Dernière nuit à Twisted River de John Irving

Date de lecture : 22-27 nov. 2025

« À présent, nul ne savait ce qu’il adviendrait du village fort peu florissant de Twisted River, situé entre le bassin et les étangs de Dummer. Les ouvriers de la scierie y vivaient avec leurs familles, et les propriétaires entretenaient des foyers à l’usage des travailleurs itinérants, canadiens français, où vivaient aussi la plupart des flotteurs de bois et des bûcherons. La compagnie octroyait en outre une cuisine mieux équipée et une vraie salle à manger au cuisinier et à son fils. Mais pour combien de temps encore ? Le propriétaire lui-même n’en savait rien. »
Ces derniers temps, je ne sais plus comment écrire mes chroniques. Je n’arrive plus à réfléchir, détailler, expliquer, et pourtant, je suis toujours autant habitée par ce que je lis et ce que je ressens. Dès que j’ai terminé ce roman, j’ai su qu’il fallait que je vous en parle, peu importe comment, peu importe que mes mots soient comme des feux follets indomptables.
J’adore les pavés, car ce sont souvent avec les livres les plus longs que j’ai le plus de plaisir de lecture. J’aime qu’on prenne le temps de m’installer un décor, de me présenter en détail des personnages, et c’est exactement ce que j’ai trouvé ici.
Je serais bien incapable de résumer Dernière nuit à Twisted River, puisque c’est une histoire de vie(s). Je peux simplement vous dire que le récit commence dans un camp de bûcherons du New Hampshire avec trois protagonistes, Dominic Baciagalupo et son fils Daniel, et leur ami Ketchum. Pour la suite, c’est un peu comme une épopée, dans laquelle on va traverser des états et des saisons, rencontrer des personnes formidables et d’autres un peu moins, vivre de beaux moments et d’autres un peu moins.
Il y a des histoires d’ours et de poêle (l’ustensile), de baiser de loup, de géante buveuse de bière (par packs de six), de patte folle, de « Do-si-do » sur la glace, de femme qui « Tombe du Ciel », de rondeurs et d’amour. Mais surtout, c’est une histoire de famille, d’amitié et de loyauté, et, en arrière-plan, une menace qui plane, de celles qui conduisent à une fuite en avant perpétuelle. Mais toute fuite doit avoir une fin.
Le récit se déroule sur plusieurs décennies, si bien que les protagonistes, au fil des pages et des années qui défilent, deviennent comme de vieux amis. Des compagnons de route qu’on n’a plus envie de quitter, parce qu’ils font partie de notre quotidien depuis plusieurs jours et qu’on s’est attachés à eux, indiscutablement. Ah, que cela a été difficile de refermer la dernière page de ce roman !
Et puis, il y a l’écriture. Je ne suis pas critique littéraire, et je n’y connais rien en matière de style, si bien que je ne m’avance jamais sur ce terrain-là dans mes chroniques. Sauf quand je suis émotionnellement retournée par une écriture. C’est le cas avec Laurent Mauvignier, Maylis de Kerangal, Sorj Chalandon et désormais John Irving. J’aime tellement ses longues phrases, sa façon de les ponctuer, d’inclure les dialogues avec tellement de naturel qu’on a l’impression de suivre un véritable échange. J’aime ces petites ellipses qui laissent place à l’imagination. Ce n’est parfois pas écrit, mais on sait ce qui ce passe entre deux phrases, entre deux réflexions.
Dernière nuit à Twisted River est un livre romanesque et passionnant. C’était mon premier roman de John Irving, et, une chose est sûre, ça ne sera pas le dernier. Après plusieurs jours de réflexion, je confirme que c’est un coup de coeur, l’une de mes meilleures lectures de l’année 2025.
Lecture n°40 du Pumpkin Autumn Challenge organisé par Guimause Terrier. 🍂 Menu Automne Extraordinaire, Catégorie Chaudron, Foudre, et Clair de lune (Famille)🍂
Pal : -1

Infos & Quatrième de couverture

Dernière nuit à Twisted River de John Irving
Éditeur : Points – Parution : 03/05/2012 – 696 pages – ISBN: 9782757826591.
Également disponible : 📕 En grand format chez Seuil, 2007 ; 🎧 En audio chez Thélème, 2012.
A Twisted River circulent des histoires… Celles que les bûcherons racontent dans la chaleur du camp, peuplées d’ours et de sensuelles Indiennes. Et celles qu’ils taisent, comme cette nuit glacée qui a vu la fuite de Dominic et de son fils, après le meurtre accidentel de la maîtresse du shérif. En cavale à travers l’Amérique, ils tentent de semer leur passé. Mais peut-on oublier Twisted River ?
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Une très belle chronique où finalement tu as su trouver les mots et qui donne envie de découvrir ce livre, je note.
J’ai déjà entendu parlé de cet auteur, mais je ne l’ai jamais lu.
J’ai lu un roman de l’auteur il y a des décennies, je note celui-ci tu me donnes envie de le découvrir. Bonne semaine