’est la chronique de cette mort annoncée que le narrateur, un journaliste originaire du lieu du drame, décide de nous raconter, vingt-sept ans après les faits.
Faisant appel aux souvenirs des habitants, le journaliste s’attache à reconstituer l’histoire de ce jour fatal, et la succession d’évènements qui ont conduit à la mort de Santiago Nasar. Une enquête étonnante, qui révèle parfois des divergences dans les témoignages, mais néanmoins un point commun, tous connaissaient l’intention des deux coupables et n’ont rien fait pour empêcher le drame.
Endossant ses habits de conteur, voici que l’homme nous emmène à l’origine de tout, à savoir la nuit de noces désastreuse d’Angela Vicario et de Bayardo San Roman. Ce dernier ayant découvert que sa toute jeune épouse n’était déjà plus vierge, la répudie, déclenchant par là-même la roue du destin.
À une époque où les questions d’honneur sont fondamentales, la disgrâce d’Angela Vicario exige réparation. Mais, quel rapport, me direz-vous, entre la mort de Santiago Nasar et le rejet vécu par cette dernière ? Eh bien, il est l’homme qu’elle désigne comme celui ayant porté atteinte à sa chasteté. C’est pourquoi ses frères, Pablo et Pedro, doivent commettre l’irréparable : tuer Santiago Nasar. « Impossible de faire autrement, lui avait-il dit. C’est comme si la chose avait déjà eu lieu. »
« Après que leur soeur eut révélé le nom, les jumeaux Vicario passèrent par la resserre de la porcherie où ils rangeaient leurs couteaux de bouchers, et choisirent les deux meilleurs : un couteau à découper, de dix pouces de long sur deux pouces et demi de large, et un couteau à dégraisser de sept pouces de long sur un pouce et demi de large. »
Les jumeaux, que toute la petite communauté connaît, bien entendu, passent les heures qui suivent la noce à clamer haut et fort à travers tout le village leur funeste dessein concernant Santiago Nasar. Pourtant, personne ne semble les prendre au sérieux, même si certains essaient de les raisonner, sans y mettre non plus toute la vigueur nécessaire. « Leur réputation de braves gens était si solide que personne ne les prit au sérieux. »
J’ai été touchée par ces deux frères, que j’ai très vite considérés comme étant eux-mêmes des victimes de la société. On fait semblant de s’offusquer de leurs paroles, mais malgré tout, on sait bien que cette mort est inéluctable. Question d’honneur, encore. Ils doivent faire ce que tout le monde attend d’eux. C’est ainsi.
Et les voilà, ces deux jeunes hommes, écrasés par le poids des traditions, qui avancent à reculons dans les heures de la nuit, espérant qu’une main bienheureuse les déleste de la lourde charge qui leur incombe. Mais la communauté reste aussi muette que passive, alors même que rien ne semble prouver que Nasar soit réellement l’auteur de “l’outrage”, ce dernier ayant tout du bouc émissaire idéal.
« Chronique d’une mort annoncée » sonne comme une tragédie, de celles qui naissent des obligations et manquements de chacun et se terminent dans la fatalité du destin. Un livre presque aussi bref qu’une nouvelle, grâce auquel j’ai enfin découvert Gabriel García Márquez, et qui s’est avéré une incursion plaisante dans l’univers de l’auteur.
Mon avis sur la version audio :
Thierry Blanc est l’un de mes narrateurs favoris, l’une de mes valeurs sûres de l’audio lecture, aussi c’est tout naturellement que j’ai commencé par ce petit livre pour ouvrir le bal de mes écoutes du Prix Audiolib. Depuis que je l’ai entendu dans « Billy Summers », je suis tombée sous le charme de sa voix, et il faut bien avouer qu’avec ce récit, il confirme à nouveau son grand talent de conteur. Il a réussi à insuffler un peu de chaleur à cette histoire tragique, et à captiver mon attention, au point que j’ai écouté ce roman d’une traite. Je suis heureuse d’avoir lu ce livre dans sa version audio, et maintenant, il me reste à poursuivre ma découverte de l’oeuvre de l’auteur, en me plongeant dans « L’Amour aux temps du choléra », lu par Féodor Atkine.
Et comme les mots peuvent sembler parfois bien fades, rien de mieux que d’écouter un extrait pour se faire un avis.
Infos & Quatrième de couverture

Chronique d’une mort annoncée de Gabriel García Márquez
Éditeur : Audiolib – Parution : 15/01/2025 – 3h18min – ISBN: 9791035416744 – Lu par Thierry Blanc – Titre original : Crónica de una muerte anunciada – Traduction : Claude Couffon.
Ce jeune homme qui rentre à l’issue d’une nuit blanche passée avec les derniers fêtards d’un mariage ignore, en regagnant sa demeure, que le destin l’attend et qu’il mourra poignardé. Pourtant tout le monde le sait et Santiago Nasar, livré à ses bourreaux avec l’assentiment collectif, sera la victime de ce crime d’honneur.
Qu’il soit ou non coupable, il n’échappera pas à cette mort annoncée. Car la mariée n’était plus vierge. Honteusement répudiée, et sommée par ses frères de nommer le coupable, elle a désigné Santiago Nasar.
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J’ai découvert l’auteur avec « Cent ans de solitude » qui avait été un véritable coup de cœur ! Du coup j’ai lu quelques autres romans que j’ai plus ou moins aimés. Celui-ci serait plutôt moins… Mais c’est un excellent auteur ! Merci pour ta chronique qui me replonge dans son univers…
J’ai presque honte de ne toujours pas avoir lu l’auteur. Quant à ces drames sous couvert de traditions, il est triste de penser qu’ils sont encore d’actualité… Alors ce roman semble intéressant notamment pour se plonger dans les coulisses d’un drame annoncé.
C’est un auteur que j’apprécie beaucoup. Je n’ai encore jamais essayé de livres en version audio. C’est à tenter ! Merci Caroline pour ce retour 🙂
C’est un auteur dont j’ai lu quelques livres jadis, j’avais surtout aimé « Cent ans de solitude » mais n’ai gardé aucun souvenirs de ses autres ouvrages.
Merci pour ta chronique, si je trouve ce roman en audio, peut-être rafraîchirai-je ma mémoire ?
Il y a encore peu, je ne savais pas qui était l’auteur de ce texte. C’est en lisant « Cent ans de solitude » que j’ai appris que Marquez avait écrit cette « chronique d’une mort annoncée ». Comme quoi, on en apprend tous les jours.
Merci Caroline pour cet avis, qui me donne envie de faire une nouvelle rencontre avec le monde si étrange de Marquez.
J’ai lu ce roman il y a bien longtemps maintenant, et je me souviens en être ressortie quelque peu déçue pour ma part. Malgré tout, je me laisserais bien tenter par une seconde lecture, mais en version audio. Peut-être ma perspective pourrait changer. Merci pour cet avis, Caroline. 💝